Marché mondial du gaz: L’Algérie consolide sa position parmi les principaux fournisseurs
Face aux tensions qui secouent le marché mondial du gaz, l’Algérie consolide progressivement sa position parmi les principaux fournisseurs, aux côtés de grandes puissances comme le Qatar. Dans ses déclarations à la plateforme spécialisée « Attaqa.net », Andrea Stegher, vice-président de l’Union Internationale du Gaz (IGU), a indiqué que cinq pays arabes, dont l’Algérie, jouent un rôle déterminant dans l’approvisionnement énergétique international.
Depuis la fin de l’accord de transit du gaz russe via l’Ukraine début 2025, l’Europe fait face à une nouvelle vague de turbulences énergétiques. Les prix du gaz sur le continent ont franchi la barre des 60 dollars par mégawattheure, un niveau inédit depuis deux ans. Dans ce contexte de crise, la diversification des sources d’approvisionnement devient cruciale. L’Algérie se positionne alors comme un partenaire stratégique de plus en plus incontournable. Andrea Stegher, intervenant lors du salon EgyptPetroleum Show (EGYPS 2025), a souligné que « la flexibilité du marché gazier mondial permet d’atténuer les chocs, comme en témoigne la redirection récente de cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL) d’Asie vers l’Europe. » Cependant, il a également mis en garde contre l’instabilité persistante et la nécessité de nouvelles stratégies d’investissement pour sécuriser l’approvisionnement.
Longtemps éclipsée par le Qatar, l’Algérie s’impose désormais comme un acteur majeur du marché du gaz. « L’Algérie dispose d’un réseau de pipelines performant et est devenue un exportateur clé de GNL ces dernières années », a affirmé Stegher. Grâce à ses infrastructures solides, comme le gazoduc Medgaz, reliant directement l’Algérie à l’Espagne, et le Transmed à destination de l’Italie, le pays joue un rôle essentiel dans la sécurité énergétique de l’Europe. Avec la montée en puissance de nouveaux acteurs arabes tels que l’Arabie saoudite, Oman et les Émirats arabes unis, le marché gazier régional se redessine. Toutefois, malgré cet essor, Stegher reste prudent : « Les exportations arabes, bien qu’importantes, ne suffiront pas à elles seules à combler le déficit énergétique européen. Il est impératif de diversifier les sources d’approvisionnement. »
L’expert insiste sur la nécessité d’investir davantage dans la chaîne de valeur du gaz, en particulier dans le développement des infrastructures de liquéfaction et la modernisation des réseaux de distribution. « L’essor du marché gazier dépendra de la capacité des pays producteurs à renforcer leur compétitivité et à répondre aux exigences d’un marché en constante évolution », a-t-il précisé. Alors que l’Europe s’efforce d’assurer son approvisionnement pour l’hiver prochain, l’Algérie pourrait tirer parti de cette conjoncture pour consolider sa position sur la scène énergétique mondiale. Cependant, cela nécessitera une vision stratégique à long terme, alliant diversification des partenaires, modernisation des infrastructures et adaptation aux nouvelles exigences environnementales.
Dans un monde où la sécurité énergétique devient un enjeu de plus en plus complexe, l’Algérie se trouve à un tournant décisif. Elle doit saisir cette opportunité pour renforcer son influence, ou risquer de voir d’autres acteurs émergents lui ravir sa position.
Par M. A.