Réhabilitation des routes, métro, téléphérique… Un plan intégré pour désengorger Alger
Face à l’urbanisation croissante et à la saturation des axes routiers, l’Algérie accélère la mise en œuvre d’une stratégie nationale de modernisation de ses infrastructures de transport, notamment dans les grandes villes comme Alger. De nombreux projets y sont en cours de réalisation afin de désengorger la capitale, a indiqué Ismaïl Rabhi, directeur général des Infrastructures de base au ministère des Travaux publics et des Infrastructures de base.

Il a précisé qu’une stratégie multimodale est en cours de mise en œuvre, articulée autour de la réhabilitation des routes, du développement du métro, du téléphérique et de la logistique urbaine.
« La capitale dispose désormais d’un plan de réhabilitation spécifique, approuvé et récemment relancé par le Conseil des ministres », a-t-il affirmé lors de son passage à l’émission Forum de la Radio nationale Chaîne I.
Ce programme, qui vise à fluidifier le trafic et à améliorer la connectivité, comprend le doublement des grands axes, la création de nouvelles voies et la mise en place de carrefours sécurisés, notamment par la réalisation de tunnels, d’échangeurs et de ponts.
Parmi les projets phares figurent notamment la nouvelle rocade sud d’Alger ; des pénétrantes urbaines comme celle du 5-Juillet, contournant Dar El Beïda et Achour pour rejoindre Bab Ezzouar ainsi qu’un corridor côtier à 2×2 voies reliant El Harrach à Tamenfoust, destiné à désengorger la façade est de la capitale.
Des résultats concrets ont déjà été enregistrés, mais à eux seuls, ces projets ne sauraient résoudre l’ensemble des problématiques liées au transport dans les grandes agglomérations, a-t-il souligné, en insistant sur la nécessité de développer davantage les modes de transport alternatifs, notamment le métro et le téléphérique.
« Il est impératif de compléter cette approche par la modernisation et le développement du réseau routier, mais aussi par l’introduction de nouvelles formes de mobilité. À ce titre, le métro constitue une solution efficace. Il a prouvé son utilité, notamment avec l’extension récente de la ligne vers l’aéroport d’Alger et Baraki », a-t-il précisé.
Le téléphérique fait également partie des options envisagées. Des projets sont à l’étude pour créer de nouvelles lignes ou améliorer les lignes existantes dans des zones en altitude, comme Bouzaréah, El Madania ou El Harrach.
« Ces projets, encore à l’étude, visent à proposer des solutions concrètes pour les zones fortement congestionnées », a-t-il ajouté. Rabhi a également insisté sur l’importance de généraliser le doublement des routes, une solution jugée efficace, qui devrait être étendue à d’autres villes que la capitale pour améliorer la circulation et soutenir le développement régional.
Pour sa part, Saïd Si Chaïb, directeur général de l’Algérienne des Autoroutes, a affirmé que la modernisation d’Alger s’inscrit dans une politique nationale globale de transformation des infrastructures.
Depuis l’indépendance, le réseau routier est passé de 80 000 km (dont seulement 24 % revêtus) à plus de 145 000 km aujourd’hui, comprenant près de 12 000 ouvrages d’art, faisant de l’Algérie la deuxième puissance routière du continent africain.

Le plan directeur des autoroutes (2005–2025) intègre plusieurs projets majeurs, parmi lesquels l’autoroute Est-Ouest ; les pénétrantes portuaires ; la rocade sud d’Alger et l’autoroute des Hauts Plateaux.
Préserver les infrastructures
Face à la dégradation accélérée de certaines portions de l’autoroute Est-Ouest, en particulier en raison de la surcharge provoquée par les poids lourds, l’État a mobilisé plus de 12 milliards de dinars entre 2015 et 2025 pour la réhabilitation des tronçons les plus touchés, notamment dans les wilayas de Blida et d’Alger. Dans ce même cadre, et pour garantir la sécurité routière et la fluidité du trafic, « nous avons lancé des études techniques approfondies sur l’ensemble du tracé de l’autoroute Est-Ouest (soit 926 kilomètres), afin d’identifier avec précision les causes des dégradations et de proposer des solutions de maintenance ciblées et efficaces », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, pour renforcer la liaison entre le réseau routier et les ports, le directeur général a indiqué que l’Algérie œuvre à la réalisation de connexions stratégiques vers les ports et les grands centres urbains.
Parmi ces projets : la pénétrante du port de Djendjen (wilaya de Jijel), longue de 110 km, dont 27 km ont déjà été réceptionnés, la route reliant le port de Béjaïa à l’autoroute Est-Ouest, dont il ne reste plus que 16 km à achever.
Ces projets s’intègrent dans un programme à la fois économique, social et touristique, visant à connecter l’autoroute Est-Ouest à huit ports : Skikda, Djendjen, Béjaïa, Ténès, Mostaganem, Oran, Ghazaouet et Cherchell, ainsi qu’à des accès urbains vers Tizi Ouzou, Batna, Mascara et Guelma.
L’ambition du gouvernement est claire : relier ports, aéroports, zones industrielles et pôles urbains à un réseau national intégré, combinant route, rail, métro et transport aérien léger.
La route transsaharienne, qui reliera Alger à Lagos via le Niger et le Mali, incarne cette vision d’intégration continentale. Elle sera accompagnée de zones franches, comme à Tindouf, et de ports secs destinés à faciliter le transit multimodal des marchandises.
Par Sirine R