Industrie pharmaceutique: Cap sur l’exportation vers l’Afrique
L’Algérie, forte de ses progrès dans le secteur pharmaceutique, affiche de grandes ambitions : devenir l’un des principaux fournisseurs de médicaments en Afrique. Si le pays est déjà en voie d’atteindre l’autosuffisance, il prépare également son rôle de leader régional dans l’exportation de médicaments, a indiqué Wassim Kouidri, ministre de l’Industrie pharmaceutique.
Aujourd’hui, l’Algérie couvre 79 % de ses besoins en médicaments, un exploit rendu possible grâce à l’engagement des compétences locales et de la diaspora. « Ce succès est le fruit d’une vision portée par le président Abdelmadjid Tebboune, qui a fait de la santé publique et de la souveraineté sanitaire une priorité nationale », a souligné Kouidri lors de l’émission « Forum El Oula » sur la Chaîne I de la radio nationale. Avec 218 usines pharmaceutiques représentant 30 % des capacités industrielles du continent africain, l’Algérie se positionne comme un acteur majeur. Parmi les 600 unités de production présentes sur le continent, le pays en héberge près d’un tiers, preuve de son dynamisme industriel. « Nous sommes aujourd’hui dans une position unique pour répondre aux besoins croissants en médicaments sur le continent africain », a affirmé le ministre. Plusieurs pays africains et asiatiques ont déjà exprimé leur intérêt pour les médicaments produits en Algérie, attirés par leur qualité conforme aux normes internationales. L’évaluation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), prévue pour septembre, devrait, selon le ministre, « confirmer la conformité de notre production pharmaceutique aux normes mondiales, ouvrant ainsi la voie à une accélération des exportations ». Cependant, malgré ces progrès dans la production de médicaments, l’Algérie reste encore dépendante des importations pour les dispositifs médicaux. En effet, 98 % des besoins en équipements médicaux sont importés, ce qui représente un volume de 129 000 unités par an pour une facture annuelle de 630 millions de dollars. « Notre objectif est clair : encourager les investisseurs à se lancer dans la fabrication locale de dispositifs médicaux pour réduire notre dépendance et renforcer notre autonomie sanitaire », a souligné Kouidri.
Pour soutenir sa position sur le marché, l’Algérie mise également sur la recherche et le développement. « La quasi-totalité de nos entreprises pharmaceutiques ont noué des partenariats avec les universités pour stimuler l’innovation », a précisé le ministre. Dans cette dynamique, un projet ambitieux est en préparation à Tamanrasset : la construction d’une usine dédiée à la production de médicaments pour les maladies spécifiques au Sahara, afin d’élargir l’accès aux soins dans toutes les régions du pays. L’Algérie multiplie également les initiatives de coopération internationale. Un partenariat récent a vu le jour entre le groupe Saidal et la société suédoise Karolinska, avec pour objectif la création d’un complexe comprenant des laboratoires et un hôpital spécialisé en thérapie cellulaire. Ce projet, dont la première pierre sera posée prochainement, vise à traiter jusqu’à 90 maladies graves grâce à des approches innovantes. Parallèlement, une convention d’exportation a été signée avec la Mauritanie, marquant ainsi le début d’une collaboration visant à installer une usine pharmaceutique algérienne dans ce pays, renforçant ainsi l’influence économique et sanitaire de l’Algérie sur le continent.
Le ministre Kouidri a également mis en avant les progrès réalisés dans la production d’insuline. Actuellement, quatre unités industrielles en Algérie assurent la fabrication locale de ce traitement vital. « Bientôt, nous ne couvrirons pas seulement la totalité de nos besoins en insuline, nous entamerons aussi son exportation », a annoncé le ministre. En ce qui concerne le traitement du cancer, Kouidri a salué les avancées majeures réalisées, notamment dans la mise à disposition de médicaments coûteux. Il a également insisté sur la stratégie actuelle de production locale de matières premières pharmaceutiques, visant à réduire la facture d’importation et à garantir la souveraineté nationale dans ce secteur. À une époque où les défis économiques et sanitaires s’entremêlent, l’Algérie entend renforcer son rôle moteur en Afrique. « Notre ambition n’est pas seulement de répondre aux besoins de nos concitoyens, mais aussi de contribuer activement à la sécurité sanitaire du continent », a conclu le ministre.
Par Mourad A.