16/09/2024
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Chronique Eco: Le Capitalisme Occidental en crise,  L’Asie innove, L’Afrique en observation 

L’Occident a créé le capitalisme et en a fait son mode de vie, son organisation économique et sociale et même sa philosophie politique. L’histoire du capitalisme est intimement liée à la culture occidentale et à son histoire. La propriété privée est sacrée, le capital est vénéré et le profit est admiré. Pourtant les bases culturelles du capitalisme occidentale sont empruntes de valeurs morales fortes comme la justice, la liberté, et même la solidarité dont l’expression formelle est l’impôt et le service public. C’est aux USA que le capitalisme s’est épanoui grâce à des innovations majeures, particulièrement dans la finance et l’exercice des droits de propriété. En effet, la création de la banque et de la société par actions ont été les deux innovations majeures du 19ème siècle, dans le sens de lever les contraintes liées à la limitation des capitaux nécessaires au développement des affaires. La  banque collecte l’argent des petits épargnants afin de les injecter dans les firmes et la société par actions permet de mettre ensemble des gens qui ne se connaissent pas pour créer des sociétés et faire croitre celles qui existent déjà. Avec la levée du verrou financier (le capital)  de la croissance des firmes, le capitalisme a connu ses années de gloire.  La financiarisation de l’économie, à travers le système bancaire et la bourse, a confirmé la suprématie du capital financier sur le capital physique ou matériel. Le capitalisme moderne se développe sans capitalistes, mais avec des entrepreneurs qui sont souvent sans le sou. L’économie numérique en est aujourd’hui l’exemple le plus apparent. La fin des empires occidentaux a failli sonner le glas du capitalisme, particulièrement l’affaiblissement de la Grande Bretagne à la fin du 19ème siècle suivie par la France au début du 20ème siècle. La relève s’est faite par l’Amérique et son génie créateur et surtout l’esprit pionnier de ses nouveaux habitants. Après la 2ème guerre mondiale, c’est au tour du Japon et de l’Asie du Sud-est qu’un nouvel élan est donné au capitalisme. Aujourd’hui, le capitalisme moderne est en Asie avec les pays émergents du Sud-est mais aussi avec la Chine et l’Inde.  L’Afrique dans tout ce mouvement ? Dans le meilleur des cas, certains pays s’industrialisent tant bien que mal dans les productions manufacturières et dans la sous-traitance ; dans le pire des cas, certains pays sont encore à lutter contre la famine par des cultures vivrières et le troc de certains produits exotiques. Dans la majorité des cas, ce sont des économies fonctionnant à base de production (extraction) de matières premières allant des plus valorisées sur les marchés (hydrocarbures, certains minerais nobles, …) à celles à faibles valorisation internationales (matières premières agricoles ou minérales…). L’économie africaine est encore au stade de la valorisation internationale de matières premières naturelles sur des marchés mondiaux dominés par les grandes firmes occidentales et asiatiques.

Avec le numérique et l’industrie 4.0, l’écart se creuse davantage entre l’Occident Global et le Sud Global. Il reste tout de même une connexion entre ces deux mondes : les terres rares et les matières minérales nobles sont fondamentales dans la nouvelle économie basée sur le numérique et la connaissance. Une nouvelle division du travail se dessine sur les mêmes règles que celle qui a fonctionné jusqu’à présent, matérialisée par l’échange inégal. Va-t-on revenir vers la « théorie » de la Malédiction des ressources chère à certains économistes engagés des années 80.

Dans le nouveau système, le facteur d’accélération est encore plus puissant que dans le premier ; un $ investi dans l’économie numérique et l’économie de la connaissance rapporte 10 fois plus qu’un $ dans l’économie classique ; alors le rattrapage ce n’est pas pour demain ; ou alors il faut faire la rupture dans nos sociétés tant au plan culturelle et sociologique, que politique et technologique ; l’économique suivra. Certains pays du Sud ont accumulé énormément de capitaux grâce au commerce des matières premières, mais ils n’ont pas pu ou su accumulé dans la connaissance, le savoir et l’organisation de l’économie pour amorcer un processus vertueux du développement. Le stock de capitaux monétaires accumulés disparaitra par l’usure (l’usage) ou la conjoncture, alors que le capital connaissance ne disparaitra que par son non usage ; il est transmis et diffusé culturellement et socialement pour se renouveler. Les vrais défis sont dans l’anticipation sur les enjeux à venir et non dans la perpétuation des schémas éculés qui ont donné les résultats qu’on connait.

ANOUAR EL ANDALOUSSI

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