14/01/2025
ACTUALITEFINANCE

Discours du Gouverneur de la BA à la 50 éme réunion du CMFI: Plaidoyer pour une coopération internationale renforcée

Le Gouverneur de la Banque d’Algérie, Salah-Eddine Taleb, a indiqué, dans une déclaration à la cinquantième réunion du Comité monétaire et financier international (CMFI), que le recul de la mondialisation observé ces dernières années suscite de vives préoccupations.

Affirmant que des signes de fragilisation de l’intégration économique mondiale étaient déjà perceptibles avant la pandémie, ainsi que les récentes crises économiques et géopolitiques, l’orateur a souligné que la  fragmentation géoéconomique croissante, la formation de blocs commerciaux alignés sur des clivages politiques, la montée du protectionnisme, et le repli des politiques industrielles sur elles-mêmes menacent d’anéantir les gains de bien-être accumulés au cours des dernières décennies.

in Washington on October 25, 2024.

«Ces évolutions perturbent les échanges commerciaux et financiers, en augmentent les coûts et entravent la transmission des connaissances et des technologies, créant ainsi une situation perdant-perdant. Bien que le point de bascule ne soit peut-être pas encore atteint, nous nous en rapprochons rapidement», dit-il dans son discours prononcé au nom de l’Algérie, du Ghana, de la République islamique d’Iran, de la Libye, du Maroc, du Pakistan et de la Tunisie.

En effet, seule une coopération internationale renforcée, un engagement renouvelé en faveur du multilatéralisme et des efforts soutenus de la part de toutes les parties permettront de ralentir, voire de renverser ce processus. «Notre circonscription demeure résolue à collaborer étroitement avec l’ensemble des membres dans cet effort, au service de l’intérêt commun. Nous demeurons fermement attachés à un FMI financièrement solide et doté de ressources adéquates, occupant une place centrale dans le filet de sécurité financier mondial. Le FMI doit continuer d’être une institution essentiellement financée par les quotes-parts de ses membres, et nous sommes résolus à obtenir, dans les délais impartis, l’approbation nécessaire pour une augmentation des quotes-parts dans le cadre de la 16e révision générale. Il est essentiel que le FMI demeure une institution représentative, s’engageant à traiter équitablement l’ensemble de ses membres, quel que soit le domaine ou la dimension abordée», suggère le Gouverneur de la BA, en saluant la création d’une troisième présidence pour l’Afrique subsaharienne, qui reconnaît l’importance accrue de la voix de cette région au sein du conseil d’administration du FMI.

Des réformes structurelles ambitieuses sont indispensables

En outre, l’intervenant a exprimé l’espoir que d’ici notre prochaine réunion en avril, les incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale auront diminué, « nous permettant d’envisager une période durable de stabilité économique et sociale à l’échelle mondiale». À moyen terme, les perspectives de croissance demeurent modestes dans de nombreuses économies avancées et émergentes, dont certaines font face à un endettement élevé.  Dans ce contexte, estime-t-il, des réformes structurelles ambitieuses sont indispensables pour relancer la productivité et accroître le potentiel de croissance dans la plupart des pays, en complément des efforts d’assainissement budgétaire qui traitent la viabilité de la dette de manière spécifique à chaque nation.  En parallèle, « les politiques budgétaires devront prioriser la protection sociale ainsi que la réduction des inégalités de revenus et de genre, au regard de la reprise inégale post-crise, qui a exacerbé les disparités tant entre les pays qu’au sein de ceux-ci».

Bien que les perspectives globales offrent des signes encourageants, des motifs d’inquiétude majeurs demeurent, l’équilibre des risques pour l’économie mondiale ayant basculé vers la baisse depuis la dernière réunion du CMFI.

En effet, les risques régionaux découlant de l’escalade rapide de la guerre d’Israël contre la Palestine et le Liban atteignent un niveau sans précédent depuis plusieurs décennies.  À ces risques s’ajoutent la persistance de la guerre en Europe, la fragmentation géoéconomique et géopolitique, la multiplication des chocs climatiques majeurs et la persistance de conditions financières mondiales tendues.

Chacun de ces éléments, ou une combinaison de ceux-ci, pourrait compromettre les perspectives économiques de la région et au-delà. Les facteurs susceptibles d’améliorer la situation demeurent rares. Une cessation immédiate de toutes les hostilités et l’établissement d’une paix durable en Europe et au Moyen-Orient constituent la première pierre pour une prospérité mondiale et une stabilité économique et sociale durables. « Dans ce contexte mondial incertain et soumis à de multiples chocs, la situation de nombreux pays à faible revenu et économiquement vulnérables demeure préoccupante. Confrontés à des défis tels que l’insécurité alimentaire, la pauvreté, les catastrophes climatiques et de graves problématiques de développement, ces pays subissent des niveaux d’endettement élevés et des coûts de service de la dette contraignants», souligne-t-il.

De plus, la diminution rapide des aides extérieures et des prêts concessionnels de sources traditionnelles freine significativement leurs avancées vers la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) d’ici 2030.

À mi-parcours de la décennie, les ODD échappent déjà à la portée de bon nombre de ces pays, malgré leurs efforts budgétaires et les réformes structurelles engagées. Reflétant directement et indirectement les chocs mondiaux et les contraintes de financement, «il est probable que la décennie des années 2020 devienne une décennie perdue pour les ODD».

Cependant, il est essentiel que les bâilleurs bilatéraux et les institutions financières internationales (IFI), y compris le Fonds, maintiennent l’engagement sur ces enjeux et contribuent à poser les fondations pour la prochaine génération d’ODD.

En ce sens, « nous saluons l’initiative du FMI de renforcer les efforts internationaux en vue de remédier aux pénuries de liquidités et de garantir le financement des dépenses liées aux ODD. L’approche tripartite, proposée conjointement par le FMI et la Banque mondiale, qui intègre les réformes structurelles, la mobilisation des ressources nationales, le traitement de la dette, ainsi qu’un soutien financier adéquat des IFI et des partenaires de développement, est particulièrement bienvenue. De plus, les mesures visant à encourager les investissements directs étrangers et d’autres flux de capitaux privés non générateurs de dette constituent un élément essentiel de cette stratégie, car c’est bien la combinaison de ces leviers qui assurera la réussite des efforts de développement.

Par Zahir R

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