Mahfoud Kaoubi: « Il faut une refonte de la gestion administrative »
Comme à son accoutumée, le rapport de la Cour des comptes met en évidence les insuffisances et les lacunes de fonctionnement des différents secteurs de notre pays. À ce sujet, l’analyste économique et financier Mahfoud Kaoubi, qui était invité hier sur les ondes de la radio nationale, est revenu en détail sur le dernier rapport de la Cour des comptes, en analysant ses conclusions et ses recommandations.
Pour l’expert, et suite à l’analyse du rapport, celui-ci appelle à une refonte du système de gestion en remplaçant les « objectifs économiques » par une gestion administrative plus efficace, tout en insistant sur une meilleure gestion des ressources humaines et sur la nécessité d’une formation continue. Kaoubi met en relief le manque de coordination entre les différents secteurs, ajouté au manque d’informations. Pour cet expert, il ne fait aucun doute que l’absence d’obligation de résultats est un facteur qui concourt à la révision de nos méthodes de gestion, en particulier à cause de la dichotomie qui existe entre la prise de décision et son application.
Cela est dû, insiste l’intervenant, au dysfonctionnement de l’exécution des lois et à leur application, car la logique de l’administration algérienne et des entreprises est en décalage par rapport à la logique de gestion. Ce décalage a conduit les pouvoirs publics à opter pour la loi de 2018 qui introduit cette logique de gestion.
Il précise qu’entre une loi et les comportements, il y a tout un travail à faire pour se conformer à la logique de fonctionnement. « D’ailleurs, la Cour des comptes demande de pallier ces insuffisances organisationnelles et de fonctionnement ainsi qu’au modèle d’utilisation des moyens », explique-t-il.
S’agissant de l’éducation et du développement durable, l’Algérie est bien classée en matière de couverture et d’égalité des sexes, entre autres. « Mais si l’on devient exigeant, cela reste assez faible en comparaison avec certains pays arabes ou des pays développés », affirme-t-il. Pour lui, il est évident qu’il faut revoir à la base notre système d’apprentissage, particulièrement pour les mathématiques et les langues. En comparaison, la durée annuelle moyenne d’enseignement primaire dans le monde et en Europe varie de 36 à 38 semaines, respectivement.
En ce qui concerne l’enseignement des mathématiques, le volume horaire consacré à cette matière en Algérie est de 720 heures, tandis qu’il est de 960 heures en Tunisie et de 900 heures en France.
Quant aux langues, d’après les évaluations réalisées par le ministère de l’Éducation sur les acquis des élèves entre 2012 et 2016, la majorité des élèves sont capables de lire, comprendre, identifier des indices, organiser des événements dans un contexte narratif et appliquer des règles dans des situations simples. Toutefois, ils rencontrent des difficultés pour rechercher des informations implicites dans les textes.
La production de textes en arabe et en français représente également un obstacle majeur pour les élèves, l’arabe, langue de l’enseignement, étant essentiel pour comprendre les autres matières, y compris les langues étrangères enseignées.
S’agissant du tourisme, Kaoubi rejoint les conclusions du rapport de la Cour des comptes et affirme que les réalisations restent faibles. Sur les 249 Zones d’Extension Touristique (ZET) programmées, aucune n’a été aménagée à 100%, et cela est encore une fois dû aux incohérences organisationnelles tant en aval qu’en amont, aggravées par le fait que, s’il y a des investissements, ils se font en dehors de ces zones. Quant à la gestion des investissements, il préconise une révision fondamentale des procédures et une meilleure connaissance des opérations.
Par Réda Hadi