L’importation des viandes autorisée à nouveau
Gelée depuis 2020, l’importation des viandes rouges et blanches est de retour. Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a annoncé hier dimanche que dans le cadre de l’approvisionnement du marché national en produit alimentaire de large consommation, notamment les viandes blanches et rouges, le gouvernement a décidé finalement le retour à l’importation.
En effet, les opérateurs économiques (privé et public) intéressés par l’importation des viandes blanches (congelées) sont appelés à déposer les demandes pour l’obtention d’autorisations sanitaires d’importation via la plate-forme numérique (pslmadr.gov.dz) à partir de 10 septembre jusqu’à 20 septembre, lit-on dans la note du ministère.
Les importateurs doivent présenter un programme annuel d’importation, ajoute la même source. En plus des viandes blanches, l’Algérie autorise aussi l’importation des viandes bovines fraîches, réfrigérées et emballées sous vide. Les importateurs peuvent aussi importer de la viande ovine fraîche, réfrigérée et congelée. « L’opération d’importation des viandes est ouverte à tous les opérateurs publics et privés », précise le ministère de l’Agriculture dans une deuxième note.
Il est à rappeler que le gouvernement avait pris une série de mesures depuis 2020, visant à la protection de la production nationale, mais cette dernière s’est avérée insuffisante et n’est pas en mesure de répondre aux besoins du marché national. Les prix des viandes rouges et blanches ont atteint des niveaux élevés, voire excessifs. Le marché est en situation de déséquilibre.
Donc le recours à l’importation devient une nécessité au moins durant cette période, en attendant la restructuration des deux filières d’élevages (ovine et bovine) et également la filière avicole. La sécheresse et la hausse des prix des intrants (aliments) ont aggravé la situation de ces deux filières importantes. Plusieurs mesures ont été prises par le ministère de l’Agriculture pour accompagner les éleveurs, mais qui sont jusqu’à présent «insuffisantes».
Sans donner plus de détails sur les quantités et le circuit de la commercialisation de ces produits une fois importés, le ministère du l’Agriculture précise dans son communiqué que le retour à l’importation vise à la stabilisation des prix et l’approvisionnement du marché en quantité suffisante.
En effet, ces mesures s’inscrivent dans le cadre de la nouvelle stratégie du gouvernement visant l’approvisionnement du marché en produit alimentaire en quantité suffisante et à des prix «raisonnables». Actuellement, les prix des viandes rouges sont affichés à partir de 2000 DA/kg et la viande du poulet à 540 DA/kg. Des prix qui sont hors de portée des ménages.
Il est à rappeler que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune avait donné des instructions fermes à l’Exécutif afin de prendre les mesures adéquates pour la stabilisation des prix et préservations du pouvoir d’achat du citoyen. Il a souligné clairement que : « le citoyen est une ligne rouge, son bien-être est la priorité des priorités». Depuis cette annonce, les procédures d’importations ont été assouplies, tout en protégeant la production nationale.
D’ailleurs, cette opération d’importation renforcera la production nationale, et permettra d’agir dans l’immédiat pour réguler le marché et se préparer pour le mois de Ramadhan, dont la demande sur les viandes va doubler. Selon le président de l’Association nationale des commerçants et artisans, Hadj TAHAR Boulenouar, la production nationale en viande rouge ne dépasse pas un millions de tonnes, alors que le marché national a besoin de 1,5 million de tonnes, soit un déficit de plus de 5 00 000 tonnes !
Si le retour à l’importation est qualifié d’une bonne chose notamment pour le consommateur et les opérateurs activant dans le domaine de l’importation, les éleveurs se sont montrés inquiets pour l’avenir de la filière de l’élevage. Le secrétaire général de la Fédération nationale des aviculteurs, Ali Bouchaïba, a estimé dans une déclaration à la presse que la décision du ministère n’est pas claire. «La production avicole se porte bien. Nous avons atteint l’autosuffisance. Pourquoi vouloir recourir à l’importation ? C’est une décision qui fera du mal aux producteurs», a-t-il soutenu. Selon lui, la situation actuelle est conjoncturelle et les prix vont baisser dans les tout prochains jours. «C’est une décision unilatérale. En tout cas, l’importation n’est pas une solution salvatrice», a-t-il soutenu.
Par Sirine R