Production d’Ammoniac: L’Algérie et l’Égypte dominent le marché africain
Le secteur de la production d’ammoniac en Afrique est en pleine mutation, porté par un changement de paradigme qui pourrait transformer l’industrie. Selon la plateforme spécialisée « Attaqa.net », les principaux producteurs du continent sont l’Égypte, l’Algérie et le Nigéria, qui représentent environ 90 % de la production d’ammoniac en Afrique. Cette région produit actuellement environ 11 millions de tonnes d’ammoniac par an, ainsi que 7 millions de tonnes d’engrais azotés, et s’impose déjà comme un acteur majeur dans le domaine des fertilisants.
Cependant, une tendance nouvelle se dessine, marquée par l’essor de l’ammoniac « vert ». Ce dernier fait appel à l’hydrogène vert, produit à partir de sources d’énergie renouvelable, plutôt qu’au gaz naturel, traditionnellement utilisé pour fabriquer l’ammoniac. Cette transition vise à répondre aux défis liés à la volatilité des prix du gaz et à l’impératif de réduire les émissions de carbone. Dans cette dynamique, les projections sont ambitieuses. D’ici 2035, la production d’ammoniac en Afrique pourrait atteindre 19 millions de tonnes, dont 7 millions de tonnes d’ammoniac vert, une augmentation spectaculaire par rapport aux 10 000 tonnes actuelles. Cette évolution devrait permettre aux pays africains de réduire leur dépendance aux importations d’ammoniac et d’augmenter leur capacité d’exportation, notamment vers l’Europe, où la demande d’ammoniac en tant que carburant pour la décarbonation est en forte croissance.
À plus long terme, d’ici 2050, la production d’ammoniac en Afrique pourrait atteindre 40 millions de tonnes, avec un rôle prépondérant de l’hydrogène vert dans ce processus. Ce scénario optimiste repose sur des investissements massifs, en particulier dans des projets à grande échelle, comme ceux initiés en Égypte, où certaines entreprises se sont déjà engagées à remplacer le gaz par de l’hydrogène pour produire de l’ammoniac. Cette transition vers des méthodes de production plus écologiques présente des défis, notamment en termes de financement, puisque la mise en place des infrastructures nécessaires exige des investissements considérables. Toutefois, l’Afrique dispose d’un potentiel considérable pour devenir un leader mondial de la production d’ammoniac et de fertilisants, tout en contribuant à la lutte contre le changement climatique.
En parallèle, des initiatives sont également lancées dans d’autres pays comme le Maroc, la Namibie et le Kenya, où l’on prévoit également de réduire la dépendance aux importations d’ammoniac en investissant dans des projets de production à partir d’énergies renouvelables. Le Maroc, bien qu’étant un acteur majeur dans l’exportation d’engrais, est actuellement le troisième plus grand importateur d’ammoniac au monde, ce qui témoigne de la dépendance persistante à l’égard des importations pour la fabrication d’engrais.
Ainsi, la production d’ammoniac en Afrique se trouve à un tournant crucial, avec un avenir prometteur dicté par l’innovation technologique et la transition énergétique. Si les bonnes conditions sont réunies, l’Afrique pourrait non seulement sécuriser son approvisionnement en ammoniac, mais aussi devenir un acteur incontournable sur le marché mondial des fertilisants et de l’hydrogène vert.
Par M. A.