De la crise à l’équité: 1,7 million de logements et une vision durable du territoire
À l’occasion du 63e anniversaire de l’Indépendance, l’Algérie a franchi un nouveau cap dans sa politique de l’habitat. Plus de 192 000 logements ont été distribués simultanément à travers l’ensemble du territoire national, toutes formules confondues. Cette opération d’envergure, dirigée depuis Djelfa par le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Mohamed Tarek Belaribi, s’inscrit dans une vision nationale intégrée de réaménagement urbain, destinée à structurer durablement le tissu urbain algérien.

Entre 2020 et 2024, 1,7 million d’unités de logement ont été distribuées. Le ministre Belaribi a souligné que ces programmes, entièrement financés par le Trésor public, traduisent une volonté politique forte. L’objectif fixé pour la période 2025-2029 est ambitieux : la réalisation de 2 millions de logements à travers tout le pays. Mais l’action ne se limite pas à la distribution. La pose de la première pierre de 162 736 logements a également été lancée, dans le cadre du programme 2025, de même que la préparation du très attendu programme AADL 3, qui prévoit 200 000 logements dont les études sont achevées.
Pour accompagner cette dynamique, 47 nouveaux pôles urbains ont été créés dans 38 wilayas, représentant une superficie totale de 34 000 hectares. Dans une première phase, 16 pôles ont été lancés dans des wilayas comme Djelfa, Blida, Oran, Constantine ou encore Tlemcen, avec une capacité d’accueil dépassant les 500 000 logements. Hakim Bay, directeur général de l’urbanisme au ministère, a souligné sur les ondes de la « Chaîne III » de la radio nationale que cette planification repose sur une approche durable. « Nous voulons rompre avec les cités dortoirs. Il s’agit de créer des villes complètes, intégrant espaces verts, équipements scolaires, transports, zones commerciales, et logements de toutes formules », a-t-il affirmé. À titre d’exemple, les boulevards nouvellement conçus dépasseront parfois les 70 mètres de large, incluant des voies cyclables, des zones de jeu et des parkings à étage. Un budget de 9,4 milliards de dinars a été mobilisé pour la première tranche des travaux de viabilisation, englobant l’ouverture de pistes, l’assainissement, l’approvisionnement en eau potable (AEP) et les fibres optiques. « Il s’agit d’une véritable transformation urbaine », a précisé Hakim Bay, insistant sur la création d’environ 1 100 emplois directs dans les seuls travaux de viabilisation de ces 16 pôles.
Moussa Abada, directeur général de l’Agence nationale de l’urbanisme, a rappelé sur les ondes de la « Chaîne I » de la radio nationale que ces nouveaux quartiers sont conçus pour répondre à un nouvel art de vivre : intégration de crèches, centres commerciaux, hôtels, terrains de sport, et surtout une architecture respectueuse des spécificités locales. « À Tlemcen, on parle de téléphérique, à Sétif de toitures en tuile. Chaque pôle aura son cachet propre », a-t-il souligné. La question énergétique est également prise en compte. Le secteur du logement, représentant 42 % de la consommation énergétique nationale, entre dans une phase de réduction de l’empreinte énergétique, avec la généralisation du double vitrage, l’usage de matériaux performants, et la formation des architectes à l’efficacité énergétique. À terme, chaque permis de construire devra inclure une attestation de performance énergétique.
Les autorités assurent également que la justice sociale reste au cœur du dispositif. « Toutes les formules sont représentées : logements sociaux (LPL), promotionnels aidés (LPA), AADL, habitat rural et auto-construction », a indiqué M. Abada. Des commissions de répartition locales garantissent l’équité entre les citoyens, quels que soient leur région ou leurs statuts. Outre sa portée sociale, cette politique agit comme un puissant levier économique. Les chantiers lancés ont généré des milliers d’emplois dans le BTP, impliquant à la fois de grandes entreprises, PME et micro-entreprises. « Quand le bâtiment va, tout va », a rappelé Hakim Bay, illustrant l’impact positif sur l’ensemble de la chaîne économique.
Par Mourad A