Matières premières: L’or et le nickel perdent pied, le café flambe
L’or a subi des pertes marquées sur la semaine, pénalisé par la hausse du dollar et le réajustement du marché à une politique monétaire de la Fed peut-être moins adoucie que prévu. L’once d’or, qui s’échangeait pour 1.958,53 dollars vers 13H45 GMT (15H45 à Paris), avait atteint la veille 1.960,07 dollars, un plus bas depuis début avril. Sept jours plus tôt en fin d’échanges, elle coûtait encore 2.010,77 dollars. Cette semaine, «l’or est repassé sous le cap symbolique important de 2.000 dollars en raison de l’optimisme du marché quant à un accord sur le plafond de la dette américaine», explique à l’AFP Han Tan, analyste chez Exinity. La valeur refuge a souffert de propos encourageants au fil des jours, le chef des républicains à la Chambre des représentants Kevin McCarthy évoquant notamment une «percée» dans ces négociations jeudi soir. L’or, valeur refuge, avait profité début mai du risque d’un défaut de paiement américain, qui semble donc s’estomper.
Mais après des indicateurs sur l’économie américaine qui ont surpris par leur vigueur, les investisseurs jugent aussi que la Réserve fédérale américaine pourrait encore relever ses taux cette année, ou commencer à les baisser plus tard qu’ils ne le prévoyaient pour l’instant. «Les chances d’une hausse des taux en juin sont faibles, mais elles sont remontées sur la semaine», commente Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com. Des taux plus élevés font grimper le dollar et font donc baisser le pouvoir d’achat des investisseurs qui utilisent d’autres devises.
Le nickel fond
Les cours du nickel fléchissaient sur la semaine sur le London metal Exchange (LME), la lenteur de la reprise chinoise et la baisse de la demande d’acier inoxydable, plombant le métal. Jeudi, le métal a touché un plus bas depuis début septembre, à 20.895 dollars la tonne. «Les métaux de base ont subi des pressions après que les données économiques chinoises se sont une fois de plus révélées plus faibles que prévu», explique Thu Lan Nguyen, de Commerzbank. La reprise économique de la Chine, qui influe fortement sur la demande de métaux de base dont le pays est un grand consommateur, reste en effet saccadée. Une série d’indicateurs économiques moins bons qu’attendu pour avril, comme la consommation des ménages ou la production industrielle, ont freiné les espoirs d’une reprise économique forte et constante du pays depuis la levée en décembre des restrictions strictes contre le Covid-19. En plus de la tendance baissière globale des métaux industriels, le nickel connaissait également un «creux en raison de la faible demande du secteur de l’acier inoxydable, ce dernier dépassant les niveaux de novembre 2020» marqués par une très faible demande, note Daria Efanova, de Sucden Financial. Sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s’échangeait à 21.500 dollars vendredi, contre 22.217 dollars le vendredi précédent à la clôture.
Le café brûle
Les prix du café ont flambé sur la semaine, le robusta à Londres atteignant même un nouveau record de prix de plus d’une décennie, en raison d’un approvisionnement serré conjugué à une forte demande et des achats spéculatifs des investisseurs. Le café robusta a culminé vendredi à Londres à 2.607 dollars la tonne, un prix plus vu depuis juin 2011. «Les approvisionnements de robusta sont encore serrés sur le marché en raison de la forte demande», poussant les cours vers le haut, explique Jack Scoville, de Price Group. Pour l’analyste, le prix du café à Londres grimpait également en raison «d’achats spéculatifs» des investisseurs. Le marché du robusta est en effet particulièrement tendu, de nombreux pays producteurs comme le Vietnam ou la Colombie indiquant qu’ils sont à court de café, ajoute-t-il. «La récolte brésilienne de robusta bat son plein et promet d’aider à soulager les approvisionnements restreints sur ce marché», ce qui devrait ainsi soulager les cours sur le plus long terme, poursuit Jack Scoville. Sur l’ICE Futures US de New York, la livre d’arabica pour livraison en mai valait 188,75 cents, contre 182,85 cents sept jours auparavant. Sur le Liffe de Londres, la tonne de robusta pour livraison en mai valait 2.588 dollars vendredi contre 2.432 dollars il y a une semaine à la clôture.