27/03/2025
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Chronique Eco: Crise économique mondiale sur fond de tensions géopolitiques

La conjoncture économique internationale n’a jamais été aussi instable et surtout dominée par une géopolitique agressive. Trump et sa diplomatie transactionnelle aggrave davantage les tensions déjà en place. Il veut faire de Gaza un complexe immobilier et touristique sans équivalent dans le moyen orient, de l’Ukraine son réservoir de ressources naturelles en particulier des terres rares. Selon les estimations, les gisements ukrainiens de terres rares, qui ont fait l’objet d’une proposition d’accord de Trump rejetée par Kiev, ne représentent qu’une infime portion des réserves mondiales. En effet, selon une estimation réalisée par l’Institut d’études géologiques des Etats Unis, les terres rares s’élèvent en 2025 à plus de 90 millions de tonnes, dont l’essentiel est concentré en Chine (44 millions de tonnes), au Brésil (21 millions de tonnes), et en Inde (6.9 millions de tonnes).  L’Europe  est entrée en récession et les pays qui arrivent à s’en sortir, comme l’Espagne et l’Italie, font face à une dette colossale. La France cumule la récession (une faible croissance en 2024) et l’endettement, ce qui aggrave les déséquilibres de ses finances publiques et de son système de protection sociale, en quasi-faillite.  L’Espagne tire son épingle du jeu : Même si sa dette rapportée au PIB demeure la plus forte en Europe, elle est descendue à 101% en 2024, alors que sa croissance a été de 3,2%,  soit la meilleure de tous les pays de l’UE dont la moyenne des 27 est de 0,7%. L’économie allemande, championne incontestée de toute l’Europe depuis la seconde guerre mondiale, rentre dans la récession (-0,5% en 2024) et affiche des faiblesses dans plusieurs secteurs.

Trump impose une nouvelle contrainte à l’Europe, celle d’augmenter leurs budgets de défense et d’acheter le matériel de défense auprès des USA.

En Asie, la situation n’est pas meilleure. Le Japon ne se porte pas mieux. Il clôture l’année 2024 avec un petit 0,1% de croissance. Les industries de l’automobile, de l’électronique et de l’acier et de la chimie inquiètent les pouvoirs publics et le patronat nippon. L’Inde voit sa croissance ralentir alors qu’elle devrait au contraire accélérer pour des raisons jugées favorables il n y a pas si longtemps.  « La croissance a beau être élevée, elle profite surtout aux 10% les plus riches. Les 90%restants doivent se contenter des miettes ».

L’autre évènement majeur de la conjoncture de ce mois a été le sommet de l’IA à Paris. Au vu du nombre et de la qualité des participants, des chefs d’Etat et de gouvernement, des grandes sociétés de la Tech, les régulateurs, les chercheurs, les associations etc,  l’évènement était porteur d’espoir, surtout si lon en juge par les volumes d’investissements déclarés. La France, pays organisateur, et l’Europe ont affiché un réel optimisme dans la voie de se positionner par rapport aux USA et à la Chine et récupérer un tant soit peu leur retard dans ce domaine. Mais ceci sans compter sur la machine bureaucratique de Bruxelles (27 réglemntaitons différentes, des dizaines de régulateurs…) et sur la technocratie de l’UE.  Par rapport aux Etats Unis et à la Chine, l’UE souffre de nombreux handicaps. D’abord le marché est morcelé et ne permet pas encore les effets d’echelle, possibles sur les marchés américains et chinois en raison de multiples réglementations nationales encore en vigueur. En Chine, il ya 4500 entreprises d’IA. La tech a toujours eu les faveurs des pouvoirs publics chinois en lui assurant une protection et des subventions. L’IA est perçue en Chine comme une nouvelle « force productive » pour remplacer les moteurs traditionnels de la croissance (investissements publics et infrastructures) qui s’essoufflent.  

L’IA est venue aggraver davantage le gap technologique qui s’est établi entre pays développés et pays en développement. Ce gap risque de se creuser si ces derniers continuent à observer le phénomène et attendre une quelconque assistance des pays riches. Ce qui va les enfoncer encore dans le sous développement, car avec les Tech les différences ne sont pas matérielles et les reproductions sont impossibles grâce à des codages sophistiqués.

Avec la Tech, les enjeux vont se déplacer vers des facteurs distinctifs, non reproductibles, non transmissibles et représentés par les ressources humaines. Ils seront aussi sur les ressources minières rares, indispensables pour les nouveaux composants et les nouvelles énergies.

La nouvelle géopolitique, emprunte de violence et de menaces, préfigure une recomposition (ou même un partage) du monde sur des bases économiques (énergies, technologies et les matières premières nobles). Jamais le monde n’a été soumis à des enjeux économiques (pour reprendre le titre du quotidien) aussi profonds et à grand risque. L’Algérie est au cœur de ces recompositions, particulièrement en matière d’énergie. Le gaz américain sera imposé à l’Europe (discours du secrétaire à la défense à la conférence de l’OTAN), le gaz russe reviendra aussi en Europe et le gaz quatari emppruntera désormais le chemin des gazoducs maintenant que le corridor syrien est largement ouvert à  la Turquie qui se positonnera comme le hub du gaz pour l’Europe et l’Asie. La géopolitique ça coûte mais ca rapporte aussi. En matière de ressources minières nobles, notre potentiel n’est pas encore connu avec précision pour être économiquement exploité. C’est un enjeu certes, mais faut-il le rendre aussi un défi. Pour les technologies, plus précisément la Tech (économie numérique) le retard doit être comblé si l’on veut être dans la compétition ou au moins dans la sécurité ; cela demandera des budgets importants, des institutions appropriées, des ressources humaines de qualité et surtout un réseau international de partenariat et de coopération. Une politique publique d’IA sur 5 ans avec des objectifs précis et des acteurs compétents s’impose. On peut démarrer avec 10 Mds de $ en 2025 et monter en cadence jusqu’à 50 Mds de $ en 2030.   Sinon, rien ne se produira.

ANOUAR EL ANDALOUSSI

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