La pâte à tartiner El Mordjene inquiète l’UE
Effet des réseaux sociaux, la pâte à tartiner algérienne continue de faire polémique en France. Information ou intox ? Toujours est-il, que ce produit qui suscite l’engouement en France, semble inquiéter le ministre démissionnaire de l’Agriculture, qui selon des sources françaises, aurait demandé une enquête sur les conditions de son importation, tandis que l’UE, dans la foulée vient de l’interdire provoquant la colère de consommateurs français et algériens.
Le succès de cette pâte à tartiner est incroyable. Le phénomène devient viral, mais n’est pas du goût de l’Union européenne qui vient d’interdire la commercialisation des pots à la couleur de beurre de cacahuètes.
El Mordjene Cebon n’a pas droit de cité sur le territoire européen, «l’Algérie ne remplissant pas l’ensemble des conditions nécessaires pour permettre à un pays tiers d’exporter vers l’Union européenne des marchandises contenant des produits laitiers destinés à la consommation humaine dans le respect des exigences européennes en matière de santé animale et de sécurité sanitaire des aliments», a expliqué le ministère de l’Agriculture français à l’AFP.
Une enquête a été ouverte «afin de déterminer les mécanismes de contournement qui ont pu permettre jusqu’à présent la mise sur le marché de cette marchandise», a ajouté le ministère. Cette pâte à tartiner algérienne qui s’arrache à prix d’or n’aurait jamais dû être commercialisée dans l’Hexagone, a confirmé le ministère de l’Agriculture, invoquant la réglementation européenne.
Deux envois (de pâte à tartiner El Mordjene Cebon, NDLR) sont actuellement bloqués dans les postes de contrôle frontaliers français, selon la même source.
Seul le géant français de la distribution Carrefour a manifesté pour le moment son intention de la mettre en vente. Il a expliqué lundi à l’AFP «espérer pouvoir la commercialiser au plus vite (…) dans le respect de la réglementation européenne relative à l’importation des produits alimentaires».
Interrogés, Auchan, Aldi, Casino et Lidl ont indiqué ne pas commercialiser cette pâte à tartiner. Casino (Franprix, Monoprix) a indiqué ne pas prévoir de le faire « à date ». Les autres acteurs de la grande distribution, dont le leader E.Leclerc et Intermarché, n’ont pas répondu.
El Mordjene fait –il peur ?
En France, le leader du secteur est de loin le Nutella, produit par l’italien Ferrero, qui détient plus des trois quarts du marché des pâtes à tartiner chocolatées en grandes surfaces, selon des données de la fédération du secteur (FCD), dit ne pas être inquiet. Ferrero indique avoir vendu l’an dernier « près de 90 millions de pots de Nutella en France », soit un peu moins de trois (2,85) chaque seconde.
C’est d’ailleurs l’hégémonie du Nutella sur le marché européen qui a provoqué la décision de l’Union européenne, affirme le président de l’association algérienne de protection des consommateurs (Apoce) Mustapha Zebdi. Beaucoup d’économistes, estiment que c’est plus un décision politique qu’économique.
Ce dernier a déclaré à la presse algérienne que « le produit entrait et voyageait, et quand il est devenu un danger pour leur produit bien-aimé, ils ont fait tous les tests et sorti toutes les normes ». « Nous allons prendre une décision ferme », a-t-il promis, sans élaborer davantage.
En Algérie, des habitants se disent fiers du succès international du produit. En France même les diététiciens assurent de la bonne qualité de cette pâte et de rappeler que la pâte à tartiner en question, à base de noisettes grillées, fait l’objet d’une importante couverture médiatique à la suite de recommandations par des comptes influents sur les réseaux sociaux. « Si on schématise, c’est la même chose que le Nutella, sauf qu’il y a plus de noisettes », a analysé Anne-Marie Goldenberg, diététicienne et nutritionniste lyonnaise, interrogée par Le Progrès. « C’est ce qu’on appelle un produit plaisir. Et c’est aussi important d’en intégrer dans son alimentation, en l’associant à de bons aliments, comme un pain complet ou semi-complet pour le cas de cette pâte à tartiner. »
Par Réda Hadi