19/07/2025
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Développement du Partenariat Public-Privé (PPP): Un axe stratégique pour soulager le budget de l’État

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Alors que plus de 40 pays africains ont déjà mis en place des cadres juridiques pour le financement en mode Partenariat Public-Privé (PPP), l’Algérie amorce enfin sa mue. La Caisse nationale d’équipement pour le développement (CNED) s’active à structurer cette nouvelle voie, afin de soulager un budget de l’État de plus en plus sollicité et de moderniser la gestion des grands projets d’infrastructure.

Parmi les priorités actuelles du ministère des Finances et de ses institutions rattachées, figure en bonne place la finalisation d’un cadre légal permettant le recours au financement privé dans les projets d’infrastructure publique. Ce chantier législatif, piloté par la CNED en collaboration avec la Direction générale du budget, marque un tournant dans la politique d’investissement du pays. « Il est temps que l’Algérie rejoigne les 42 à 45 pays africains qui ont déjà légiféré en matière de PPP. C’est un axe stratégique pour soulager le budget de l’État tout en stimulant l’investissement privé dans les infrastructures », a souligné Mohamed Salim Tlidji, directeur général de la CNED, sur les ondes de la « Chaîne III » de la radio nationale. Selon ce dernier, une première version du projet de loi encadrant les PPP a déjà été soumise au Conseil des ministres le 7 janvier 2024, le Président de la République ayant alors demandé son approfondissement. Le texte prévoit la mise en place d’un Conseil national des PPP, d’une commission technique de suivi et d’un cadre de passation propre à ce mode de financement, distinct du modèle classique des marchés publics.

Outre les PPP, d’autres pistes sont explorées pour financer les grands projets : émissions obligataires, recours à la finance islamique à travers des Sukuk, ou encore financement via des institutions comme la Banque africaine de développement. Ces approches visent à multiplier les sources de financement dans un contexte de rationalisation budgétaire.

La CNED supervise actuellement une cinquantaine de projets, d’une valeur globale de 6400 milliards de dinars, tous financés par le budget de l’État. Parmi eux, 2800 milliards de dinars sont dédiés au secteur ferroviaire, notamment pour les lignes minières de Bechartine–Ouenza–Bilel ou de Djebel Onk, stratégiques pour la valorisation des ressources minières du pays. «Nous suivons aussi cinq grandes stations de dessalement d’eau de mer et plusieurs pénétrantes autoroutières. L’objectif est d’assurer une exécution conforme aux plannings et aux coûts prévus », a indiqué M. Tlidji.

Depuis sa création en 2006, la CNED a multiplié les efforts pour améliorer l’efficience de la dépense publique, en intervenant dès les études de maturation des projets, qui conditionnent souvent leur bon déroulement. Avec l’appui de la Banque mondiale, un guide de management des co-projets a été élaboré, formalisant les meilleures pratiques en matière de planification, de suivi et d’évaluation des infrastructures. « Une étude de maturation mal ficelée, c’est un projet voué à la dérive. Notre mission est d’agir en amont pour éviter les surcoûts et les retards », a affirmé le directeur de la CNED. Ces efforts commencent à porter leurs fruits : le projet ferroviaire Khenchela–Aïn El Beïda a été livré en 12 mois, avant les délais contractuels, et d’autres chantiers comme Béchar–Tindouf–Gara Djebilet ou les raccordements des stations de dessalement enregistrent une nette amélioration du rythme d’exécution.

Face aux dérives de certains projets, la CNED a mis en place une procédure d’alerte, permettant d’identifier en temps réel les risques de dépassement de coûts ou de délais. Des réunions sont alors organisées avec tous les acteurs du projet et un rapport est transmis aux plus hautes autorités. « Quand un projet montre des signes de dérapage, nous réunissons les parties prenantes et transmettons une alerte officielle. Cela nous permet de corriger la trajectoire à temps », a expliqué le responsable. Cette démarche est cruciale, sachant qu’en 2020, 127 milliards de dinars supplémentaires avaient dû être injectés pour couvrir les surcoûts des projets routiers et ferroviaires, une situation que les autorités veulent désormais éviter grâce à un suivi renforcé.

Mourad A.

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