Sécurité alimentaire: Mieux produire et anticiper les crises
Le niveau de notre production agricole, est en nette progression. Cela, n’implique en rien une protection alimentaire, si des paramètres exogènes ne sont pas pris en compte. Et s’est d’autant plus vrai, que nous subissons des changements climatiques, aptes à rendre caduques tous nos efforts en la matière, ainsi que les configurations géopolitiques mondiales, qui alliées à des positions de certains pays dans les questions environnementales. La sécurité alimentaire et devenue prioritaire, aussi bien du point de vue mondial que national.
L’avis du professeur Ali Daoudi agroéconomiste et enseignant-chercheur à l’École supérieure d’agronomie, qui s’est exprimé chez nos confrères, est partagé par nombre de spécialistes, tant agronomes qu’économistes. En effet, celui-ci assure qu’il faut anticiper les crises à venir pour assurer notre sécurité alimentaire. Pour l’expert la sécurité alimentaire est l’un des défis majeurs de notre siècle.
Selon lui, le changement climatique, les bouleversements géopolitiques, les pandémies et la tendance des plus gros producteurs à réduire l’utilisation de produits chimiques dans l’agriculture menacent de perturber considérablement le marché mondial.
Effectivement en matière d’approvisionnement de pesticides et de fongicides, l’Algérie est dépendante de ses approvisionnements à partir de l’Europe. Or cette union va interdire totalement la production de ces produits au plus tard en 2030. Et ceci impactera obligatoirement notre manière de produire. Le professeur insiste sur la nécessité de placer la sécurité alimentaire au cœur des stratégies de développement national.
«La sécurité alimentaire consiste à se donner les moyens de produire, de stocker et de stabiliser l’approvisionnement dans le temps», explique-t-il, tout en appelant à surveiller le bon fonctionnement du secteur agricole et à anticiper les crises.
Et d’expliquer que ce n’est pas la 1 ere crise que nous connaissons, et on ne peut y faire face qu’en constituant des stocks pour les mois à venir. Pour lui, la question de la sécurité alimentaire ne peut pas se résumer à la simple question de rendement, même si cela est important. De nos jours, on s’aperçoit que produire est susceptible d’être menacé par un ensemble de paramètres, que l’on doit prendre en considération. Tant en amont qu’en aval. Convaincu que l’agriculture constitue un atout de puissance pour les nations, M Daoudi recommande le renforcement des connaissances agricoles afin de mieux maîtriser les phénomènes climatiques, en impliquant les agriculteurs qui sont les véritables acteurs du secteur. Il suggère également de leur apporter un soutien financier permanent pour les aider à faire face aux aléas climatiques.
Mme T Sihem, ingénieur agronome estime quant à elle que les facteurs de l’insécurité alimentaire sont multiples. Les conflits, le changement climatique, le manque d’accès à l’eau potable, la pauvreté liée aux chocs économiques et aux inégalités ainsi que des mauvaises politiques agricoles et alimentaires.
En ce qui peut concerne l’Algérie, cette agronome, préconise plus de formation de nos agriculteurs, aux dernières techniques agricoles. Pour elle, les changements climatiques participent eux-aussi à la destruction des surfaces agricoles. Les sécheresses, les inondations, les invasions de criquets, les tempêtes, détruisent les cultures et menacent l’agriculture. Dans ce contexte, pour elle, un plan de résilience agricole et alimentaire ne serait pas fortuit, pour préserver la sécurité alimentaire.
Et ce par des mesures agricoles qui doivent permettre aux acteurs économiques des filières agricoles, agroalimentaires et forestières de faire face aux surenchérissements des engrais, énergies, alimentations animales.
Par Réda Hadi