Numérisation, irrigation et régularisation foncière: Les principales recommandations des Assises
Une nouvelle feuille de route est désormais tracée pour booster le secteur agricole. Des résultats encourageants ont été enregistrés jusqu’à présent, mais qui sont loin des potentialités existantes. D’ailleurs, même le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a affirmé à l’ouverture des travaux des Assises nationales de l’Agriculture, que « nous pouvons faire mieux».
Donc, il suffit de prendre les mesures nécessaires pour mettre la machine agricole sur rail. C’est dans ce cadre que les participants aux Assises de l’agriculture, placées sous le thème : «Agriculture: pour une sécurité alimentaire durable», clôturées mardi soir, ont recommandé la numérisation du secteur, le développement de l’irrigation et la régularisation foncière.
Ainsi, la généralisation des efforts de numérisation dans le secteur agricole garantira une meilleure gestion des données, la modernisation des moyens de production et le développement des filières stratégiques.
Les participants ont également souligné la nécessité de renforcer les ressources humaines en matière de formation, de recherche et d’orientation, et d’encadrer les jeunes porteurs de projets, en coordination avec le ministère de l’Economie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises.
Ils ont en outre préconisé l’intensification de la production de semences tout en préservant les ressources génétiques nationales, à travers l’achèvement de la réalisation de la Banque nationale des ressources génétiques le deuxième semestre de 2023, après la création, l’année dernière, de la Banque nationale des semences.
L’accent a également été mis sur l’importance d’intensifier la création de «grandes exploitations intégrées» pour la production de céréales et de fourrage et l’élevage de vaches laitières, et d’encourager les investissements nationaux et étrangers dans ce cadre.
Concernant le foncier agricole, les participants ont insisté sur le principe de «la terre à ceux qui la cultivent», appelant à améliorer le climat des transactions foncières, conformément aux dispositions de la loi 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les modalités d’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat, et son décret exécutif, notamment s’agissant de la cession du droit de concession et de la sortie de l’indivision.
S’agissant du dossier d’extension des périmètres irrigués, les participants ont recommandé de créer une instance nationale spécialisée dans l’irrigation agricole chargée de la gestion et de l’exploitation rationnelle des ressources en eau destinées à l’irrigation.
Ils ont également appelé à mettre en place un nouveau système d’appui aux projets relatifs à l’utilisation des énergies renouvelables dans les opérations d’irrigation, notamment dans les régions du Sud, ainsi qu’un plan d’urgence pour l’exploitation de barrages et de retenues collinaires au niveau des périmètres agricoles, en vue de faire face aux changements climatiques et aux périodes de sécheresse.
Quant à la valorisation des produits agricoles et la résorption de l’excèdent de production, il a été proposé la création de cartographies pour déterminer les filières agricoles spécialisées dans l’industrie de transformation, en fonction des zones et pôles agricoles spécialisés dans chaque produit et la création d’un établissement répondant aux standards internationaux spécialisé dans le conditionnement, la commercialisation et l’exportation des produits agricoles.
Il a été également préconisé d’œuvrer à la promotion des produits agricoles pour être aux normes internationales et leur attribuer le label Qualité dans le cadre de l’encouragement de l’exportation. Ces recommandations, rappelle-t-on, sont issues des travaux de quatre ateliers qui ont duré plusieurs mois, auxquels ont pris part plus de 440 experts et professionnels représentant 15 secteurs, ayant porté sur «les moyens et les facteurs de production», «la promotion des filières stratégiques», «l’organisation et l’accompagnement» et «l’économie forestière et le barrage vert».
Un agenda de 12 mois pour les mettre en œuvre
Le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane a instruit le ministère de l’Agriculture d’élaborer un agenda qui ne dépassera pas 12 mois, pour la mise en application des recommandations issues des Assises nationales de l’agriculture, en coordination avec les secteurs des Ressources en eau, de la Pêche, du Commerce et de l’Industrie.
«Cet agenda sera examiné lors de la réunion du gouvernement et sera soumis au conseil des ministres, pour que les recommandations soient réellement mises en œuvre dans l’objectif de restaurer la confiance de l’agriculteur en les institutions de l’État, notamment le ministère de l’Agriculture», a déclaré Benabderrahmane. Et d’assurer : « Le gouvernement ne ménagera aucun effort pour les traduire concrètement sur le terrain et aussi assurer un suivi et une évaluation périodiques à travers un système spécial d’évaluation. L’UNPA (Union nationale des paysans algériens (UNPA) sera informée de la mise en œuvre de ces recommandations».
S’agissant du financement des projets agricoles, le Premier ministre a ordonné toutes les banques publiques et même privées pour le financement de tous les projets d’investissement dans le secteur agricole.
Il a aussi mis l’accent sur le fait que l’Etat a fourni des efforts considérables ces trois dernières années pour hisser à des niveaux supérieurs autant la compétitivité que le rendement du secteur de l’agriculture. «Des mesures courageuses ont été prises en dépit de la pandémie du Coronavirus, le manque de pluviométrie et les bouleversements géopolitiques.
Il a rappelé que le gouvernement a classé la promotion du secteur agricole et sa modernisation parmi ses priorités majeures dans l’objectif d’assurer la sécurité alimentaire. Parmi les mesures prises, le Premier ministre a cité le recensement des exploitations agricoles et de la production céréalière, le foncier agricole, le cheptel national et la production laitière. «Une enveloppe de 30 milliards de dinars a été dégagée pour la production céréalière en 2021 et ce montant est passé à 60 milliards DA en 2022. Plus de 500 milliards de dinars sont accordés au secteur de l’agriculture pour l’importation des céréales. Pourquoi ne pas orienter cet argent au profit des agriculteurs nationaux? s’est-il interrogé. Et de poursuivre : «Il est inconcevable que le taux de rendement de la production céréalière stagne autour de 20q / ha. Il faut déployer plus d’efforts pour promouvoir cette filière et nous vous assurons de l’accompagnement», a-t-il insisté en s’adressant aux agriculteurs.
Par Sirine R.