La campagne labours-semailles lancée: Le défi «réalisable» de l’autosuffisance alimentaire
Sciences et organisation, sont les maitres mots pour, une agriculture réussie. L’Algérie s’est fixée comme but de s’auto-satisfaire en agriculture et particulièrement pour les céréales, tous types confondus. La réussite ne devant pas être une question de hasard, tous les spécialistes s’accordent à dire, qu’il est essentiel d’avoir recours à une agriculture pensée en tant que telle, avec la science mise en avant. Un avis partagé par Arezki Mekliche Professeur et maitre de conférence à l’Institut nationale d’agronomie.
En effet, pour cet expert qui s’est exprimé chez nos confrères, le but pour atteindre notre autosuffisance, est un objectif réalisable pour peu que soient réunies toutes les conditions préalables. Pour l’intervenant, il faut avant tout savoir quoi semer, où et comment.
Si la volonté tant politique que professionnelle y sont, il faut procéder d’une manière scientifique, en ce sens que l’on ne doit pas se suffire d’élargir l’espace emblavable, mais d’introduire aussi et surtout la science pour définir les variétés cultivables ainsi que l’exploitation des techniques modernes d’irrigation dans le contexte climatique critique que subit notre agriculture ».
Pour cet expert, pour atteindre l’autosuffisance, quatre objectifs ambitieux sont à réaliser, à savoir l’élargissement des espaces irrigués, une irrigation rationnelle, l’amélioration de la productivité et l’adaptation des cultures aux microsystèmes. Aussi, lors de son intervention Arezki Mekliche a fait le constat que des agriculteurs, en possession de gros moyens (tracteurs puissants, par exemple) ont achevé de labourer le sol et peuvent commencer à semer dans les quatre coins du pays sans attendre la pluie. Or pour lui, la réussite dépend aussi de la manière dont sont organisés nos agriculteurs.
Nonobstant, le fait que ceux-ci doivent au préalable avoir réunis toutes les semences nécessaires et adaptées à leur production et en temps voulu, ils doivent pour gage de réussite,s’organiser en coopératives pour avancer, sans attendre la pluie, expliquant que la quantité d’eau dépend des régions et des espèces. «Il faut commencer par les cultures fourragères comme l’avoine, l’orge et le triticale pour qui le climat est favorable à produire de la biomasse et ont besoin des pluies en avril-mai », conseille-t-il. En projection de l’autosuffisance du blé, l’expert évoque l’autosuffisance en orge à laquelle les pouvoir publics ont réservé un espace d’un million d’hectares. « Parmi les autres céréales, l’orge est moins capricieuse en eau et moins sensible à la qualité du sol », fait-il observer, s’interrogeant « pourquoi on a pu atteindre notre autosuffisance en la matière avec cette culture facile, alors qu’avec notre climat, notre sol ne devait jamais manquer d’orge ? ».
La cartographie négligée
Revenant sur la feuille de route pour réaliser l’autosuffisance en matière céréalière, l’expert souligne que « le vrai challenge des pouvoirs publics est de s’investir pour exiger le respect des microsystèmes ». « Les agriculteurs ne doivent pas cultiver n’importe quoi n’importe où », avise-t-il, soulignant qu’« il ne faut pas cultiver le blé où pousse l’orge en abondance dans un climat à faible pluviométrie ».
« Il faut appliquer à la lettre à l’itinéraire technique tracé par le comité et veiller à le faire respecter », préconise le professeur.
Il faut aussi, dit-il, exploiter des sources en complément d’irrigation en puisant dans l’eau épurée et les eaux des retenues colinéaires, ainsi que l’utilisation des pivots même dans les petits espaces (3 hectares par exemple) pour économiser beaucoup d’eau.
Pour rappel, pour cette campagne, 3.7 millions d’hectares sont à cultiver, un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes et ce, en prélude à une autosuffisance en blé dur en produisant en 2025 quelque 1.5 million de tonnes de blé.
Pour cela, l’Etat a tout mis en place tel les engrais, les semences et d’énormes facilitations pour les agriculteurs, encore faut-il que ces derniers doivent se solidariser via des coopératives pour travailler en commun, afin d’améliorer leurs productions d’année en année, avec l’espoir d’une bonne pluviométrie.
Par Réda Hadi