Les guerres économiques à venir : Faut-il se préparer ? Ou attendre et voir ? Une question de Coûts-Avantages
Les analystes économiques et autres « grands spécialistes » de la géopolitique n’ont jamais été aussi dépassés qu’en ce moment. En effet, la conjonction entre plusieurs crises a fait perdre à ces analystes leurs repères habituels considérant le monde et les phénomènes qui le caractérisent comme linéaires. Depuis la crise du COVID19, le monde a changé, non pas par rapport à la lutte contre la pandémie au plan sanitaire ou médicale, mais dans la manière dont les Etats se sont comportés face à elle. Une nouvelle violence est née avec cette crise. Aussi, cette crise a réveillé de vieux démons autour de deux notions : la sécurité et la souveraineté. Ainsi, la souveraineté alimentaire et hydrique, la sécurité énergétique et numérique sont devenues les préoccupations majeures des Etats. Les analystes se perdent dans leurs conjectures et spéculent sur les sorties de crise.
Ce qui est important aujourd’hui, c’est la préparation de deux « Guerres » simultanément : la Guerre de l’Eau, la Guerre de l’Energie dont la racine est la même, le dérèglement climatique.
Sur la première, face au réchauffement climatique, il est urgent d’assurer un partage équitable et durable de l’Eau. Une véritable guerre, dont les principaux fronts sont la préservation de l’eau potable pour la consommation humaine et l’approvisionnement hydrique à l’agriculture. Ainsi, notre sécurité élémentaire dépend fortement du modèle agricole à concevoir et à mettre en place. Pour beaucoup de pays d’Afrique et d’Asie et même d’Europe, l’Eau est aussi la source principale pour la production de l’énergie. Les premières guerres sont déjà annoncéesentre l’Egypte le Soudan et l’Ethiopie ; elle est aussi au niveau des grands lacs en Afrique. Elle est déjà effective au Moyen Orient entre Israël et les pays voisins où la situation est extrêmement grave pour les palestiniens. L’Euphrate et le Tigre sont aussi au centre d’enjeux stratégiques et géopolitiques énormes entre la Turquie, l’Irak et la Syrie. Les modèles agricoles doivent évoluer grâce à la technologie pour s’adapter aux nouvelles conditions climatiques.
Sur la seconde, et pour les mêmes raisons que la première, le réchauffement climatique, mais en plus il y a les questions géopolitiques autour de la guerre en Ukraine. La situation préoccupe tout particulièrement les producteurs des énergies fossiles qui sont la cible des grands consommateurs. Sur le fonds de commerce écologique, les puissants imposent des règles et à partir de 2025 des sanctions sur le commerce du carbone en introduisant, au niveau mondial, la taxe carbone. Ce sont donc principalement les pays exportateurs de pétrole et gaz qui seront les principales cibles. Loin de nous l’idée de considérer le dérèglement climatique comme sans effets sur notre vie présente et à venir. Mais il ne faut pas non plus que les plus grands qui pollueurs depuis deux siècles viennent dicter, aujourd’hui, la manière de lutter contre le dérèglement climatique aux autres qui sont encore au début de leur développement. S’il y a une taxe carbone, il faut qu’elle soit calculée sur une plus longue période soit au moins sur les 80 dernières années (depuis 1945 au moins). Les effets sur la couche d’ozone ne sont pas le résultat des émissions récentes de gaz mais le cumul de plusieurs siècles d’activités de l’homme et surtout depuis la révolution industrielle.
Les dernières crises, COVID19 et Ukraine, ne laisseront pas l’Occident inactif pour demeurer en situation de dépendance vis-à-vis des pays non occidentaux en matière de sécurité énergétique. Ils mettront les moyens nécessaires (financiers et technologiques) pour s’affranchir de cette dépendance à moyen terme. Les énergies alternatives aux hydrocarbures sont aujourd’hui connues (solaire, éolienne, biomasse, nucléaire…), il suffit de les développer pour les rendre économiquement efficientes. De notre côté, nous devons aussi nous préparer pour trouver des alternatives pour valoriser nos ressources naturelles, principalement, les hydrocarbures.
Méfions-nous de la nouvelle idéologie, l’écologisme, qui n’est rien d’autre qu’un nouveau instrument de domination des plus puissants sur les plus faibles pour leur faire supporter la facture de la transition écologique, alors qu’ils sont les premiers responsable de la dégradation de l’environnement et du dérèglement climatique.
ANOUAR EL ANDALOUSSI