Renouveau économique national: Le CREA appelle à la mobilisation de la diaspora
Dans la quête de diversification et de dynamisation de son économie, l’Algérie peut compter sur un acteur longtemps négligé, mais désormais placé au centre des réflexions : sa diaspora. Estimée à plusieurs millions d’individus à travers le monde, cette communauté d’Algériens établis à l’étranger recèle un potentiel économique considérable. Un potentiel que le Conseil de renouveau économique algérien (CREA) appelle aujourd’hui à mobiliser de manière concrète et structurée.
Parmi les voix qui portent cette ambition, celle d’Abderraouf Bouhbila, membre du CREA, se veut à la fois pragmatique et enthousiaste. « La diaspora algérienne est une richesse stratégique. Elle a les compétences, les réseaux et les ressources financières nécessaires pour accompagner le pays dans son renouveau économique », a-t-il affirmé, lors de son intervention sur les ondes de la « Chaîne I » de la radio nationale. Pour lui, l’Algérie ne peut ignorer plus longtemps cet atout, qui, selon ses estimations, serait en mesure d’investir entre 3 et 5 milliards de dollars par an, à condition de mettre en place un cadre attractif et sécurisé.Ce chiffre, loin d’être symbolique, représente un apport potentiel équivalent aux investissements étrangers directs enregistrés par certains pays émergents. Il témoigne de la confiance que peut inspirer l’économie nationale, à condition que les règles du jeu soient claires et adaptées à cette catégorie d’acteurs économiques souvent confrontés à des obstacles administratifs et juridiques dissuasifs.
Pour capter ces flux, Bouhbilaa plaidé pour une série de mesures concrètes. En tête de ses propositions figure la création d’un guichet unique dédié à la diaspora, véritable portail administratif centralisé qui permettrait de simplifier les démarches d’investissement, de création d’entreprise ou de rapatriement de capitaux. « Aujourd’hui, la complexité des procédures, l’opacité de certains dispositifs et la lenteur bureaucratique découragent de nombreux porteurs de projets. Il est impératif de changer cette donne », a-t-il insisté. Outre la simplification administrative, le CREA propose également la mise en place d’un cadre fiscal et juridique spécifique, assorti d’incitations douanières ciblées. L’idée est de rassurer les investisseurs de la diaspora, souvent soucieux de garanties sur la pérennité de leurs engagements, mais également de les encourager à développer des partenariats locaux à fort impact économique et social.
Au-delà des incitations techniques, Bouhbilaa insisté sur une dimension souvent oubliée : la confiance. « Le lien affectif entre la diaspora et le pays d’origine est fort. Mais ce lien, pour se transformer en engagement économique, a besoin d’un environnement sain, transparent et stable », a-t-il souligné. Une démarche de reconquête qui passe aussi par une communication mieux ciblée, des rencontres économiques dédiées et la valorisation des réussites d’Algériens de l’étranger ayant investi au pays.Dans cette optique, le CREA suggère l’organisation d’événements de mise en réseau, destinés à rapprocher les porteurs de projets de la diaspora des institutions, des banques et des entreprises nationales. Il s’agit de créer une passerelle efficace entre l’offre d’investissement de l’extérieur et les besoins internes du tissu productif algérien.
La numérisation figure également parmi les chantiers prioritaires identifiés par Bouhbila. Selon lui, elle représente « un levier incontournable pour simplifier l’accès à l’information, fluidifier les procédures et garantir une plus grande transparence ». Une modernisation administrative qui serait perçue comme un signal fort envoyé à cette diaspora souvent plus familière avec les standards internationaux qu’avec les lenteurs bureaucratiques locales.
En donnant à sa diaspora les moyens de contribuer pleinement au développement national, l’Algérie ne ferait pas que capter des flux financiers. Elle mobiliserait également un réseau mondial de compétences, d’innovations et d’expériences qui pourrait insuffler un nouveau souffle à des secteurs clés tels que la technologie, la santé, l’agriculture ou l’économie verte.« La diaspora algérienne ne demande qu’à s’engager. À nous de lui tendre la main avec des outils adaptés et une vision claire. Elle est un levier de croissance, un acteur du changement, et un pilier de notre renouveau économique », a-t-il conclu.
Par Mourad A.