18/09/2025
INTERNATIONAL

L’Europe reste dépendante de la Russie pour le gaz

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Les pays de l’Union européenne (UE) dépendent encore du gaz russe dans sa version liquéfiée. Cette dépendance s’est même renforcée à la lumière de l’étude réalisée par l’ONG Global Witness, à partir des données du cabinet Kpler.

Entre janvier et juillet 2023, les pays de l’UE ont acheté 22 millions de m3 de gaz naturel liquéfié (GNL), en provenance de Russie, contre 15 millions au cours de la même période en 2021, soit un bond de 40 %. Selon les chiffres détaillés, ce sont surtout l’Espagne et la Belgique qui sont responsables de cette progression.

Le voisin ibérique a vu passer ses importations russes de 3,7 millions de mètres cubes à 7,5 millions sur la période. Pour la Belgique, les chiffres s’inscrivent respectivement à 2,7 et 7,1 millions. Ces deux pays sont de peu battus par la Chine en tant que principaux acheteurs.

La France, si elle a réduit ses achats, voit passer son volume de 5,2 millions de m3 pour les sept premiers mois de 2021 à 4,5 pour la même période cette année. Au total, en utilisant les prix du GNL russe estimés par le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur, Global Witness prévoit que les achats de l’UE en 2023 s’élèveront à 5,29 milliards d’euros. L’Etat russe en profite peu En l’état, l’Europe ne peut pas se passer du GNL russe. « Les pays de l’Union ont réduit de 40 % en 2019 à 15 % aujourd’hui leur dépendance au gaz russe, dont la moitié est constituée de GNL », observe Thierry Bros, spécialiste des questions d’énergie et professeur à Sciences Po.

Si l’Europe peut se permettre de mettre un embargo sur les achats de pétrole et de charbon russe, elle ne pourra le faire qu’à partir de 2027 environ pour le GNL, selon les récentes estimations de la Commission européenne. Le temps que les projets de production de GNL aux Etats-Unis, au Qatar et en Australie soient achevés pour que l’Europe puisse en bénéficier. Les achats européens participent-ils au financement de l’effort de guerre russe contre l’Ukraine ? « Ce serait une erreur de jugement. Ce sont plutôt les sociétés privées qui bénéficient des revenus plus que le Trésor russe. Le GNL russe est nettement moins taxé et rapporte environ quatre fois moins que le gaz classique transporté par gazoduc », explique Thierry Bros.

Global Witness pointe ainsi le fait que Shell et TotalEnergies ont continué à échanger du GNL russe après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Une analyse précédente de l’ONG de juillet 2023 montre en effet que Total est le plus grand acquéreur non russe de GNL russe, ayant acheté près de 4,2 millions de mètres cubes depuis le début de l’année.

Auditionné par les par lementaires français, à l’automne 2022, Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergie avait alors indiqué l’impossibilité de cesser dans l’immédiat toute activité en Russie sur le GNL et que son groupe servait avant tout le « bien-être » des Européens.

Pour l’heure, ces achats de GNL russe permettent à l’Europe d’afficher un taux de remplissage des stocks de gaz aux environ de 92 %, au-dessus de l’objectif de 90 % en novembre fixé par l’exécutif bruxellois. « Je reste serein pour le début de l’hiver. Nous sommes sur les bons rails et la consommation de gaz en Europe devrait baisser de 8 % cette année », indique Thierry Bros. Toutefois, si l’hiver est rude ou si le président russe, Vladimir Poutine, impose une réduction de la production de GNL dans son pays, des tensions sur les prix pourraient voir le jour. A ce stade, la vigilance reste de mise encore pendant deux à trois ans, le temps que les capacités de production de GNL progressent.

Agence

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