Transition énergétique: La rationalisation de la consommation s’impose
La consommation d’énergie en Algérie a connu une augmentation significative ces dernières années, avec un taux de croissance moyen de 6 % par an. En 2022, 52 % de la production primaire énergétique était déjà absorbée par la demande interne, mettant ainsi sous pression les exportations de gaz naturel, une ressource essentielle pour l’économie nationale. Face à cette situation préoccupante, la rationalisation de la consommation énergétique est devenue une priorité absolue, a fait savoir Rabah Sellami, Directeur Hydrogène et Énergies alternatives au CEREFE.
Lors du Conseil des ministres présidé par le président Abdelmadjid Tebboune, ce dernier a insisté sur la nécessité d’une régulation renforcée de la consommation énergétique. Il a souligné l’importance d’une approche prospective, fondée sur des études approfondies, pour optimiser l’utilisation des ressources énergétiques du pays. Cette stratégie repose sur le développement de solutions innovantes et intégrées, visant à préserver l’énergie et à promouvoir son exploitation dans divers secteurs industriels, tout en encourageant les énergies nouvelles telles que l’hydrogène vert et l’énergie solaire. Dans son intervention sur les ondes de la « Chaîne III » de la radio nationale, Rabah Sellami a confirmé cette approche, en déclarant : « La rationalisation de la consommation énergétique est essentielle pour préserver nos ressources naturelles et assurer notre indépendance énergétique. Nous devons mettre en place des politiques rigoureuses et des solutions technologiques innovantes pour limiter le gaspillage».
Le président de la République a également demandé au gouvernement de développer une vision énergétique à court, moyen et long termes, appuyée par une démarche scientifique. L’objectif est de préserver le pouvoir d’achat des citoyens, notamment en matière de consommation d’énergie. Cette vision inclut des investissements accrus et une lutte contre le gaspillage sous toutes ses formes. Depuis le début des années 2000, la loi sur la maîtrise de l’énergie a permis l’introduction de mesures pour réduire la consommation des secteurs les plus énergivores, tels que le résidentiel (45 % de la consommation) et le transport (36 %). Parmi les solutions adoptées figurent l’éclairage à LED, les chauffe-eau solaires et l’utilisation d’appareils électroménagers plus performants. Rabah Sellami a ajouté : « Nous avons déjà mis en place plusieurs initiatives pour améliorer l’efficacité énergétique, notamment dans le secteur du bâtiment, avec l’isolation thermique et l’adoption de matériaux plus performants».
Pour soutenir cette transition énergétique, un groupe de travail multisectoriel a été constitué au sein du ministère de l’Énergie et des Mines. Ce groupe a pour mission d’élaborer un modèle énergétique national qui favorisera la diversification du mix énergétique et la transition énergétique du pays. En 2021, le gouvernement a fixé l’objectif ambitieux de déployer 15 000 MW d’énergies renouvelables d’ici 2035. Dans cette optique, des « gigaprojets » solaires de 3,2 GW ont été lancés en 2023, permettant d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique algérien à 13-14 %, contre seulement 1 % actuellement. Par ailleurs, l’intervenant a affirmé que l’hydrogène vert est désormais l’un des axes prioritaires du plan énergétique algérien. Le projet South H2 Corridor, qui implique la Tunisie, l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche, vise à transporter de l’hydrogène vert vers l’Europe. La demande européenne devrait atteindre 20 millions de tonnes d’hydrogène d’ici 2030, dont la moitié sera importée, offrant ainsi à l’Algérie une opportunité unique de se positionner en tant que fournisseur stratégique.
Par Mourad A.