Gaz: L’Algérie vise une production supplémentaire de 20 milliards m3/an
L’Algérie a récemment lancé un appel d’offres qui pourrait entraîner une augmentation significative de sa production gazière, avec un objectif de 20 milliards de mètres cubes par an d’ici cinq à dix ans. Cette annonce a été faite par Mourad Beldjehem, responsable de l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft), lors de son intervention à la Semaine de l’Énergie en Afrique à Cape Town (Afrique du Sud).
Selon des estimations préliminaires de « Argus Media », société internationale spécialisée dans la fourniture de données et d’analyses pour les marchés de l’énergie et des matières premières, cette production pourrait atteindre ces niveaux dès deux ans, pour les premiers volumes. Cela représenterait environ 40 % des exportations gazières actuelles de l’Algérie, principalement destinées à l’Europe via des gazoducs sous-marins et des méthaniers. Cette augmentation de la production est d’une importance stratégique pour l’Algérie, qui cherche à accroître sa part de marché sur le marché gazier européen, en particulier après l’interruption des livraisons de gaz russe vers l’Europe en 2022. L’Algérie, l’un des principaux fournisseurs de gaz du continent, voit dans cette initiative une opportunité de diversifier et d’intensifier ses exportations vers l’Europe, alors même que la demande de gaz y est de plus en plus pressante.
Le premier appel d’offres, annoncé le mois dernier, fait partie d’une série de cinq appels qui seront lancés chaque année jusqu’en 2028. Ce tour de table est axé sur les gisements de gaz terrestres, avec cinq des six blocs proposés contenant des découvertes de gaz, et un bloc dédié à un champ pétrolier en production, qui pourrait bénéficier de techniques de récupération améliorée. Mourad Beldjehem a précisé que ces opportunités combinent exploration, développement et exploitation, un modèle destiné à offrir aux entreprises pétrolières et gazières internationales (IOC) un retour rapide sur investissement tout en les incitant à réaliser des travaux d’exploration avancée. « Nous devons faire plus de découvertes pour remplacer nos réserves », a-t-il ajouté, soulignant que, pour l’heure, seule Sonatrach, la société nationale, mène des activités d’exploration dans le pays.
Les conditions contractuelles ont été améliorées grâce à la loi sur les hydrocarbures de 2021, une évolution majeure par rapport au dernier appel d’offres de 2014, qui avait donné des résultats décevants. Ces changements ont été salués par des dirigeants de grandes entreprises pétrolières occidentales, qui ont déclaré à « Argus Media » qu’elles observeraient de près cette nouvelle opportunité. Par ailleurs, l’Algérie mène des négociations bilatérales avec plusieurs IOC pour finaliser 13 contrats, dont quatre pourraient être signés d’ici la fin de l’année.
L’entrée de grandes majors américaines, telles qu’ExxonMobil et Chevron, est également en cours de discussion. Ces géants du pétrole ont exprimé leur intérêt pour les vastes réserves de gaz de schiste de l’Algérie, ainsi que pour son infrastructure gazière développée et sa proximité avec les marchés européens. Les négociations ont maintenant atteint la phase « commerciale », ce qui pourrait marquer un tournant dans la coopération de l’Algérie avec ces acteurs majeurs de l’industrie énergétique mondiale.
L’Algérie a déjà réalisé des progrès notables dans l’augmentation de sa capacité de production de pétrole et de gaz ces dernières années. En 2023, la production de gaz commercialisé a atteint un niveau record de 101 milliards de mètres cubes. Cependant, les exportations, qui se sont élevées à 52 milliards de mètres cubes, restent inférieures aux 60 milliards de mètres cubes par an enregistrés au milieu des années 2000. Le pays poursuit donc son objectif de nouvelles découvertes pour maximiser ses capacités et garantir son rôle de fournisseur clé pour l’Europe dans les années à venir.
Par M A.