Lutte contre les feux de forêt: D’importants moyens mobilisés par l’État
Face à la recrudescence des incendies estivaux qui menacent chaque année les forêts, les cultures et la sécurité des citoyens, l’Algérie a officiellement lancé, dimanche, son dispositif aérien de lutte contre les feux de forêts pour la saison 2025. La cérémonie de mise en service, présidée par le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Ibrahim Merad, s’est tenue au siège de l’unité aérienne de la Protection civile à Dar El Beïda (Alger).
Cette mobilisation marque le coup d’envoi d’un plan national de prévention et d’intervention de grande envergure, conçu pour éviter la répétition des drames survenus entre 2020 et 2022, lorsque le pays a payé un lourd tribut aux flammes. Le dispositif de cette année se distingue par une puissance opérationnelle renforcée. Il comprend 12 avions bombardiers d’eau de type AT-802, 6 hélicoptères multifonctions, 2 avions de reconnaissance et plusieurs appareils de grande capacité de l’Armée nationale populaire (ANP), tous placés en état d’alerte permanente. Ces moyens aériens sont stratégiquement répartis entre les aéroports d’Alger, Mostaganem, Béjaïa et Annaba, avec une capacité d’intervention modulable selon l’évolution des risques sur le terrain. Parmi les nouveautés majeures : l’intégration de drones de surveillance permet désormais une détection précoce des départs de feu, réduisant ainsi les délais d’intervention. En 2024, 746 largages d’eau avaient été réalisés grâce à ces moyens, contribuant significativement à la maîtrise de nombreux incendies. Pour 2025, l’objectif est clair : réduire drastiquement la surface forestière brûlée et protéger les zones agricoles vitales.
Au sol, plus de 20 000 agents de la Protection civile sont mobilisés, appuyés par 65 colonnes mobiles et 500 unités opérationnelles réparties sur l’ensemble du territoire national. Des détachements régionaux, ainsi qu’une flotte terrestre dotée d’engins spécialisés pour les interventions en milieu forestier, viennent compléter ce dispositif. La formation constitue un axe prioritaire : des accords de coopération ont été signés avec des pays étrangers, afin de renforcer la formation des pilotes anti-incendie et des équipes d’appui. L’Algérie vise ainsi une plus grande autonomie technique, avec pour ambition de ne plus dépendre de la location d’avions étrangers.
Sous l’impulsion du président Abdelmadjid Tebboune, cette stratégie repose sur trois piliers : prévention, coordination et anticipation. Elle s’appuie sur une collaboration étroite entre la Direction générale de la Protection civile, les collectivités locales, les forces de sécurité (Police, Gendarmerie) et l’ANP. Lors de la cérémonie, le ministre Ibrahim Merad a souligné :« Ce dispositif est le fruit d’une volonté politique forte. Il ne s’agit pas seulement d’éteindre les flammes, mais d’instaurer une culture de prévention et de vigilance qui doit irriguer toute la société algérienne. Chaque citoyen est un acteur clé dans cette lutte. La protection de notre patrimoine forestier est un impératif national ».Le ministre a également insisté sur l’importance du travail en réseau :« La coordination entre les wilayas, les différents corps de sécurité et les autorités locales est essentielle. C’est cette synergie qui nous permettra de répondre avec efficacité et rapidité aux menaces d’incendies ».Si l’État déploie des moyens sans précédent, l’efficacité de ce dispositif repose aussi sur la responsabilité citoyenne. Le ministre a appelé à une vigilance renforcée, au signalement rapide des départs de feu, au respect des consignes de sécurité et à la mobilisation communautaire, notamment via les associations locales.
Karim Ben Fahsi, chargé de communication à la Direction générale de la Protection civile, a rappelé lors d’un passage à la télévision algérienne :« La lutte contre les incendies est un combat collectif. La population doit comprendre que sa vigilance et sa coopération sont aussi importantes que la réactivité des services de secours. Nous encourageons la participation active de chacun, car c’est ensemble que nous pourrons protéger notre environnement et nos vies ».Cette lutte s’inscrit dans un plan estival global, qui comprend également la prévention des noyades, la sécurisation des centres d’examen scolaires et la réduction des accidents de la route. L’été 2025 est ainsi placé sous le signe de la sécurité intégrée, mobilisant les forces de l’ordre, la Protection civile et les services sanitaires.
En filigrane, l’Algérie réaffirme sa volonté de développer une souveraineté nationale en matière de gestion des catastrophes naturelles. La professionnalisation des brigades aériennes, la spécialisation des techniciens et le renforcement des infrastructures logistiques en sont les principaux leviers. Le ministre Merad a conclu :« Nous ne voulons plus dépendre de l’étranger pour assurer notre sécurité face aux incendies. La formation de nos pilotes, l’amélioration de nos moyens technologiques et la modernisation de nos infrastructures sont les clés d’une lutte efficace et durable. L’Algérie est prête à faire face à cet enjeu crucial ».
Par Mourad A.