Industrie automobile: L’intégration africaine prend forme à Alger
Le Salon africain de l’automobile, organisé dans le cadre de la 4ᵉ édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), a ouvert ses portes vendredi au Palais des expositions d’Alger, en présence des principaux acteurs du secteur automobile du continent.
Cette rencontre marque une étape clé dans les efforts visant à bâtir un véritable écosystème industriel africain, capable de répondre à la demande croissante en véhicules et de dynamiser le commerce intra-africain.
Représentant le Premier ministre par intérim, Sifi Ghrieb, le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, a inauguré le Salon aux côtés de responsables algériens et étrangers, dont la ministre tunisienne de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Chiboub, ainsi que des représentants de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et de l’Association africaine des constructeurs automobiles (AAAM).
Dans une allocution lue en son nom, M. Ghrieb a rappelé que l’Algérie dispose déjà d’atouts importants dans la fabrication automobile, notamment dans les engins lourds utilisés dans les travaux publics et l’agriculture, où les taux d’intégration nationale atteignent 70 %. Il a mis en avant la stratégie ambitieuse du pays visant à développer l’industrie des véhicules légers, avec un objectif d’au moins 30 % de pièces produites localement, grâce à l’implication des fournisseurs nationaux et étrangers. « Grâce à sa position géostratégique de porte d’entrée de l’Afrique vers l’Europe et à ses infrastructures modernes, l’Algérie peut devenir un hub régional de production et de distribution, un espace d’intégration industrielle et un vecteur de coopération intra-africaine », a-t-il affirmé. En accueillant l’IATF, l’Algérie « entend se poser en partenaire actif dans le façonnement de l’avenir de l’industrie automobile en Afrique, en vue de renforcer l’indépendance de la décision économique du continent et d’offrir de nouvelles opportunités de croissance et de prospérité à ses peuples », a ajouté le Premier ministre par intérim, voyant dans cette foire un espace propice à la conclusion de partenariats fructueux et un point de départ vers la construction d’une industrie africaine intégrée, compétitive et durable.
Coopération régionale et vision prospective
Les débats organisés en marge du Salon ont mis en évidence l’importance de la coopération régionale. Pour la présidente de l’AAAM, Martina Biene, « l’Afrique a besoin de solutions africaines » fondées sur ses ressources humaines et matérielles, et doit accélérer la construction d’un écosystème intégré. Selon elle, le continent pourrait produire entre 3,5 et 5 millions de véhicules par an d’ici 2035, créant ainsi des millions d’emplois et consolidant les chaînes d’approvisionnement locales. De son côté, Themba Khumalo, conseiller auprès de la ZLECAf, a appelé à investir davantage les capacités financières internes de l’Afrique afin de réduire la dépendance aux financements extérieurs. Il a insisté sur la nécessité de mettre en place un environnement commercial compétitif pour attirer les investissements directs et soutenir la fabrication locale de composants.
Le directeur général du développement industriel au ministère de l’Industrie, Kheireddine Benaïssa, a pour sa part souligné que l’Afrique est en train de passer du statut de consommateur à celui de producteur, grâce à l’essor de la sous-traitance et au retour des grandes marques mondiales.
Un mémorandum pour structurer la filière
En marge de la rencontre, un mémorandum d’entente a été signé entre Afreximbank et l’AAAM afin de promouvoir le commerce et l’investissement dans le secteur. Cet accord porte sur trois axes majeurs : le lancement de chaînes régionales pour l’industrie des batteries automobiles, l’élaboration d’une politique de financement dédiée et le renforcement des capacités locales. Pour Hichem Elloumi, président du groupe tunisien COFICAB, des progrès notables sont enregistrés en matière de recherche et développement, mais des obstacles logistiques continuent de freiner les échanges intra-africains. Les participants ont ainsi insisté sur l’importance de la certification d’origine des véhicules et composants, de la modernisation des infrastructures logistiques et de l’adaptation aux mécanismes de la taxe carbone imposée par l’Europe.
Par ailleurs, le vice-président exécutif d’Afreximbank, Haytham El Maayergi, a salué le rôle de l’Algérie dans l’organisation de ce Salon, estimant que le continent possède tous les éléments pour bâtir une industrie automobile intégrée, moteur du commerce intra-africain et de la prospérité commune. En somme, le message porté par cette édition de l’IATF est clair : l’industrie automobile peut devenir l’une des locomotives de la transformation économique africaine, à condition de miser sur les ressources locales, d’élargir les partenariats et d’investir dans des chaînes de valeur régionales solides. Il est à rappeler que le Salon africain de l’automobile se poursuit jusqu’au 10 septembre, avec au programme conférences, workshops et rencontres B2B, offrant une plateforme unique pour renforcer la coopération et dessiner la future carte industrielle du continent.
Par Sirine R