IATF 2025: Les startups algériennes à l’honneur
L’Algérie a marqué un tournant majeur lors de la 4ᵉ édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), où ses start-up se sont imposées comme de véritables acteurs de l’intégration économique du continent. Avec des contrats d’envergure et une présence remarquée, elles affichent désormais des ambitions internationales portées par un accompagnement institutionnel renforcé.
Dès les premiers jours de l’événement, la délégation algérienne s’est distinguée par la richesse de son pavillon start-up, qui a réuni plus de 70 jeunes pousses africaines, dont une majorité venues d’Algérie, opérant dans l’agriculture, la santé, l’éducation ou encore les technologies de l’information. « Les start-up sont aujourd’hui au cœur de la transformation économique africaine. Nous avons veillé à ce qu’elles brillent au maximum et qu’elles tirent profit de cet événement majeur », a souligné Noureddine Ouadah, ministre de l’Économie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, sur les ondes de la « Chaîne III » de la radio nationale.
Parmi les temps forts, deux contrats ont marqué les esprits. Le premier, d’une valeur de 150 millions de dollars sur cinq ans, a été signé par une start-up algérienne spécialisée dans la chaîne de valeur automobile avec cinq constructeurs sud-africains. Au-delà de l’approvisionnement, ce partenariat ouvre la voie à un transfert d’expertise et de matières premières, permettant à l’écosystème automobile algérien d’accroître son taux d’intégration. Le second concerne Benos Technologies, déjà connue pour ses réalisations en pleine crise sanitaire, qui a conclu un accord avec le gouvernement de Namibie pour élaborer une stratégie nationale de génération d’oxygène, avant de déployer des générateurs « Made in Algeria » sur le sol namibien.
Pour le ministre, ces succès ne sont qu’un début. « Hier, deux start-up algériennes ont signé des contrats de plusieurs dizaines de millions de dollars. Cela prouve que notre écosystème est attractif et compétitif à l’échelle du continent », a-t-il affirmé, rappelant que « les meilleurs accords se scellent souvent dans les derniers jours de ce type de manifestation ». Au-delà des signatures, l’IATF a été l’occasion de consolider les bases financières et juridiques nécessaires à l’essor des jeunes entreprises. Le ministre a rappelé la mise en place du Fonds commun de placement à risque (FCPR), permettant désormais au secteur privé et aux institutions internationales de lancer facilement des fonds d’investissement en Algérie. Un premier fonds privé a d’ailleurs vu le jour récemment, renforçant la crédibilité du pays auprès d’investisseurs venus « de tous les continents ». L’Algérie ne cache pas ses ambitions : atteindre l’objectif fixé par le président de la République de 20 000 start-up. Pour y parvenir, le gouvernement mise sur un double levier : la création en masse de jeunes entreprises innovantes et la sélection de « pépites » capables de devenir des champions à l’échelle africaine.
C’est dans ce cadre qu’Algeria Ventures a signé deux contrats avec des incubateurs privés, destinés à transformer les projets les plus prometteurs en start-up compétitives. L’internationalisation figure également au cœur de la stratégie. Le programme ASEP (Algerian Startup Expedition Programme), lancé l’an passé, a déjà permis à des start-up de s’ouvrir aux écosystèmes américains, coréens et chinois. Concernant le rendez-vous incontournable «African Startup Conference», organisée chaque année à Alger depuis 2022, le ministre a annoncé que la prochaine édition, prévue du 6 au 8 décembre 2025, ambitionne de mobiliser des fonds africains pour l’innovation, en particulier dans des secteurs stratégiques comme l’intelligence artificielle.
« Nous devons financer nos propres start-up en IA, pour développer des modèles compatibles avec nos cultures et nos besoins, et ne pas rester de simples consommateurs de technologies importées », a averti le ministre, insistant sur la souveraineté numérique africaine. Au terme de l’IATF, le constat est clair : les start-up algériennes franchissent un cap décisif. Avec des contrats historiques, un environnement financier rénové et une projection internationale assumée, elles se positionnent comme des acteurs incontournables du marché africain. « Tout est à prendre dans cette manifestation qui fait rayonner l’Algérie en Afrique et dans le monde. Nous continuerons à accompagner nos jeunes jusqu’à la dernière minute », a-t-il conclu.
Par Mourad A.