Incendies à Los Angeles: Vers une hausse des primes d’assurance

Selon les analystes, le montant total des dégâts causés par les incendies en Californie avoisinerait les 50 milliards, le montant le plus coûteux jamais enregistré dans la région. Les compagnies d’assurance qui avaient déserté la région sont incitées à revenir moyennant des hausses de cotisations.
Les incendies qui ravagent notamment Pacific Palisades et Malibu, deux zones huppées de Los Angeles, seront les plus coûteux jamais survenus en Californie, estiment des experts, qui s’attendent à une hausse des primes dans une région délaissée par de nombreux assureurs.
Les estimations des analystes de JPMorgan sur le montant total des dégâts et des dégâts assurés ont doublé en moins de 24 heures, pour atteindre désormais respectivement 50 et 20 milliards. Et les flammes avançaient toujours sur plusieurs fronts.
Ces niveaux record dépassent déjà largement les incendies Tubbs (2017) et Camp (2018), dont l’estimation des dommages assurés grimpe, selon les sources, jusqu’à 16 milliards. La valeur des maisons fait toute la différence : à ce stade, plus de 10.000 bâtiments ont été détruits cette semaine, en grande majorité des maisons valant en moyenne trois millions de dollars. Par comparaison, quelque 18.000 bâtiments avaient été détruits dans l’incendie Camp, mais la valeur moyenne des maisons était de 500.000 dollars.
Pas de risque de non-indemnisation selon les experts
Selon David Burt, patron-fondateur de la société de conseils DeltaTerra sur les risques financiers liés au changement climatique, la valeur de marché des 15.400 maisons de Pacific Palisades atteint près de 13,50 milliards de dollars. Pour autant, les experts considèrent que les compagnies d’assurance n’auront pas de problème pour indemniser leurs clients.
D’après l’agence de notation Standard and Poor’s, les assureurs commencent l’année avec de confortables réserves grâce aux bons résultats financiers engrangés en deux ans et ils ont fortement réduit leur présence dans les régions californiennes très exposées aux risques d’incendies. Ils sont également bien diversifiés.
Même sentiment chez JPMorgan, qui insiste sur le fait qu’à ce stade, ce sont surtout les garanties habitation qui vont être sollicitées puis, dans une moindre mesure, les couvertures pour les entreprises/commerces et automobiles.
« Il y a eu un exode massif des gros acteurs du marché dans cette partie de la Californie », a relevé vendredi Ben Keys, professeur spécialisé dans l’immobilier et la finance à l’Ecole Wharton de l’université de Pennsylvanie, lors d’une conférence. Selon lui, le taux de non-renouvellement des contrats a été « énorme récemment » dans l’État.
Pour faire revenir les compagnies d’assurance, les hausses de cotisations seront possibles
Le commissaire aux assurances de Californie, Ricardo Lara, a annoncé dès mercredi une protection, pendant un an, pour les propriétaires des zones touchées et avoisinant ces incendies, contre les non-renouvellements et résiliations de garanties. Ce type de mesure a protégé plus d’un million de contrats en 2024. L’Etat côtier a mis en place dès 1968 un système public d’assurance, baptisé FAIR, pour les propriétaires ne trouvant plus d’assureur privé.
Ce « pansement devait être temporaire, le temps que les gens passent d’une police d’assurance à l’autre mais il est désormais étendu bien au-delà », a déploré M. Keys, précisant que son exposition était passée de 50 milliards en 2018 à plus de 450 milliards de dollars actuellement. Pour faire revenir les compagnies, M. Lara a aussi engagé une réforme les autorisant à augmenter les cotisations à condition qu’elles n’appliquent aucune exclusion géographique.
« Plus question de faire du picorage » pour sélectionner les meilleurs contrats, a résumé Susan Crawford, spécialiste du climat et de la géopolitique à la Fondation Carnegie pour la paix internationale. D’après elle, « l’accélération des événements climatiques féroces (…) devrait déclencher une prise de conscience du fait que les choses doivent changer ».