L’uranium du Hoggar, un levier stratégique pour l’Algérie
Face aux défis de la transition énergétique mondiale et à la quête croissante de sources d’énergie à faible émission carbone, l’Algérie peut compter sur un atout stratégique encore peu exploité : ses vastes réserves d’uranium, situées principalement dans les régions du Hoggar et de Tamanrasset. Selon la plateforme spécialisée « Attaqa.net », ce potentiel place le pays parmi les cinq principales nations arabes disposant de ressources significatives en uranium, aux côtés de la Mauritanie, de l’Arabie saoudite, de l’Égypte et de la Jordanie.
Les estimations font état de quelque 29 000 tonnes d’uranium présentes dans le sous-sol algérien. Ces ressources, identifiées grâce à des campagnes de prospection intensives menées dans les années 1970, se trouvent majoritairement dans des zones géologiquement prometteuses comme le massif du Hoggar et le plateau du Tassili n’Ajjer, deux régions historiquement connues pour leur richesse minérale. Pourtant, malgré ce potentiel reconnu, l’Algérie a gelé en 2012 l’exploitation industrielle de ces gisements pour des raisons stratégiques. Une décision qui, à l’époque, visait à préserver les ressources naturelles du pays dans un contexte régional et géopolitique sensible. Mais aujourd’hui, avec l’évolution des priorités énergétiques mondiales et la nécessité de diversifier le mix énergétique national, la relance de l’exploitation de l’uranium pourrait revenir au centre des débats.
Le développement de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques pourrait en effet ouvrir une nouvelle ère pour l’Algérie. En s’appuyant sur ses ressources naturelles, le pays pourrait renforcer sa sécurité énergétique, diversifier ses exportations hors hydrocarbures et s’imposer à terme comme un acteur régional de l’énergie nucléaire civile. Une telle démarche impliquerait néanmoins la mise en place d’un cadre réglementaire rigoureux, le renforcement des compétences techniques locales, ainsi que la collaboration avec des partenaires internationaux expérimentés. D’autant plus que la dynamique régionale s’accélère. L’Égypte, par exemple, avance rapidement dans la mise en œuvre de sa centrale nucléaire à El-Dabaa, tandis que la Jordanie développe ses capacités de production de « yellow cake », et que l’Arabie saoudite envisage de construire deux réacteurs nucléaires d’ici la prochaine décennie. Dans ce contexte, l’Algérie ne peut rester en marge plus longtemps. À l’heure où les enjeux environnementaux et énergétiques redessinent les équilibres mondiaux, les réserves d’uranium de l’Algérie apparaissent comme une carte maîtresse encore à jouer. Une carte qui, bien exploitée, pourrait transformer les déserts du Sud en moteur stratégique d’un avenir énergétique souverain et durable.
L’Algérie au cœur des nouvelles ambitions énergétiques euro-méditerranéennes
Dans un contexte mondial de transition énergétique accélérée, l’Algérie s’impose progressivement comme un acteur stratégique dans le futur marché de l’hydrogène vert d’après la plateforme spécialisée « Attaqa.net ». Dernier signe en date de cette orientation : sa participation au projet européen SoutH2, un corridor énergétique visant à relier le nord de l’Afrique à l’Europe par une infrastructure dédiée au transport de ce carburant propre.
Porté par quatre grands opérateurs européens et soutenu politiquement par l’Union européenne, le projet SoutH2 prévoit la création d’un corridor de plus de 3 300 kilomètres, destiné à transporter plus de 4 millions de tonnes d’hydrogène vert par an vers le Vieux Continent. Ce volume représenterait jusqu’à 40 % des besoins d’importation en hydrogène de l’Europe à l’horizon 2030, selon les projections. L’Algérie, avec ses vastes ressources solaires et son savoir-faire dans l’exportation d’énergie via ses gazoducs transméditerranéens, apparaît comme un partenaire incontournable pour alimenter ce corridor. Aux côtés de la Tunisie, elle a d’ailleurs participé au sommet ministériel tenu à Rome début 2025, qui a débouché sur la signature d’une déclaration commune de coopération politique autour de ce projet stratégique.
Ce rapprochement euro-africain s’inscrit dans la continuité de la stratégie énergétique européenne RePowerEU, qui vise à réduire la dépendance au gaz russe et à accélérer la décarbonation du continent. En parallèle du projet SEEHyC (South-East European Hydrogen Corridor), qui reliera les Balkans à l’Allemagne en 2029, le corridor Sud place le Maghreb, et en particulier l’Algérie, au centre de la nouvelle cartographie énergétique régionale. Si les détails techniques du segment algérien restent encore à préciser, les signaux sont clairs : le potentiel hydrogène de l’Algérie est aujourd’hui perçu comme un levier stratégique, aussi bien pour sa politique de diversification économique que pour la sécurité énergétique de l’Europe.
Par Mourad A.