15/02/2025
ACTUALITENATIONAL

SNTF: Vers un réseau ferroviaire plus performant

Le transport ferroviaire en Algérie est en pleine transformation. En effet, l’État a alloué une enveloppe de 41 milliards de dinars pour la période 2023-2024, suivie de 17 milliards de dinars supplémentaires en 2025. Ces investissements témoignent de la volonté claire de moderniser un réseau vieillissant, afin d’en faire un levier essentiel pour le développement économique et territorial. C’est ce qu’a souligné Adj Bouaouni, directeur général de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF). Ces fonds permettront de rénover 4 700 km de voies ferrées et d’étendre le réseau vers le Grand Sud, avec pour objectif ambitieux de relier Tamanrasset et de désenclaver les régions isolées.

Actuellement, 50 % des infrastructures ferroviaires du pays ont plus de 30 ans. La vétusté de ce réseau impacte directement la qualité du service, comme l’a précisé Adj Bouaouni lors de son intervention dans un média privé ‘’Echorouk News’’. « Retards fréquents, limitations de vitesse et incidents techniques freinent le développement du rail et pénalisent les usagers », a-t-il déclaré. Consciente de ces défis, la SNTF a lancé un vaste programme de modernisation. Cette opération nécessitera une réduction temporaire de 50 % du nombre de trains en circulation afin de permettre la réalisation des travaux sans compromettre totalement l’exploitation des lignes. Bien que cette phase de transition engendre des désagréments pour les usagers, elle est indispensable pour garantir un service de meilleure qualité à l’avenir.

Au-delà de la rénovation du réseau existant, l’extension ferroviaire vers le Grand Sud représente un enjeu stratégique majeur. Comme l’a précisé Adj Bouaouni, le gouvernement ambitionne de relier Tamanrasset au réseau national. Ce projet vise à désenclaver les régions sahariennes et à stimuler leur développement économique. « L’ouverture de nouvelles lignes ferroviaires facilitera le transport des marchandises, notamment les matières premières provenant des mines du Sud, et offrira une alternative plus rapide et moins coûteuse que les longs trajets routiers », a-t-il ajouté. Ce projet s’inscrit également dans une démarche écologique visant à réduire la dépendance au transport routier et ses impacts environnementaux.

La modernisation du rail ne se limite pas aux infrastructures. Elle concerne également l’amélioration des services aux passagers. «Le projet prévoit la rénovation de 87 gares, l’installation d’un système de billetterie électronique, ainsi que le déploiement de nouvelles rames modernes et plus confortables», a révélé Adj Bouaouni. En parallèle, la SNTF prévoit l’acquisition de 400 nouvelles voitures voyageurs et de 600 locomotives, avec un budget global de 370 milliards de dinars, dont 138 milliards de dinars ont déjà été débloqués pour une première phase. «Une partie de cet investissement pourrait être consacrée au développement d’une industrie ferroviaire locale, via un partenariat avec un acteur étranger dans le cadre d’une joint-venture (51 % Algérie – 49 % partenaire) », a-t-il précisé.

Simultanément, l’État mise sur une meilleure rentabilité du réseau en intensifiant le transport de marchandises, qui a atteint 6,6 millions de tonnes en 2024, avec l’ambition de franchir la barre des 100 millions de tonnes par an d’ici 2040. Adj Bouaouni a également évoqué l’expansion de nouvelles lignes stratégiques, notamment la liaison Annaba-Tunis, dont la demande est en forte croissance. L’objectif est d’optimiser l’inter-modalité, en introduisant un billet unique qui permettra aux passagers d’utiliser plusieurs modes de transport (train, métro, tramway et bus) avec un seul titre de voyage.

Si ces projets illustrent une volonté politique forte, leur réussite dépend de plusieurs facteurs clés : garantir la qualité des travaux, respecter les délais et éviter la détérioration prématurée des infrastructures. Par ailleurs, la lutte contre le vandalisme et le vol de matériel ferroviaire constitue un enjeu crucial pour assurer la pérennité des investissements réalisés. Avec ces projets ambitieux, l’Algérie entre dans une nouvelle ère pour son réseau ferroviaire. Une fois les chantiers terminés, le train pourrait devenir un vecteur essentiel de mobilité et de croissance économique, tant pour les voyageurs que pour les acteurs industriels du pays.

Par Mourad A.

Publicité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *