Avec une hausse de 18 % des IDE en 2024: L’Algérie gagne en attractivité
Le rapport 2025 de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), intitulé « L’investissement mondial dans l’économie numérique », met en lumière la dynamique ascendante des investissements directs étrangers (IDE) vers l’Algérie, contrastant avec la tendance mondiale à la baisse. Selon ce document, les flux d’IDE à destination de l’Algérie ont atteint 1,43 milliard de dollars en 2024, soit une hausse de 18 % par rapport à 2023.
Dans un environnement mondial marqué par l’instabilité économique et les tensions géopolitiques croissantes, l’Algérie fait ainsi figure d’exception positive. Cette performance est d’autant plus remarquable qu’elle intervient dans un contexte de ralentissement global, les IDE mondiaux ayant chuté de 11 % la même année. Ce signal fort reflète les effets tangibles des réformes engagées par les autorités algériennes et la confiance renouvelée des investisseurs dans le marché national.
La CNUCED attribue ce regain d’attractivité à plusieurs leviers stratégiques. En premier lieu, la mise en œuvre de la nouvelle loi sur l’investissement a permis de clarifier le cadre juridique et d’assurer une stabilité réglementaire propice à l’implantation d’investisseurs étrangers. Ce texte, salué pour sa lisibilité, renforce la prévisibilité nécessaire à tout projet d’investissement à moyen ou long terme. En parallèle, la volonté politique affirmée d’attirer les capitaux étrangers, notamment à travers l’action de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), illustre l’engagement de l’État à améliorer durablement le climat des affaires. Cette orientation s’inscrit dans une stratégie globale de diversification de l’économie, visant à développer des secteurs hors hydrocarbures, tels que l’industrie manufacturière, l’agriculture, le tourisme et les énergies renouvelables. Le rapport souligne également la modernisation des infrastructures logistiques, qui favorise la fluidité des échanges et renforce l’attractivité du territoire. Ports, réseaux de transport et interconnexions énergétiques figurent parmi les chantiers structurants facilitant l’implantation des entreprises et l’exportation de leurs productions. À cela s’ajoute la position géographique stratégique de l’Algérie, au carrefour de l’Afrique, de l’Europe et de la Méditerranée, ainsi que son implication dans des cadres d’intégration régionale comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Dans un contexte où l’Afrique a vu ses IDE bondir de 75 % notamment grâce à un méga-projet en Égypte, l’Algérie s’inscrit dans cette dynamique continentale. Même en excluant ce projet exceptionnel, le continent africain a enregistré une hausse réelle de 12 % des IDE en 2024, dont l’Algérie figure parmi les bénéficiaires notables. Bien qu’elle ne figure pas encore parmi les 20 premiers pays récipiendaires d’IDE au niveau mondial, elle se distingue par une progression régulière et durable, en particulier dans les secteurs stratégiques de l’énergie, des télécommunications et des services. Par ailleurs, la digitalisation des procédures d’investissement, à travers la mise en place de la plateforme numérique de l’investisseur, a été saluée par la CNUCED comme une avancée vers un écosystème plus efficace, transparent et compétitif. Toutefois, comme de nombreux pays africains, l’Algérie reste confrontée à plusieurs défis structurels dans ce domaine, notamment une infrastructure numérique insuffisante, une gouvernance des données à renforcer, et un besoin accru en compétences numériques. Le rapport recommande ainsi d’aligner les politiques numériques sur les priorités industrielles et économiques, afin de capter davantage d’investissements à forte valeur ajoutée.
À l’horizon 2025, les perspectives d’IDE restent incertaines en raison du ralentissement de la croissance mondiale (révisée à 2,8 %), des tensions commerciales et des risques géopolitiques. Cependant, la montée en puissance de l’économie numérique et la restructuration des chaînes de valeur régionales offrent de nouvelles opportunités. L’Algérie dispose de nombreux atouts pour en tirer parti, à condition de poursuivre ses efforts en matière de modernisation, de gouvernance économique et de visibilité auprès des investisseurs internationaux. Le rapport 2025 de la CNUCED dresse un constat encourageant pour l’Algérie : des résultats solides, une trajectoire ascendante, et des fondations robustes pour bâtir une économie plus résiliente, plus diversifiée et pleinement intégrée dans les flux d’investissement mondiaux. Le défi à venir consiste désormais à accélérer les réformes et les transformations engagées, afin que l’Algérie passe du statut de récipiendaire prometteur à celui d’acteur clé de la nouvelle géographie mondiale de l’investissement.
Par Mourad A.