15/05/2025
ACTUNATIONAL

Santé: Plaidoyer pour la révision du régime indemnitaire des hospitalo-universitaires

Depuis 2008, le régime indemnitaire des enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires n’a fait l’objet d’aucune révision, alimentant un profond sentiment d’injustice au sein de cette corporation. Lors de son intervention sur la radio nationale, le professeur Rachid Belhadj, président du Syndicat national des enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires, a ravivé cette revendication, devenue centrale pour la profession. Bien que le statut de ces praticiens ait été actualisé en 2024, la question essentielle de la revalorisation salariale demeure toujours sans réponse.

Ce corps, qui regroupe environ 6 000 enseignants hospitalo-universitaires en activité, se distingue par sa double mission : soignante et académique. Présents aussi bien dans les hôpitaux que dans les amphithéâtres, ces professionnels assurent la prise en charge des patients, la formation médicale des futurs médecins ainsi que la recherche scientifique. « Nous recevons les meilleurs étudiants du pays, certains avec un bac à 16,5. Cette élite doit être protégée, encouragée, et surtout considérée à la hauteur de son rôle », a martelé le professeur Belhadj. Pourtant, en dépit de cette contribution essentielle à la santé publique et à l’enseignement supérieur, ces enseignants-chercheurs continuent d’assumer bénévolement certaines tâches pédagogiques, telles que les corrections d’examen, la surveillance ou encore la participation aux jurys. Une situation jugée par le syndicat « injuste et démotivante ».

La récente adoption d’un nouveau statut est néanmoins perçue comme une avancée. Elle a notamment permis la création de postes supérieurs (chefs de service, chefs d’unité) désormais rattachés à l’enseignement supérieur, et non plus exclusivement au secteur de la santé. D’après les données syndicales, près de 2 800 postes sont actuellement pourvus. Mais cette amélioration statutaire, aussi significative soit-elle, ne saurait compenser l’absence d’une révision du régime indemnitaire. « Tous les autres corps de la santé ont vu leur régime revalorisé, sauf nous. Ce gel de près de 17 ans est incompréhensible », a déploré Belhadj.

Parmi les inquiétudes majeures évoquées figure le risque d’un exode massif des compétences vers le secteur privé ou vers l’étranger. Pour y faire face, le syndicat plaide en faveur de l’instauration rapide d’une activité lucrative encadrée. Celle-ci permettrait aux enseignants de travailler dans des créneaux bien définis, (week-ends, jours fériés, ou après 16h), tout en respectant des obligations fiscales et éthiques strictes. Belhadj a également insisté sur la nécessité de valoriser les professionnels engagés dans le service public, et de sanctionner ceux qui le désertent. « Il est anormal que celui qui publie, qui forme et qui soigne soit traité de la même manière que celui qui passe son temps dans le privé », a-t-il dénoncé.

Le syndicat propose en outre la création d’une fonction publique hospitalière autonome, spécifiquement adaptée aux réalités du travail hospitalo-universitaire, en particulier dans les régions du Sud. « Si l’on veut envoyer des enseignants et des spécialistes dans ces régions, il faut prévoir une rémunération à la hauteur des contraintes », a-t-il souligné. Malgré plusieurs réunions techniques et un dialogue jugé constructif avec les ministères concernés, le syndicat regrette l’inaction persistante. « Nous ne voulons plus de procès-verbaux de réunion sans suite. Ce que nous demandons, c’est un engagement politique fort, une reconnaissance réelle, pas seulement symbolique », a conclu Belhadj.

Par Mourad A.

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