UGTA: Appel à réinstaurer le dialogue social
Le dialogue social constitue un levier crucial pour engager l’ensemble des acteurs dans un travail collaboratif et une réflexion collective. Il est impératif de mettre en place des espaces dédiés à la discussion, à l’échange et à la confrontation d’idées. Ce sont ces interactions qui permettent de résoudre des problèmes, d’élaborer des solutions et de concevoir des projets, tout en réajustant les priorités économiques et sociales au quotidien.
Amar Takjout, Secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), a lancé un appel vibrant pour revitaliser le dialogue social en Algérie. Cet appel s’inscrit dans un contexte économique où les enjeux de l’amélioration du pouvoir d’achat et de la stimulation de l’économie nationale sont cruciaux, en phase avec les engagements du président Abdelmadjid Tebboune.
Dans ses déclarations à la radio nationale, Takjout a souligné que le dialogue social doit devenir une pratique quotidienne, considérant qu’il est essentiel pour surmonter les défis économiques et sociaux du pays. Il plaide pour une approche structurée où les institutions, les organisations patronales et les partis politiques collaborent de manière continue. Cette dynamique vise à créer des espaces d’échange fructueux pour une gestion collective des problématiques, favorisant ainsi une meilleure compréhension des enjeux économiques et sociaux.Takjout critique la passivité actuelle des syndicats, qu’il juge trop éloignés des débats politiques et économiques cruciaux. Il déplore l’absence d’impact des syndicats, qui étaient historiquement des acteurs majeurs dans la construction économique. Il insiste également sur le fait que l’université algérienne, en tant qu’institution clé pour le débat sur l’avenir du pays, devrait jouer un rôle plus actif dans les discussions politiques.
Pour remédier à cette situation, Takjout propose une révision complète de la vision syndicale en Algérie. Il suggère que les syndicats d’entreprise et les fédérations collaborent plus étroitement pour aborder les défis spécifiques à chaque secteur d’activité. Ce changement de mentalité est crucial pour dynamiser l’économie et éviter l’inflation résultant d’augmentations salariales non accompagnées par une création réelle de richesse. « La revalorisation du pouvoir d’achat doit impérativement s’accompagner de l’implication des travailleurs dans la création de richesse. Aujourd’hui, il est essentiel que les employeurs cessent de faire semblant et que les travailleurs arrêtent de faire semblant de travailler. Tout le monde doit se mettre sérieusement au travail pour générer de la richesse, ce qui, par voie de conséquence, améliorera le niveau de vie. Si l’une des deux parties faillit à ses engagements, elle ne progressera pas. En effet, augmenter les salaires sans créer de richesse ne ferait qu’accroître l’inflation, ce qui étoufferait le pouvoir d’achat », a-t-il expliqué.
Un des points centraux de son discours est la nécessité d’établir des conventions de branches, des accords essentiels pour structurer l’économie nationale. Takjout considère que ces conventions permettront de réguler le marché du travail de manière plus efficace et d’éviter les pratiques déloyales telles que le dumping économique. Malgré l’absence actuelle de fédérations patronales de branches, l’UGTA a déjà élaboré une cartographie des branches, démontrant la capacité des syndicats à proposer des solutions concrètes pour organiser l’économie. « Le syndicat doit engager des discussions avec les organisations patronales pour établir des confédérations patronales de branches, afin de parvenir aux conventions de branches nécessaires. Sans ces conventions, nous risquons de rencontrer des problèmes de dumping économique. En effet, sans conventions, il est probable que notre économie ne sera jamais correctement organisée, et sans fédérations patronales de branches, nous ne disposerons jamais d’une cartographie économique claire du pays. Cette cartographie ne pourra pas être réalisée uniquement par numérisation, mais nécessitera également une organisation efficace des branches », a-t-il indiqué.
Takjout appelle donc à un dialogue renforcé entre syndicats et patronat pour formaliser ces conventions et améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs. Il soutient que cette démarche, loin de se limiter à la numérisation, nécessite une organisation méticuleuse des branches économiques pour offrir une vision claire des besoins du pays et orienter efficacement la planification économique. L’appel du SG de l’UGTA marque une volonté de réformes profondes, visant à rétablir un dialogue social dynamique et structuré, à réorganiser le syndicalisme en Algérie, et à instaurer des conventions de branches pour une meilleure régulation économique. Cette approche proactive et intégrée est vue comme un levier essentiel pour répondre aux défis économiques actuels et futurs du pays.
Par Mourad A.