Promotion des exportations hors hydrocarbures: Une nouvelle réglementation de change en préparation
Le paysage économique international évolue rapidement, marqué par une mondialisation accrue, des changements dans les chaînes d’approvisionnement et une intensification de la concurrence sur les marchés globaux. Dans ce contexte dynamique, l’Algérie ajuste ses ambitions en matière d’exportation et d’investissement pour se positionner comme un acteur clé du commerce international.
Le pays se fixe des objectifs ambitieux, visant à diversifier ses exportations et à renforcer sa présence dans des marchés stratégiques, notamment en Afrique. Cette transformation est également guidée par des réformes cruciales destinées à moderniser le cadre réglementaire et à stimuler les investissements étrangers, tout en répondant aux défis actuels et en capitalisant sur les opportunités émergentes dans l’économie mondiale. Ali Bey Nasri, consultant en export et vice-président de l’ANEXAL, a dévoilé dans son analyse à la radio nationale les réformes nécessaires pour adapter le cadre réglementaire et dynamiser la présence internationale des entreprises algériennes.
Intervenant sur les ondes de la «Chaîne III », Ali Bey Nasri a soulevé les enjeux majeurs de la politique algérienne pour booster les exportations, notamment la clarification des règlements de change, la révision des articles pertinents et les initiatives stratégiques en Afrique, tout en mettant en lumière les objectifs ambitieux fixés pour 2030. Il a d’abord évoqué le règlement de change en vigueur depuis 2004 et amendé en 2014, qui présente des ambiguïtés importantes, notamment en ce qui concerne la distinction entre investissements et bureaux de représentation. Il est essentiel de clarifier cette séparation pour permettre aux entreprises algériennes de gagner en visibilité internationale sans être soumises aux mêmes contraintes que les investissements directs.
Il a également mis en avant la nécessité de réviser les articles du règlement, notamment les articles 2 et 3, pour refléter cette distinction. Actuellement, les bureaux de représentation, souvent perçus comme ayant un caractère commercial, sont confondus avec les investissements, ce qui crée une confusion et freine l’internationalisation des entreprises algériennes. Un bureau de représentation n’a pas de caractère commercial et doit être différencié des investissements qui impliquent des transferts significatifs de devises.
« Il est crucial de clarifier la distinction entre les bureaux de représentation et les investissements. La confusion vient des représentations commerciales d’Air Algérie et CNAN, ce qui est atypique puisque les bureaux de liaison ne sont pas censés être commerciaux. Le bureau de représentation est un préalable à l’investissement, permettant d’observer le marché et de recruter avant de s’engager pleinement », a-t-il expliqué.
S’agissant des comptes exportateurs, Nasri a proposé d’utiliser ces fonds pour soutenir les investissements à l’étranger, notamment en Afrique, afin de construire des réseaux commerciaux solides. Cela permettrait non seulement d’améliorer la présence internationale des entreprises algériennes, mais aussi de faire face à une concurrence accrue sur les marchés mondiaux. Il a également mentionné que ces comptes représentent 20% des exportations et sont encore laissés à l’initiative des exportateurs.
Dans le cadre de cette stratégie, l’expert a indiqué que l’expansion bancaire est cruciale. La création de banques au Sénégal et en Mauritanie, ainsi que les projets d’expansion au Cameroun et en Côte d’Ivoire, visent à faciliter les transactions et à renforcer l’internationalisation des entreprises algériennes. Cependant, il est important de noter que ces banques ne couvriront pas directement les activités des opérateurs économiques ; ces derniers devront ouvrir des comptes et générer des chiffres d’affaires domiciliés dans ces institutions financières. « L’application des orientations présidentielles a conduit à la création de deux banques à l’étranger : Algeria Bank au Sénégal (ABS) et Union Bank en Mauritanie (UBM), avec des projets d’expansion au Cameroun et en Côte d’Ivoire. Ces banques sont prêtes à accueillir les entreprises algériennes, mais elles ne couvriront pas les activités des opérateurs économiques ; ceux-ci ouvriront des comptes et généreront des chiffres d’affaires dans ces banques. La mise à jour du règlement 14/04 est nécessaire pour clarifier les rôles de l’État, des banques et des opérateurs économiques, face à une concurrence sévère et une offre limitée de produits exportables en Afrique », a-t-il assuré. Nasri a souligné également l’importance de la présence active dans la Zone de Libre-Échange Africaine (ZLECAF) pour ne pas céder le marché aux concurrents internationaux. Les objectifs fixés pour 2030, avec une cible ambitieuse de 29 milliards de dollars d’exportations, nécessitent un développement stratégique des filières minérales, pharmaceutiques et céramiques. Il est crucial que l’Algérie identifie et développe ces secteurs pour renforcer sa compétitivité sur le marché international.
Par Mourad A.