Transport de voyageurs: Retrait des bus de plus de 30 ans de service
Le ministère des Transports a annoncé, samedi, le retrait de tous les bus de transport de voyageurs vétustes ayant plus de trente ans de service de la flotte nationale, et ce dans un délai ne dépassant pas six mois. La décision a été prise sur instruction du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, soucieux de renforcer la sécurité des passagers et de moderniser le parc de transport public, a précisé le ministère dans un communiqué.
En effet, les propriétaires de bus défectueux disposent d’un délai de six mois pour procéder à leur remplacement par des véhicules neufs. Le département de Saïd Sayoud a en outre réaffirmé son engagement à accompagner cette opération par toutes les facilitations nécessaires afin d’assurer sa réussite dans les délais fixés.
Ces annonces interviennent au lendemain de l’accident tragique survenu vendredi soir à Alger, où la chute d’un bus dans l’Oued El Harrach a causé la mort de 18 personnes et fait 24 blessés, dont cinq sont toujours hospitalisés.
Présent sur les lieux du drame, le ministre des Transports, M. Saïd Sayoud, a appelé les conducteurs de bus à faire preuve de responsabilité et à respecter les limitations de vitesse afin de préserver la vie des citoyens. « Le renouvellement du parc de bus est d’actualité (…) plus de 84 000 bus doivent être remplacés par étapes dans les prochains mois », a-t-il indiqué, tout en assurant que « tous les bus de transport public en activité sont soumis au contrôle technique qui les autorise à circuler ».
Après s’être recueilli à la mémoire des victimes et adressé ses vœux de rétablissement aux blessés, le ministre a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances exactes de l’accident. En effet, ce énième accident n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Plusieurs accidents de la route sont survenus à travers le territoire national à cause de la vétusté des bus, en plus d’autres facteurs d’ordre humain notamment. Selon les chiffres du ministère, le parc de transport de voyageurs est vétuste à hauteur de 70 % et ne sied pas au transport des voyageurs.
« Le parc ne sied pas au transport des citoyens. Il est vétuste à hauteur de 70 % », avait déploré le ministre des Transports dans une déclaration à Echourouk News TV. Ce dernier avait évoqué un projet de rénovation du parc de transport. « Nous œuvrons à rénover le parc automobile. Nous avons abordé ce sujet avec les représentants des transports de voyageurs lors d’une réunion la semaine passée », a-t-il ajouté. Le parc automobile algérien, qui dépassait les 6,5 millions d’unités à fin 2021, se distingue par une vétusté qui demande un entretien plus que récurrent.
Selon des statistiques officielles, 19,30 % de ce parc automobile se compose de véhicules ayant plus de 20 ans d’âge, et 22,08 % de véhicules ayant entre 10 et 14 ans d’âge. Le ministre des Transports avait annoncé récemment la signature prochaine d’une convention avec la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) pour l’acquisition de bus fabriqués localement, afin de répondre aux besoins des entreprises publiques de transport urbain dans les différentes wilayas du pays.
Lors d’une plénière consacrée aux questions orales à l’APN, M. Sayoud avait précisé que « dans le cadre du programme stratégique visant à satisfaire les besoins des citoyens en matière de transport urbain, le ministère des Transports a lancé une opération de renforcement du parc des établissements publics de transport urbain par l’acquisition de nouveaux bus qui seront fabriqués par la SNVI ».
Outre le renouvellement du parc national de bus, qui est aujourd’hui plus qu’une nécessité, des efforts sont également à consentir en matière de formation, le facteur humain arrivant en tête des causes des différents accidents de circulation. Le ministère des Transports a annoncé également, hier samedi, dans un communiqué, que les enquêtes sur les accidents mortels de la route incluront désormais les auto-écoles afin d’examiner les conditions d’attribution des permis de conduire. « Le ministère des Transports porte à la connaissance des citoyens qu’il a été décidé dorénavant d’inclure les auto-écoles dans les enquêtes liées aux accidents mortels de la circulation afin d’examiner les modalités d’attribution des permis de conduire », a précisé la même source. Cette mesure vise à vérifier les conditions d’octroi des permis de conduire et à renforcer le contrôle sur les établissements de formation des conducteurs.
Une mobilisation officielle de haut niveau
Le ministre des Transports s’est rendu sur les lieux de la catastrophe en compagnie d’une importante délégation officielle comprenant le Directeur de Cabinet à la Présidence de la République, M. Boualem Boualem, le ministre de l’Intérieur, M. Brahim Merad, le ministre de l’Hydraulique, M. Taha Derbal, le Directeur général de la Protection civile, le colonel Boualem Bourelaf, le Directeur général de la Sûreté nationale, M. Ali Badaoui, ainsi que le wali d’Alger, M. Mohamed Abdenour Rabehi.
Le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, a indiqué hier que les victimes de l’accident tragique de la chute d’un bus dans l’Oued El Harrach, à Alger, sont originaires de plusieurs wilayas, dont 13 de la capitale. Il a précisé que les dépouilles seront transférées et inhumées ce samedi.
Lors d’une déclaration à la presse en marge de sa visite aux blessés au CHU Mustapha Pacha, le ministre a souligné que les funérailles des 13 victimes d’Alger seront accompagnées d’une cérémonie commémorative, tandis que les corps des autres victimes seront rapatriés vers leurs wilayas d’origine afin d’être inhumés dans leurs communes natales. Concernant l’état de santé des blessés, Abdelhak Saihi a affirmé que 13 personnes reçoivent actuellement les soins nécessaires à l’hôpital Zmirli de El Harrach, où elles font l’objet d’un suivi médical rigoureux. Le ministre a également révélé que dix citoyens, qui s’étaient jetés dans l’oued pour porter secours aux passagers, ont subi des examens médicaux et se portent bien. Par ailleurs, deux jeunes filles secourues ont été transférées vers l’hôpital Zmirli ; elles sont désormais dans un état de santé stable grâce à la mobilisation rapide des citoyens.
Par Sirine R