Le prix du pétrole tiré vers le haut: Les raisons d’une hausse
Après une augmentation continue de son prix au cours des dernières semaines, les cours du pétrole sont montés vendredi à un sommet de plus de cinq mois, dopés par la perspective d’une riposte iranienne contre Israël et l’éventualité d’une perturbation de l’offre d’or noir. Reste que ce dimanche (hier), les marchés du Golfe étaient en légère baisse, donnant une première indication de la réaction des investisseurs à la riposte de l’Iran sur l’attaque de son ambassade. Mais cela ne semble pas perdurer, car les prix risquent de flamber.
Ce weekend, l’indice boursier de référence de l’Arabie saoudite a chuté de 1,8 % dans les premiers échanges, tandis que le principal indice qatari était en baisse de 1,6 %, le prêteur du Golfe QNB étant en tête des pertes.
Pourtant ce samedi l’Iran a riposté par une attaque de drone et de missiles en réponse à une attaque aérienne israélienne présumée, ce qui fait planer la menace d’un conflit régional plus large, et des inquiétudes sur les prix.
« Si le conflit se poursuit au lieu de s’intensifier, nous assisterons probablement à un soupir de soulagement pour les actions, même si les prix du pétrole, l’or, le dollar et les obligations intègrent tous une prime de risque pour refléter le conflit », a déclaré Brian Jacobson, économiste en chef chez AnnexWealth à Milwaukee, dans le Wisconsin. Reste que cette situation si elle tendait à s’aggraver, influera automatiquement sur les prix.
A ce sujet, pour Baghdad Mendouche expert en questions énergétiques et ancien PDG d’une filiale de Sonatrach s’est exprimé chez nos confrères de la radio nationale et estime que la riposte iranienne impactera assurément sur le prix du pétrole.
Pour lui, la tendance haussière des prix du pétrole va se maintenir sur toute l’année 2024, sous l’effet de la hausse de la demande mondiale sur le marché, encouragée par la reprise de la croissance économique et des facteurs géopolitiques. « L’ensemble des facteurs en relation avec les fondamentaux du marché sont favorables au maintien à la hausse des prix du pétrole, notamment les réductions de l’Opep+ et la hausse de la demande tirée de la croissance de l’économie mondiale, essentiellement de la Chine, de l’Inde et des Etats-Unis » , affirme-t-il. S’agissant de la demande mondiale, l’expert a souligné que celle-ci va augmenter surtout durant l’été qui est une période de grande mobilité et d’utilisation de tous les modes de transports, terrestres et aériens. En outre, la situation en mer Rouge a impacté le fret maritime, « où les navires commerciaux sont obligés de faire des détours, ce qui implique plus de temps et de distance avec une importante consommation de gasoil. C’est un facteur important qui faudrait rajouter à l’analyse sur les prix », a précisé cet ancien PDG d’une filiale de Sonatrach .
Les raisons de la tendance haussière du prix du pétrole sur les marchés mondiaux sont également liées aux facteurs géopolitiques actuels, a ajouté M. Mendouch évoquant notamment la situation au Proche-Orient et la riposte de l’Iran contre l’entité sioniste qui vont peser encore sur les prix de l’or noir. L’appréciation du marché pétrolier est soutenue aussi, selon lui, par les analyses faites par des experts de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui tablaient sur une hausse de la consommation mondiale de pétrole autour de 104,5 millions de barils jour en 2024, tandis et l’AIE, organisation qui défend les consommateurs, s’attendait à ce que la demande variera entre 100 et 102 millions de barils/j.
L’Algérie doublement avantagée
Cette situation du marché pétrolier profitable à tous les pays producteurs de l’Opep, a un double avantage pour l’Algérie, a relevé par ailleurs l’expert, citant le fait que le pétrole algérien référencé le Sahara Blend est plus demandé par l’industrie de raffinage, ainsi que son impact positif sur les contrats gaziers à long terme qui sont indexés sur les cours du brut.
Pour cet expert, le prix du baril de Brent va nettement augmenter si la crise au Moyen-Orient va perdurer, notamment, après la riposte menée par l’Iran contre l’entité sioniste, dans la nuit de samedi à dimanche.
Une augmentation qui, selon lui, a déjà débuté, car le prix du baril de Brent est passé de 91.5 $ à 92 $, soit une hausse d’un demi-dollar.
Il n’y a pas que la géopolitique
Cet accroissement du prix du baril de Brent ne peut être expliqué, uniquement, par la situation géopolitique avec le conflit entre l’Iran et l’entité sioniste ou encore l’agression barbare menée par cette dernière contre la bande de Ghaza, depuis plus de sept mois.
M. Mendouche poursuit que l’augmentation du prix du pétrole trouve son explication, également, dans les discisions prises par l’Opep+, depuis 2022, concernant la diminution de la production du pétrole de 2,2 millions de barils par jour, ainsi que dans la crise en mer Rouge.
Par Réda Hadi