Création d’emplois, hausse du pouvoir d’achat,… Les suggestions du SG de l’UGTA
Dans un contexte économique difficile, marqué par de nombreux défis, l’Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA) entend jouer un rôle clé dans la défense des intérêts des travailleurs et dans la relance de l’économie nationale. À travers un dialogue social renforcé et des propositions concrètes, la centrale syndicale souligne la nécessité d’une restructuration du marché du travail et d’une revalorisation du pouvoir d’achat, afin de contrer l’inflation galopante, a indiqué Amar Takdjout, secrétaire général de l’UGTA.
S’exprimant sur la « Chaîne III » de la radio nationale, Amar Takdjout a insisté sur la création d’emplois et la protection des travailleurs, considérés comme des axes prioritaires pour l’UGTA. Conscient des difficultés rencontrées par les entreprises publiques et privées, il a plaidé en faveur d’une réorientation des marchés publics en faveur des sociétés nationales. Selon lui, « il faut donner du travail plutôt que de distribuer des aides. Les marchés publics doivent être attribués aux entreprises locales afin de maintenir l’activité et d’éviter les licenciements massifs ».
La relance économique, pour M. Takdjout, passe inévitablement par un soutien aux entreprises publiques, qui doivent retrouver leur autonomie et leur capacité d’initiative.Il a également mis en avant la nécessité d’intégrer le secteur informel dans l’économie officielle : « L’intégration des entreprises informelles dans le circuit officiel est essentielle pour renforcer notre tissu économique et créer des emplois stables. » Face à la montée des prix et à l’érosion du pouvoir d’achat, l’UGTA milite activement pour une revalorisation du Salaire National Minimum Garanti (SNMG). Amar Takdjout a précisé que cette revendication a été entendue par le président de la République, qui pourrait bientôt y donner suite. « Nous avons plaidé pour une hausse du SNMG et le chef de l’État s’est montré réceptif à cette demande. Nous espérons une annonce imminente », a-t-il déclaré. Toutefois, il met en garde contre une approche purement salariale pour résoudre la crise du pouvoir d’achat. Selon lui, une maîtrise des prix et une réforme fiscale ciblée seraient des leviers tout aussi cruciaux. « Une simple hausse des salaires ne suffira pas si elle est immédiatement absorbée par la flambée des prix. Nous devons repenser notre modèle de consommation et renforcer les mécanismes de régulation des prix. Une réduction ciblée de la TVA sur les produits essentiels pourrait également soulager les ménages». L’UGTA rappelle par ailleurs que la pension de retraite minimale a été portée à 20 000 DZD, une avancée importante, mais qui nécessite une revalorisation régulière pour compenser l’inflation.
L’un des autres combats menés par l’UGTA est la réintroduction de la retraite anticipée pour certains secteurs. Bien que cette mesure ait été accordée aux enseignants, qui peuvent désormais partir cinq ans plus tôt sur simple demande, Amar Takdjout estime qu’elle doit être étendue à d’autres professions à forte pénibilité. « Nous devons reconnaître officiellement les métiers pénibles. Les travailleurs du Sud, ceux du bâtiment, de la protection civile ou encore les policiers, qui subissent des conditions particulièrement éprouvantes, doivent pouvoir bénéficier d’un départ anticipé », a-t-il affirmé. Il insiste également sur la nécessité d’établir des critères précis pour différencier les niveaux de pénibilité et adapter les dispositifs en conséquence. « Il ne s’agit pas d’ouvrir la porte à des départs massifs, mais d’apporter des solutions adaptées aux réalités du terrain », a-t-il ajouté.
Vers un syndicalisme plus moderne et influent
L’UGTA, qui fête cette année son 69e anniversaire, souhaite se repositionner comme une force de proposition incontournable. Pour cela, elle mise sur la formation et l’engagement militant. « Nous avons déjà formé 2 700 syndicalistes et nous ambitionnons d’en former 20 000. Le syndicalisme ne se limite pas aux grèves et aux protestations, il repose également sur la capacité à proposer des solutions », a rappelé Amar Takdjout. Cependant, il a attiré l’attention sur les défis rencontrés dans l’application de la nouvelle loi sur l’exercice du droit syndical. « La limitation des mandats syndicaux pose problème et fait face à des résistances. Il est essentiel d’apporter plus de clarté sur certains articles afin d’éviter toute interprétation erronée. » Dans cette optique, la centrale syndicale prévoit d’organiser une conférence sur l’impact du changement climatique sur l’emploi, témoignant ainsi de sa volonté de s’aligner sur les enjeux mondiaux.
Par Mourad A.