26/12/2024
INTERNATIONAL

France: Faute de budget, le déficit 2025 se situerait « autour de 6 %»

Le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a insisté sur LCI sur la nécessité de voter rapidement un nouveau budget, en début d’année prochaine, afin d’éviter une « perte de crédibilité » de la France.

La censure du gouvernement Barnier « n’est pas le chaos », mais il faut éviter « une perte de crédibilité progressive » de la France en raison notamment d’une « dette trop importante », a estimé dimanche le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, sur LCI. La censure « n’est ni une catastrophe ni quelque chose d’anodin. […] Les marchés n’ont pas frémi, le spread [écart de taux, NDLR] a plutôt un tout petit peu diminué avec l’Allemagne. Notre crédit est surveillé, il est sans doute atteint, on se dit que la France est entrée dans une phase d’incertitude politique, on attend des réponses mais sans pour autant frémir, sans se dire que le pays est tombé », a résumé Pierre Moscovici.

« Ce n’est pas le chaos et ce ne sera pas le chaos, ce que je crains beaucoup plus, c’est une forme d’enfoncement », a-t-il mis en avant. « Nous ne sommes pas menacés par une situation à la grecque, en revanche nous devons être extrêmement vigilants par ce qui nous menace », a encore souligné Pierre Moscovici, en mettant en avant « une dette trop importante qui nous empêche d’agir » et « une perte de crédibilité progressive, comme si on s’enfonçait doucement, comme si on sortait des radars ». Depuis la dissolution, les taux d’intérêt français sont ainsi passés au-dessus de ceux de l’Espagne, du Portugal et même de la Grèce.

Aller vers les 5 % en 2025

Le gouvernement de Michel Barnier s’était fixé l’objectif de réduire le déficit public à 5 % du PIB l’an prochain. Le déficit est attendu à 6,1 % du PIB en 2024, contre 4,4 % prévus initialement. Et pour l’année prochaine ? Le premier président de la Cour des comptes estime que « l’objectif du prochain gouvernement doit être de réduire nettement le déficit et d’aller vers les 5 % », notamment pour avoir « de la capacité à agir dans le futur ».

Mais, pour l’instant, cet objectif paraît lointain et difficilement accessible. « Nous n’allons pas avoir un budget tout de suite, pour faire en sorte d’éviter le ‘shutdown’, on va voter une loi spéciale qui sera extrêmement étroite et réduite, et qui permettra la continuité des services publics actuels. Ensuite, il faudra voter un budget, qui ira vers les 5 % » de déficit public, a estimé Pierre Moscovici.

« Personne ne pourrait dire quel serait le déficit si on se contentait de la loi spéciale, mais il est probable que ce serait autour de 6 %, un tout petit peu moins que 6 % », a-t-il poursuivi. Un niveau sans commune mesure avec les engagements pris par la France à Bruxelles, et qui doivent permettre, alors que Paris fait l’objet d’une procédure pour déficit excessif, d’obtenir un délai avant de revenir sous les 3 % de PIB.

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