Céréales: L’Algérie à l’aube de l’autosuffisance
L’Algérie franchit une étape décisive vers la souveraineté alimentaire. Grâce à une stratégie agricole ambitieuse et structurée, le pays est désormais en mesure de produire l’équivalent de sa consommation nationale en céréales. Un tournant majeur pour la sécurité alimentaire, qui s’inscrit dans la vision impulsée par le président Abdelmadjid Tebboune.
Intervenant sur la « Chaîne II » de la radio nationale, Abdelghani Benali, secrétaire général du Conseil national interprofessionnel de la filière des céréales (CNIFC), a indiqué que les efforts menés ces dernières années portent enfin leurs fruits. « Nous ne visons plus seulement un taux d’autosuffisance de 85 %, mais nous espérons atteindre les 100 % dès cette campagne, et ce, en toute aisance », a-t-il ajouté. La mutation est particulièrement spectaculaire dans les régions du Sud, autrefois marginales dans la production céréalière. À la fin des années 1990, à peine 2 000 hectares y étaient consacrés. Aujourd’hui, plus de 150 000 hectares sont emblavés, et l’objectif affiché est d’en atteindre 1 million à moyen terme.« Ce qu’on observe dans le Sud est historique. C’est le résultat d’une volonté politique claire, combinée à une mobilisation exemplaire des agriculteurs et des investisseurs », a souligné Benali. Le développement dans ces zones, autrefois jugées peu favorables, repose notamment sur l’extension des terres irriguées, l’usage de technologies agricoles modernes et un encadrement soutenu de la part des autorités.
À l’échelle du pays, ce sont près de 2 millions d’hectares qui sont actuellement cultivés en céréales. Cette progression a été rendue possible grâce à une série de mesures incitatives : facilitation de l’accès aux intrants, soutien à la mécanisation, investissements publics et privés, et adoption de technologies conformes aux standards internationaux. Le secrétaire général du CNIFC a insisté sur la modernisation du secteur : « La numérisation de la filière, la traçabilité des récoltes, et l’analyse en temps réel des données agricoles nous permettent aujourd’hui de piloter efficacement la campagne céréalière. Nous construisons une agriculture intelligente, durable et tournée vers l’avenir ». Outre les céréales destinées à la consommation, l’Algérie ambitionne désormais de produire ses propres semences. Les excellents rendements enregistrés, notamment dans les régions sahariennes, ouvrent la voie à une production de semences locales, réduisant encore la dépendance extérieure. « L’Algérie ne se contente plus de couvrir ses besoins. Elle veut maîtriser toute la chaîne, du champ jusqu’à la semence. C’est une approche de souveraineté assumée et pragmatique », a affirmé Benali. Les moissons ont déjà débuté dans le sud-est du pays et s’étendront prochainement vers le sud-ouest. La clôture de la campagne est prévue pour mi-juillet 2025, selon les prévisions du ministère de l’Agriculture. Les données collectées seront centralisées via une plateforme numérique afin d’optimiser les futures campagnes. Pour Benali, l’enjeu dépasse la simple production : « Il s’agit de pérenniser cette dynamique. L’Algérie est aujourd’hui en mesure de nourrir sa population avec ses propres ressources, et cela marque une rupture avec les décennies de dépendance alimentaire ». À l’horizon 2025, l’Algérie pourrait ne plus dépendre des importations de céréales. Une perspective qui témoigne d’un renouveau agricole profond et d’une politique volontariste en faveur de la souveraineté alimentaire.
Par M A.