Chronique ECO: Les perspectives économiques mondiales : une évolution sans guidage
L’économie mondiale évolue dans un contexte de grande incertitude sur l’avenir. Les impacts de la crise sanitaire Cocid19 ne sont pas encore totalement corrigés, en particulier l’inflation qui touche l’ensemble des pays de la planète. Certains pays affichent des taux inimaginables, plus de 30%(Egypte, Turquie…) alors que d’autres ont frôlé les100% d’inflation. Les économies développées, supposées avoir jugulé les phénomènes inflationnistes par des politiques monétaires et budgétaires très serrées pour contenir l’inflation au cours des dernières décennies à moins de 3%, ont vu cette dernière grimpé autour de 10% (taux moyen de l’UE 7/8% en 2022). La croissance économique, aussi, a connu un ralentissement significative y compris dans les pays émergents, le cas de la Chine est exemplaire. Les économies africaines ont bien résisté aux différents chocs (Covid19, Prix de l’énergie, chaines d’approvisionnement…). Elles arrivent même à consolider leur redressement post-Covid19. Cependant, ne disposant pas de tous les leviers financiers de l’économie moderne globalisée commencent à subir le resserrement des conditions financières mondiales, les retombées de la guerre Russo-Ukrainienne, particulièrement en matière énergétique et alimentaire. Malgré ces chocs exogènes et la sécheresse dans les pays du sahel et du Maghreb, le taux de croissance moyen du PIB réel de l’Afrique a été estimé à 3.8% en 2022 ; il est vrai en baisse par rapport à 2021 (4.8%). Les perspectives pour 2023 sont plutôt bonnes ; un taux de croissance prévisionnel de 4% est donné par la BAD (Banque Africaine de Développement) avec une consolidation à 4.3% en 2024. L’inflation demeure une préoccupation majeure pour tout le continent et certains pays africains (au moins 18 pays) enregistrent des taux à deux chiffres.
Même avec cette résilience, « l’Afrique est confrontée à plusieurs risques de détérioration de ses perspectives de croissance qui incitent à un optimisme prudent. Le resserrement des conditions financières mondiales et l’appréciation du dollar américain ont exacerbé les coûts du service de la dette et pourraient accroître le risque de surendettement, en particulier pour les pays dont la situation budgétaire est très limitée. La prolongation de la guerre Russo-ukrainienne reste un risque mondial majeur qui accroît l’incertitude et pourrait aggraver l’insécurité alimentaire et le coût de la vie de manière plus générale.
À cela s’ajoute le changement climatique, qui continue de menacer des vies, des moyens de subsistance et des activités économiques (avant-propos du président de la BAD au rapport sur les perspectives économiques pour l’Afrique).
Pour l’Algérie les perspectives pour 2024 sont plutôt bonnes si l’on se réfère aux données du projet de loi de finance pour 2024. En effet, il est mentionné un taux de croissance du PIB de 4.2% porté essentiellement par l’agriculture, les travaux publics et à un degré moindre l’industrie (en valeur absolue), alors que les hydrocarbures connaitront un taux de croissance de +0.9% en 2024 et même un taux négatif (en volume) de -0.6% en 2025. Le redressement du secteur industriel par une réindustrialisassions du pays dans le cadre de la politique de diversification doit viser prioritairement une substitution aux importations et dans un deuxième temps la croissance de l’exportation.
Les USA continueront à dominer le Monde par leur supériorité dans les technologies avancées qui leur procurent des revenus colossaux, dans l’industrie militaire et par le contrôle des hydrocarbures, sans oublier l’instrument principal de domination, le Dollar. L’UE se débat dans ses problèmes institutionnels internes ; le découplage Politique/Economique réduit considérablement les attentes de l’Union économique. Le moteur économique de l’Europe, l’Allemagne, est lui aussi grippé.
La crise au Moyen Orient (guerre Gaza-Israël) va exacerber les marchés de l’énergie et même monétaires face aux incertitudes de cette guerre et sa probable extension à toute la région et au-delà. C’est pourquoi il faut tout relativiser tant que l’incertitude plane sur le Monde.
ANOUAR EL ANDALOUSSI