Industrie militaire: Un levier stratégique pour le développement national
L’Algérie poursuit avec détermination le développement de son industrie militaire, en misant sur un modèle national de production intégré, fondé sur un transfert technologique maîtrisé et une main-d’œuvre qualifiée. C’est ce qu’a affirmé le Général Tayeb Latrache, directeur général du Groupement de Promotion de l’Industrie Mécanique (EPIC-GPIM), dans un entretien accordé avant-hier à la radio nationale «Chaîne III », au sujet des grandes étapes et des ambitions de ce secteur stratégique.
En effet, l’intervenant a rappelé que dès 1974, les hautes autorités de l’État ont ordonné la mise en place d’une structure dédiée à la création d’une industrie de défense nationale. Cette orientation s’est concrétisée par la création, dans les années 1980, de quatre complexes militaires spécialisés dans la fabrication d’explosifs, d’armements légers, de munitions et d’équipements vestimentaires pour l’Armée nationale populaire (ANP).
En 2008, une réorganisation structurelle a donné naissance aux EUMIC (Établissements publics à caractère industriel et commercial), placés sous la gestion de conseils d’administration et soumis au contrôle de commissaires aux comptes.
Pour asseoir durablement cette industrie, l’Algérie a adopté un modèle basé sur des partenariats technologiques et industriels, affirme le Général Tayeb Latrache, DG de l’EPIC-GPIM. L’objectif de cette stratégie est de garantir l’autonomie progressive, tout en assurant un transfert de savoir-faire dans des domaines de haute technologie. Cela a permis notamment la localisation de la production, d’abord par l’assemblage de kits (SKD), puis par l’intégration complète d’organes comme les carrosseries, ponts et systèmes de transmission, à l’image du complexe de Nemer à Khenchela.
Des collaborations ont vu le jour avec des partenaires allemands, italiens et autres, donnant lieu à l’implantation d’unités de production de véhicules blindés, d’hélicoptères et d’équipements militaires de pointe.
Le secteur militaire joue un rôle structurant dans l’économie algérienne. À ce jour, 11 établissements publics et près de 20 filiales emploient plus de 30 000 personnes, selon le général Latrache, expliquant que l’industrie de défense ne se limite pas aux besoins militaires : elle alimente aussi le marché civil, notamment en véhicules utilitaires, vêtements professionnels, substances chimiques ou encore équipements d’intervention en cas de catastrophes naturelles.
Elle participe également à la formation d’une main-d’œuvre qualifiée, à la réduction du chômage, et à l’enrichissement du tissu industriel national dans plusieurs régions, notamment à Tiaret, Rouïba et Constantine.
Recherche, intelligence artificielle et exportation
Le partenariat technologique et industriel développé en Algérie avec les partenaires du secteur économique de l’Armée nationale populaire repose sur trois axes principaux : la signature de contrats de partenariat, la formation spécialisée et le transfert de technologie, a-t-il expliqué. Ce dispositif a permis la création de quatre instituts de formation, notamment à Constantine et à Tiaret, encadrés par des Algériens formés à l’étranger chez les partenaires technologiques. Ces cadres qualifiés assurent désormais la formation locale, dira-t-il.
Le ministère de la Défense nationale dispose également d’une direction dédiée à la Recherche et Développement, qui œuvre à l’amélioration continue des équipements de production existants et à l’intégration de technologies avancées, y compris l’intelligence artificielle, dans une logique de veille et de modernisation technologique. L’objectif principal de cette stratégie industrielle est la satisfaction des besoins nationaux par la réduction des importations. Toutefois, une ouverture à l’export est prévue grâce à l’accompagnement des partenaires étrangers pour accéder à des marchés internationaux et valoriser l’excédent de production.
À travers ce modèle intégré et souverain, l’Algérie confirme sa volonté de se doter d’une industrie militaire robuste, capable de répondre aux défis de la défense nationale, tout en jouant un rôle actif dans le développement économique et social du pays.
Par Selma R.