17/05/2024
ACTUINTERNATIONAL

Rapport de la FAO: 783 millions de personnes touchées par la faim en 2022

La faim dans le monde, mesurée par la prévalence de la sous-alimentation, est demeurée relativement stable entre 2021 et 2022, mais se maintient à un niveau bien supérieur à celui enregistré avant la pandémie de Covid-19.

Elle touchait quelque 9,2 % de la population mondiale en 2022, contre 7,9% en 2019. On estime qu’entre 691 millions et 783 millions de personnes dans le monde ont souffert de la faim en 2022. Si l’on prend la moyenne (735 millions environ), cela représente près de 122 millions de personnes de plus qu’en 2019, avant la pandémie mondiale.

Entre 2021 et 2022, des progrès ont été accomplis en Asie et en Amérique latine en matière de réduction de la faim, mais cette dernière continue d’augmenter en Asie de l’Ouest, dans les Caraïbes et dans toutes les sous-régions d’Afrique.

Les projections indiquent que près de 600 millions de personnes souffriront de sous-alimentation chronique en 2030. Dans un scénario sans pandémie ni guerre en Ukraine, ce chiffre serait inférieur de quelque 119 millions – et de 23 millions environ si seule la guerre en Ukraine n’avait pas eu lieu, ce qui souligne l’immense défi que représente la cible des ODD visant l’éradication de la faim, en particulier en Afrique.

La prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave à l’échelle mondiale (indicateur 2.1.2 des ODD) est demeurée stable pour la deuxième année consécutive, après avoir fortement augmenté entre 2019 et 2020. Quelque 2,4 milliards de personnes – 29,6 pour cent de la population mondiale – étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave en 2022, dont environ 900 millions (soit 11,3 pour cent de la population mondiale) dans le deuxième cas.

À l’échelle mondiale, l’insécurité alimentaire touche de manière disproportionnée les femmes et les personnes qui vivent en milieu rural. En 2022, l’insécurité alimentaire modérée ou grave concernait 33,3 pour cent des adultes en milieu rural, contre 28,8 pour cent dans les zones périurbaines et 26,0 pour cent dans les zones urbaines. L’écart entre les femmes et les hommes en matière d’insécurité alimentaire à l’échelle mondiale, qui s’était creusé dans le sillage de la pandémie, s’est réduit entre 2021 et 2022, passant de 3,8 points à 2,4 points. è En 2021, plus de 3,1 milliards de personnes dans le monde (soit 42 pour cent) n’avaient pas les moyens de s’alimenter sainement. Bien que cela représente une hausse globale de 134 millions par rapport à 2019, avant la pandémie, le nombre de personnes se trouvant dans cette situation a en réalité baissé de 52 millions entre 2020 et 2021.

On estime qu’en 2022, sur l’ensemble des enfants de moins de 5 ans à l’échelle mondiale, 148,1 millions (22,3 pour cent) présentaient un retard de croissance, 45 millions (6,8 pour cent) étaient émaciés et 37 millions (5,6 pour cent) étaient en surpoids. La prévalence du retard de croissance et de l’émaciation était plus élevée dans les zones rurales, tandis que celle de l’excès pondéral était légèrement supérieure en milieu urbain.

Des progrès constants ont été accomplis s’agissant de développer l’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de la vie et de réduire le retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans, mais le monde n’est pas en bonne voie pour atteindre les cibles fixées à l’horizon 2030. Le surpoids chez l’enfant et l’insuffisance pondérale à la naissance ont peu évolué, et la prévalence de l’émaciation est plus de deux fois supérieure à la cible établie pour 2030.

L’urbanisation croissante – d’ici à 2050, il est prévu que près de 7 personnes sur 10 vivent en ville – entraîne des changements dans les systèmes agroalimentaires sur l’ensemble du continuum rural-urbain. Ces changements engendrent des défis mais également des possibilités au regard de l’objectif qui consiste à permettre à chacun d’accéder à une alimentation saine et abordable.

Parmi les difficultés actuelles figurent la disponibilité accrue d’aliments moins chers, prêts à consommer, cuisinés à l’avance ou issus de la restauration rapide, dont la plupart, riches en graisses, en sucres et/ou en sel, ont une densité énergétique élevée et sont susceptibles de contribuer à la malnutrition; les disponibilités en fruits et en légumes qui ne sont pas suffisantes pour satisfaire les besoins journaliers de tous; l’exclusion des petits agriculteurs des chaînes de valeur structurées; et la perte de terres et de capital naturel sous l’effet de l’expansion urbaine. è Cependant, l’urbanisation s’accompagne également de possibilités, étant donné qu’elle donne naissance à des chaînes de valeur alimentaires plus longues, plus structurées et plus complexes qui permettent à des activités rémunératrices non agricoles de se développer, en particulier pour les femmes et les jeunes, et accroissent la diversité des aliments nutritifs.

L’accès des exploitants aux intrants et aux services agricoles s’améliore souvent à mesure que les zones urbaines s’étendent et se rapprochent ainsi des zones rurales.

Pour cerner les changements qui s’opèrent au sein des systèmes agroalimentaires dans leur ensemble (autrement dit, de la production d’aliments au comportement des consommateurs, en passant par la transformation, la distribution et les achats), il convient d’aborder la question sous l’angle du continuum rural-urbain, qui reflète la connectivité et les liens grandissants entre zones urbaines, périurbaines et rurales.

Déjà bien avancée en Asie et en Amérique latine, la mutation de la demande et de l’offre alimentaires tout le long du continuum rural-urbain s’accélère en Afrique, où le pourcentage de la population qui se trouve en situation d’insécurité alimentaire et n’a pas les moyens de s’alimenter sainement est parmi les plus élevés au monde. Dans cette région, la croissance exponentielle de l’emploi non agricole et l’essor considérable de marchés et de chaînes d’approvisionnement alimentaire interdépendants entraînent une évolution des régimes alimentaires le long du continuum rural-urbain.

Les nouveaux éléments recueillis dans 11 pays d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe remettent en question l’idée habituelle selon laquelle les achats de nourriture ne représentent qu’une petite partie de la consommation alimentaire des ménages ruraux sur ce continent. Certes, les achats d’aliments sont importants chez les ménages urbains de ces pays, mais ils sont aussi étonnamment élevés tout le long du continuum rural-urbain, même parmi les ménages ruraux qui vivent loin d’un centre urbain.

De nouvelles données battent également en brèche la vision traditionnelle d’une différence marquée entre zones urbaines et zones rurales en ce qui concerne les habitudes d’achat. Dans les 11 pays africains concernés, la consommation d’aliments transformés, y compris hautement transformés, est supérieure en milieu urbain, et elle ne diminue que progressivement à mesure que l’on se rapproche des zones périurbaines puis des zones rurales. En outre, la consommation de légumes, de fruits ainsi que de graisses et d’huiles par rapport à la consommation alimentaire totale est relativement uniforme le long du continuum rural-urbain.

Synthèse R E.

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