18/09/2025
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Traitement du minerai de fer à Gara Djebilet: Sonarem et ses partenaires misent sur l’innovation

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Le projet de Gara Djebilet, situé dans la wilaya de Tindouf, s’impose comme l’un des plus grands chantiers miniers stratégiques de l’Algérie. Avec des réserves géologiques dépassant 7 milliards de tonnes, dont plus de 3,5 milliards exploitables, ce gisement de fer est appelé à jouer un rôle central dans la réduction de la dépendance nationale aux importations et dans l’essor d’une industrie sidérurgique compétitive. Mais un défi majeur freine encore sa mise en valeur : la forte teneur en phosphore contenue dans le minerai extrait.

Pour être exploitable industriellement et commercialisable, le minerai doit voir son taux de phosphore réduit à 0,02 %. Or, le fer de Gara Djebilet en contient des niveaux bien supérieurs, rendant nécessaire le recours à des procédés de purification complexes. Sans cette étape, l’intégration du minerai dans la filière sidérurgique nationale, et à terme son exportation, reste compromise. Face à ce défi, l’Algérie mise sur une coopération scientifique internationale pour trouver des solutions innovantes. Deux partenariats majeurs se dessinent. Le premier est avec la société chinoise MCC, spécialisée dans l’ingénierie minière et la sidérurgie, qui propose l’utilisation de procédés modernes comme le CISP et le HIMLT pour produire un fer semi-fini de qualité. Un groupe de travail algéro-chinois a d’ailleurs été créé afin de mener rapidement des essais techniques, si possible localement, pour réduire les coûts liés au transport du minerai. Le second partenariat est avec le professeur Karim Zaghib, chercheur de renommée internationale basé au Canada, qui a présenté de récentes recherches scientifiques offrant des solutions durables pour purifier le fer. Une collaboration avec le Centre de recherches minérales de l’Université du Québec est envisagée pour développer des procédés adaptés aux spécificités du gisement.

La réussite de ce projet repose également sur la mise en place d’infrastructures adéquates. Le chemin minier reliant Tindouf à Oran, destiné à faciliter le transport du minerai, devrait entrer en service dès le début de l’année prochaine. Cet axe logistique réduira considérablement les délais et les coûts, en attendant le lancement d’exportations potentielles.

Au-delà de Gara Djebilet, l’Algérie dispose d’autres gisements prometteurs : Mecheri Abdelaziz qui, combiné à Gara Djebilet, porte les réserves à plus de 7 milliards de tonnes, ainsi que les mines de Ouenza et Boukhadra, estimées à 160 millions de tonnes. Ces ressources confèrent au pays la capacité de couvrir la demande nationale et d’envisager, à moyen terme, une place sur le marché international. Le partenariat avec le professeur Zaghib illustre également la volonté de l’Algérie de lier ses filières minières à l’industrie de demain. Déjà engagé avec Sonarem dans un projet de développement de la filière lithium pour la production de batteries, le chercheur algéro-canadien voit dans la combinaison fer-phosphate un potentiel complémentaire pour soutenir la future industrie des batteries en Algérie.

En relevant le défi du phosphore, le projet de Gara Djebilet pourrait devenir un levier majeur de développement économique. Il assurerait l’approvisionnement des usines sidérurgiques locales, réduirait les importations, et ouvrirait des perspectives d’exportation. Plus largement, il contribuerait à renforcer la souveraineté minière et énergétique de l’Algérie, tout en consolidant ses partenariats scientifiques et industriels avec des acteurs mondiaux.

Par Mourad A.

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