Demande mondiale de Pétrole: L’AIE revoit à la hausse ses prévisions pour 2025
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a ajusté ses prévisions pour la demande mondiale de pétrole, annonçant une augmentation significative pour 2025, bien que la consommation globale devrait ralentir en 2024, notamment en raison du déclin de la demande chinoise. Dans son dernier rapport sur le marché mondial du pétrole, l’AIE indique que la demande de pétrole devrait augmenter de 862 000 barils par jour (b/j) en 2024, soit une révision à la baisse par rapport à une prévision antérieure de 903 000 b/j. En revanche, les prévisions pour 2025 ont été relevées à 1 million de barils par jour, contre 950 000 b/j précédemment.
Ce changement s’explique en partie par un ralentissement plus marqué de la consommation en Chine, un facteur essentiel qui pèse sur les chiffres globaux. La contribution chinoise à la croissance mondiale de la demande devrait passer de 70 % en 2023 à seulement 20 % en 2024 et 2025, affectant ainsi les perspectives de croissance. La Chine, qui avait fortement contribué à l’augmentation de la demande post-pandémie, voit sa consommation ralentir de manière notable. Pour 2024, l’AIE prévoit une augmentation de 150 000 b/j pour la Chine, bien en deçà des 710 000 b/j estimés en début d’année. Pour 2025, la prévision a été réduite à 220 000 b/j, contre 260 000 b/j dans le rapport précédent. Ce ralentissement pourrait peser sur l’équilibre global du marché, où la demande devrait croître à un rythme beaucoup plus modéré par rapport aux années précédentes.
Du côté de l’offre, des perturbations importantes ont affecté la production mondiale en septembre 2024. La production a chuté de 640 000 b/j, pour atteindre un total de 102,8 millions de barils par jour, en raison notamment des tensions politiques en Libye et des travaux de maintenance dans les champs de pétrole au Kazakhstan et en Norvège. Malgré ces perturbations, l’AIE prévoit une augmentation de l’offre des pays non membres de l’OPEC+ de 1,5 million de barils par jour au cours des deux prochaines années. Ce sont principalement les États-Unis, le Brésil, la Guyane et le Canada qui devraient contribuer à cette hausse, avec des prévisions de production supplémentaires de plus d’un million de barils par jour.
Le rapport de l’AIE souligne également la pression sur les marges de raffinage. En septembre 2024, celles-ci ont diminué en raison d’un écart plus important entre les prix des produits raffinés (essence, diesel, kérosène) et ceux du pétrole brut. En conséquence, les prévisions de production des raffineries ont été réduites pour 2024 à 82,8 millions de barils par jour, soit une baisse de 180 000 b/j par rapport à la prévision précédente. Pour 2025, cette estimation a également été ajustée à la baisse, à 83,4 millions de barils par jour.
En ce qui concerne les stocks mondiaux de pétrole, l’AIE rapporte une diminution continue en août, avec une baisse de 22,3 millions de barils, dont une chute de 16,5 millions de barils dans les stocks de brut. Les stocks commerciaux de l’OCDE ont diminué de 13,4 millions de barils, atteignant un total de 2,8 milliards de barils, soit bien en dessous de la moyenne des cinq dernières années. Toutefois, l’AIE souligne que malgré cette baisse des stocks, les capacités excédentaires des pays producteurs et les stocks mondiaux restent suffisants pour faire face à toute perturbation importante de l’offre.
Les prix du pétrole ont récemment connu une remontée significative, en partie à cause des inquiétudes géopolitiques. En octobre 2024, les contrats à terme sur le Brent ont bondi de 8 dollars pour atteindre 78 dollars le baril, suite à l’escalade des tensions entre Israël et l’Iran, ainsi qu’à la possibilité d’une perturbation des exportations iraniennes. L’AIE a réaffirmé sa capacité à intervenir si nécessaire, rappelant que l’OPEC+ dispose d’une capacité excédentaire record, à hauteur de plus de 5 millions de barils par jour, ce qui devrait suffire pour pallier toute rupture d’approvisionnement majeure. Dans l’ensemble, bien que le marché mondial du pétrole connaisse des tensions et des ajustements, l’AIE estime que l’offre restera suffisante pour répondre à la demande, à condition que les perturbations géopolitiques et les fluctuations de la consommation en Chine ne s’aggravent pas. Toutefois, la situation reste surveillée de près, l’AIE étant prête à intervenir en cas de besoin pour garantir la stabilité du marché.
Par Mourad A.