Le MAE espagnol attendu à Alger: Vers un dégel des relations ?
Selon des médias espagnols, le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, entame une visite officielle en Algérie, dès lundi, à l’invitation du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf. Le ministère espagnol des Affaires étrangères tentera, lors de cette visite, de concrétiser la fin de la crise qui a éclaté en mars 2022 entre l’Algérie et l’Espagne.
Les mêmes sources, soulignent qu’Albares a plaidé en faveur du fait que «l’Espagne n’a pris aucune mesure affectant l’Algérie ou les citoyens algériens», appelant au dialogue, à la réorientation des relations diplomatiques et à l’établissement de relations avec l’Algérie.
À l’époque, l’Algérie avait décidé de rappeler son ambassadeur en Espagne pour protester contre le soutien apporté par le gouvernement espagnol, dirigé par le Premier ministre Pedro Sanchez, au plan du Maroc concernant le Sahara occidental. L’Algérie a alors, décidé de suspendre l’application de l’accord de coopération et de bon voisinage avec le Royaume d’Espagne, ce qui a causé de lourdes pertes aux entreprises espagnoles et les a poussées à exercer des pressions sur leur gouvernement pour rétablir les relations avec l’Algérie et reconsidérer son soutien au Maroc.
Quelques semaines plus tard, Alger, ne se contentant pas de rappeler son ambassadeur et de lancer moult mesures économiques – augmentation du prix à l’export du gaz, suspension de lignes aériennes, blocages des importations d’Espagne –, est revenu à la charge après la confirmation de la position espagnole par Sanchez devant le Parlement, en suspendant la Traité d’amitié de bon voisinage et de coopération avec Madrid.
Depuis, les retombées économiques de cette rupture n’ont cessé de peser sur la relation bilatérale avec une baisse de plus de 80 % des exportations espagnoles vers l’Algérie. Des centaines d’entreprises espagnoles ont été violemment affectées par ces mesures de rétention, sans oublier les désagréments humains pour cause de rareté des liaisons aériennes entre les deux pays.
Retour de situation, fin septembre 2023, lors de la 77e Assemblée générale de l’ONU, Pedro Sanchez a demandé lors de son discours que l’on parvienne, dans le dossier du Sahara occidental, à «une solution politique mutuellement acceptable dans le cadre de la Charte des Nations unies et des résolutions du Conseil de sécurité», tout en précisant que l’Espagne continue de soutenir «le travail fondamental de l’envoyé spécial de l’ONU». Une attitude perçue à Alger comme un rétropédalage, d’autant que Sanchez a évité de rappeler à l’ONU son précédent positionnement pour la solution marocaine.
C’est d’ailleurs lors de ce même événement à l’ONU que des contacts entre parties algérienne et espagnole ont été établis, selon Djamel Eddine Bouabdallah, président du Cercle de commerce et d’industrie algéro-espagnol (CCIAE). « Il y a eu des contacts entre les deux parties en septembre à New York en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. Il y a eu une entente sur un retour progressif des relations entre l’Algérie et l’Espagne », confia Djamel Eddine Bouabdallah à des medias nationaux.
Depuis, d’autres signes d’apaisement ont marqué ce début de retour à la normale, comme la visite, fin octobre, à Alger, du patron du géant pétrolier et gazier espagnol Naturgy, Francisco Reynés, qui a été reçu par le PDG du groupe Sonatrach, Rachid Hachichi. Il est annoncé également le retour progressif des liaisons aériennes – le vol Alger-Palma a été rouvert début octobre.
Sur le plan politique, de nouvelles séquences seront enclenchées après l’aval de Madrid du nouvel ambassadeur Abdelfattah Daghmoum, notamment la reprise des réunions techniques, puis politiques à différents niveaux et des échanges de visites officielles, pour aboutir « à moyen terme » selon des sources, à la relance du Traité d’amitié.
Pour rappel, le gel des opérations bancaires entre les deux pays a entraîné un manque à gagner de 487 millions d’euros pour l’Espagne en seulement quatre mois. Ce qui a mis l’Espagne dans une position inconfortable.
Alors cette visite du Ministre espagnol des AE devrait raffermir ce traité mis en sourdine, et sceller une nouvelle coopération. Selon des sources espagnoles, M. Albares dont la dernière visite en Algérie remonte à décembre 2021, devrait avoir des entretiens en tête-à-tête avec Attaf avant d’être reçu par le président de la république Abdelmadjid Tebboune. Il devra également rencontrer des entrepreneurs algériens et des professeurs de langue espagnole de l’université Alger 2. Toujours selon les mêmes sources, le déplacement à Alger du chef de la diplomatie espagnole intervient également dans un contexte de bouleversements dans la région du Sahel et de la poursuite de l’agression israélienne contre la population civile palestinienne à Gaza. Ces deux dossiers brulant de l’actualité internationale devraient être également au cœur des entretiens entre Attaf et Albares .
Par Réda Hadi