22/06/2025
ACTUALITENATIONAL

Régularisation de la situation des jeunes activant dans le commerce du cabas: La décision du président Tebboune saluée

La décision prise par le président de la République de régulariser l’activité des micro-importateurs activant dans le commerce dit « Cabas», suscite un accueil favorable et soulève de nombreuses attentes. L’instruction donnée lors du dernier Conseil des ministres vise à formaliser une activité jusque-là confinée dans l’informel, mais essentielle à l’approvisionnement des marchés et à la survie de milliers de petits commerçants.

S’exprimant sur la « Chaîne III » de la radio nationale, Mahfoud Kaoubi, analyste économique et financier, a qualifié cette décision à la fois opportune et nécessaire : « C’est une réponse à une revendication sociale majeure. Ces petits commerçants ont été muselés, pour ne pas dire marginalisés, par des mesures drastiques appliquées au niveau des ports et aéroports depuis l’année dernière », a-t-il souligné. Cette activité informelle a en effet fait l’objet de restrictions sévères, entraînant une frustration croissante chez les petits importateurs, dont le nombre important reflète à la fois le poids économique et l’ancrage social du phénomène.

La régularisation passera par le statut d’auto-entrepreneur, déjà adopté par 30 000 jeunes à ce jour. Pour M. Kaoubi, cela pourrait permettre une inclusion rapide de milliers d’agents économiques informels dans le circuit formel : « À très court terme, cette régularisation apportera un apaisement social. Mais il faut aussi se poser la question de fond : est-ce de l’auto-entrepreneuriat ou simplement de la revente en l’état ? » Au-delà de la dimension sociale, la régularisation des commerçants du «cabas» renvoie à des problèmes structurels non résolus, notamment celui de la dualité des marchés et du taux de change. Le différentiel entre le taux officiel et celui du marché parallèle atteint aujourd’hui 80 %, une distorsion qui favorise les pratiques de surfacturation et désormais, selon M. Kaoubi, de sous-facturation. « Le cœur du problème reste la dualité du taux de change. Tant qu’elle persiste, on ne pourra pas régler durablement la dualité des marchés, ni absorber véritablement l’informel », a-t-il martelé.  À ce titre, il a proposé une solution transitoire : instaurer un taux officiel bis, aligné sur le taux parallèle (autour de 260 dinars/dollar), notamment pour les importations de produits dits non essentiels comme les véhicules. La régularisation des micro-importateurs constitue sans conteste une avancée politique majeure, saluée comme telle. Mais pour Mahfoud Kaoubi, elle ne portera ses fruits que si elle s’inscrit dans une réforme plus large, combinant unification du taux de change, organisation des marchés, réforme du commerce extérieur et modernisation des outils de gestion publique : « Si on continue à utiliser les mêmes remèdes pour les mêmes pathologies, on reviendra toujours à la case départ. Il est temps de traiter les vraies causes et non uniquement les symptômes ».

L’ANCA soutient pleinement l’initiative présidentielle

Pour sa part, l’Association nationale des commerçants et artisans algériens (ANCA) a salué cette décision présidentielle, estimant qu’elle constitue une avancée majeure : « La décision du président de la République de régulariser la situation des importateurs non déclarés (cabas), de définir les mécanismes encadrant leur activité et d’établir une liste des produits autorisés à l’importation, leur garantira un revenu légal et stable, les protégera des sanctions et des saisies, tout en contribuant à la réduction de l’économie parallèle qui vide les caisses de l’État, freine l’investissement et fausse les règles de la concurrence loyale ».

L’association estime également que cette mesure est de nature à inciter la jeunesse à s’impliquer dans l’économie formelle, notamment via le statut d’auto-entrepreneur, les TPE et les start-ups. Elle appelle en outre les collectivités locales à valoriser les locaux fermés et les espaces abandonnés, afin de les mettre à la disposition des jeunes souhaitant exercer une activité commerciale ou artisanale dans un cadre légal. «Cela leur permettrait d’échapper au chômage, de s’éloigner des fléaux sociaux et de contribuer au développement local, qui reste la base du développement économique national», a souligné l’ANCA.

Par Mourad A.

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