Mines: Un nouveau projet de loi présenté à l’APN
Face à la transformation accélérée de l’économie mondiale et à la montée en puissance de la demande en ressources stratégiques, l’Algérie engage une réforme profonde de son secteur minier. Le ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, Mohamed Arkab, a présenté ce samedi devant l’Assemblée populaire nationale un projet de loi novateur visant à redynamiser l’industrie minière nationale.

Ce texte, fruit de trois années de concertation et de réflexion, s’inscrit dans la stratégie globale du gouvernement visant à diversifier l’économie et à renforcer la souveraineté économique du pays. Pour le ministre, il est temps d’accorder au secteur minier la place qui lui revient. « Nous devons faire du secteur minier un véritable moteur de croissance et un levier de souveraineté économique, au même titre que l’énergie et l’agriculture », a-t-il déclaré devant les députés, appelant à un engagement fort de la représentation nationale.
Le constat de départ est clair : malgré des ressources géologiques abondantes et variées, l’Algérie peine encore à s’imposer comme un pôle minier régional. Le sous-sol algérien reste largement sous-exploré, freinant ainsi son potentiel de valorisation. Cette situation, selon le ministre, résulte notamment du manque d’investissements, de la complexité des procédures réglementaires et de la faible compétitivité du secteur au regard d’autres pays d’Afrique, d’Amérique latine ou d’Asie. Dans un contexte mondial marqué par la transition énergétique et la montée en flèche des besoins en métaux critiques comme le cuivre, le lithium ou les terres rares, Mohamed Arkab prévient : « La sécurité minérale est désormais aussi stratégique que la sécurité alimentaire ou énergétique ».
Pour inverser cette tendance, le projet de loi introduit des réformes majeures qui visent à améliorer le climat d’investissement. Il prévoit notamment la simplification des démarches administratives, l’ouverture de l’exploration aux opérateurs étrangers sans obligation immédiate de constituer une société de droit algérien, ainsi qu’une gouvernance modernisée, axée sur la transparence, la concurrence et l’efficacité. Sans renoncer à son rôle de garant stratégique, l’État prévoit de participer jusqu’à 20 % aux projets d’exploration menés dans des zones vierges, avec une possibilité d’implication illimitée dans les projets issus d’études publiques. « Nous voulons un partenariat gagnant-gagnant, qui attire le capital et le savoir-faire, tout en garantissant une juste part de valeur à l’État algérien », a affirmé le ministre, insistant sur la nécessité d’un équilibre entre attractivité pour les investisseurs et préservation des intérêts nationaux.
Le texte accorde également une importance particulière à l’intégration locale et à la durabilité. Il impose aux entreprises minières de privilégier les fournisseurs et prestataires algériens, de mettre en place des programmes de formation et de transfert de compétences, et de garantir l’approvisionnement du marché national avant toute exportation. Sur le plan environnemental, le projet exige une évaluation préalable rigoureuse, la réhabilitation obligatoire des sites exploités, et prévoit la création d’une police des mines pour assurer le respect des normes et infliger des sanctions en cas de manquements. « Nous ne cherchons pas uniquement à exploiter des gisements, mais à bâtir une industrie minière durable, intégrée et responsable », a précisé Mohamed Arkab.
Au-delà de la simple exploitation des ressources, c’est une vision globale du développement national que porte cette réforme. Le ministre en est convaincu : il s’agit de transformer les richesses enfouies dans le sous-sol algérien en richesses tangibles, génératrices d’emplois, de savoir-faire et de valeur ajoutée. « Ce projet de loi est une étape déterminante pour rendre au secteur minier sa place stratégique dans la construction d’une économie résiliente et diversifiée. Il appartient désormais à notre Parlement de lui donner la force légale qu’il mérite », a-t-il conclu, plaçant ainsi le débat au cœur des priorités nationales.
Par Mourad A.