Chronique Eco: Où va le Monde ? Une recomposition sur fond de crise économique
L’élargissement des BRICS+ en octobre, l’élection de Trump en novembre et l’ouverture de la Coop29 à Bakou sont les principaux évènements de ce deuxième semestre 2024. La conjoncture économique mondiale est très mauvaise pour tous les pays mais particulièrement pour les économies en développement. Ces événements sont pas porteurs, du moins à court terme, de facteurs favorables à la coopération et à la stabilité. D’une part les BRICS+ ne sont encore une réalité économique et politique. C’est une perspective dont les objectifs, les règles de fonctionnement et les formes de partenariats ne sont pas encore définis. Il est vrai que le 16ème sommet de l’organisation a fait des annonces très importantes sur ces questions, comme la création des institutions capables de concurrencer celles créées par les puissances occidentales et les défis qu’elle lance à la refonte de la gouvernance économique mondiale. Trois importantes décisions ont été prises lors de ce sommet : l’institutionnalisation d’un groupe dit « pays partenaires », le lancement du BRICS+ Clear (une plateforme d’échange et de transactions sans passer par le dollar) et la création d’une Compagnie d’assurance et de réassurance des transactions commerciales et des transports entre les pays membres et avec les pays partenaires.
L’élection de Trump est un facteur majeur de la conjoncture en cette fin de 2024. Ses annonces pendant sa compagne électrode présage des chocs tant politiques qu’économiques dés son entrée en fonction en janvier 2024. Les USA n’ont jamais été aussi fort économiquement qu’en ce moment ; leur économie croit plus que celle de l’UE, un chômage au plus bas (4-5%) et une inflation proche de 2%. L’Europe est écrasée, la Chine résiste avec beaucoup de difficulté alors que la Russie est engluée dans la guerre d’Ukraine. Avec Trump nous allons assister à un durcissement du protectionnisme et à un renforcement du nationalisme dans le domaine économique.
Les américains sont derrière Trump si l’on juge par la majorité obtenue à la fois par le nombre des électeurs (plus de 4 millions de plus sur son adversaire) et des grands électeurs, et une majorité confortable dans le Senat. Contrairement à l’idée dominante selon laquelle l’Amérique, c’est le gardien de la paix dans le monde, le régulateur désintéressé du commerce mondial, Trump reflète la culture dominante de l’Amérique : la puissance, l’intérêt stricto-sensu et le désir de domination. Il faut ajouter deux invariants (constantes, quel que soit le parti au pouvoir) le contrôle du pétrole mondial et la sécurité d’Israël.
Le troisième événement majeur de cette année est la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP29). Sur ce sujet, les engagements des Etats et des groupes d’Etats s’érodent. On note même des retours en arrière. C’est le cas notamment de la fin du moteur thermique en Europe avec le ralentissement de la commercialisation de la voiture éclectique et la protection face aux voitures chinoises. En Chine, c’est plutôt le contraire qui se passe ; en effet, 50% des véhicules mises sur le marché sont électriques. Il y a lieu de noter la faible présence à Bakou des chefs d’Etats des grands pays.
On note aussi, le non respects des engagements pris au cours des Cop précédentes au profit des pays en développement ; une infime partie a été versée sur les 100 Mds de $ promis.
Le club des climato sceptiques s’agrandit, les extrême-droites prennent les pouvoirs dans les grands pays ; les ultralibéraux en économie se renforcent et se solidarisent sur la scène économique et financière mondiale. Les engagements pris depuis la Coop 19 n’ont jamais été pris au sérieux ni en termes de lutte contre le réchauffement climatique (émission de gaz à effets de serre) ni en terme de financements des opérations dans les pays pauvres. Le marché des émissions de gaz a atteint ses limites et la taxation des carbones posera plus de problèmes qu’elle n’en règle. Trump, encore lui, stigmatise les politiques de lutte contre le réchauffement climatique qu’il qualifie canular.
L’année 2025 s’annonce avec de grandes turbulences tant économiques que politiques et climatiques.
ANOUAR EL ANDALOUSSI