18/09/2025
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Avec près de 8% de croissance annuelle en Algérie: La climatisation dope la consommation énergétique

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L’Algérie s’affirme comme l’un des géants africains du marché de la climatisation. Selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), intitulé « National Climate Resilience Assessment for Algeria », publié en juillet 2025, le pays est désormais le troisième plus grand marché de la climatisation du continent, derrière l’Égypte et le Nigeria. Entre 2025 et 2030, ce secteur devrait enregistrer une croissance annuelle moyenne de 7,9 %, portée par le double effet du changement climatique et du développement économique.

Le réchauffement climatique accentue la pression sur le système énergétique national. L’Algérie a connu une hausse moyenne de 0,49 °C par décennie entre 2000 et 2023, soit bien au-dessus de la moyenne mondiale estimée à 0,37 °C. Dans ce contexte, l’AIE souligne que « les vagues de chaleur sont devenues plus fréquentes, longues et intenses ». Cette évolution s’est traduite par un boom de la consommation d’électricité. Entre 2022 et 2024, la demande résidentielle a progressé de 15 %, essentiellement sous l’effet de la généralisation des climatiseurs. En juillet 2024, le pays a même battu un record de 19,1 gigawatts (GW) de demande de pointe.

Cette hausse spectaculaire n’est pas sans risque pour la sécurité énergétique nationale. L’AIE met en garde : « D’ici le milieu du siècle, plus de 70 % des centrales à gaz seront confrontées à au moins 40 jours par an avec une température supérieure à 35 °C, dans tous les scénarios climatiques ». Or, 99 % de la production électrique algérienne dépend du gaz naturel, dont l’efficacité chute en cas de forte chaleur. Pour faire face, Sonelgaz a investi dans le renforcement du réseau et dans des équipements capables de résister à des températures supérieures à 55 °C, ciblant en priorité seize wilayas particulièrement exposées.

Outre la chaleur, d’autres menaces pèsent sur le système énergétique. Le pays enregistre en moyenne 3 000 incendies de forêt par an (2010-2019), brûlant près de 310 km² de végétation. Les inondations mobilisent à elles seules 70 % du budget national de gestion des catastrophes, soit environ 255 millions USD par an sur les quinze dernières années. En septembre 2024, les crues à Béchar ont déplacé 280 familles et endommagé routes et infrastructures électriques. La raréfaction de l’eau aggrave la situation : 85 % du territoire est désertique et les précipitations annuelles n’atteignent que 150 mm en moyenne. Pour y remédier, l’État a lancé un ambitieux programme de dessalement de 5,4 milliards USD, dont 3 milliards USD dans sa deuxième phase, avec la construction de six usines d’ici 2030.

Face à ces défis, Alger multiplie les initiatives. L’accès universel à l’électricité a été atteint en 2022, et un objectif de 15 GW d’énergies renouvelables d’ici 2030 a été fixé, dont plus de 3 GW déjà installés. L’AIE note également que le pays vise des économies d’énergie équivalant à 63 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) et une réduction de 193 millions de tonnes de CO₂ d’ici 2030 grâce à un programme d’efficacité énergétique couvrant le bâtiment, le transport et l’industrie.

Avec plus de 40 % des ménages dépassant 1 000 kWh de consommation au seul été 2024, la climatisation s’impose désormais comme un produit de première nécessité. Le rapport insiste : « L’Algérie est déjà le troisième marché africain de la climatisation et devrait croître rapidement, à un rythme de 7,9 % par an sur la période 2025-2031». Cette tendance, si elle traduit l’amélioration du confort domestique, pose toutefois un dilemme : comment concilier explosion de la demande, dépendance au gaz et impératifs de transition énergétique ?

Par Mourad A.

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