Un nouveau cadre pour financer l’innovation: Cap sur les fonds de placement collectif à capital risque
En lançant officiellement le cadre réglementaire dédié aux Fonds de placement collectif à capital risque (FPCCR), la Commission d’organisation et de surveillance des opérations de Bourse (COSOB) amorce un tournant structurant dans l’histoire du financement de l’économie algérienne. Cette initiative est saluée comme un levier de taille pour l’émergence des startups, la croissance des PME et le développement d’un marché financier plus dynamique, transparent et attractif.
Ce nouveau dispositif juridique, entré en vigueur en juin 2025, permet désormais la création de fonds de placement collectif à capital risque. Ces fonds, gérés par des sociétés d’investissement agréées, auront pour mission d’injecter des capitaux dans des entreprises à fort potentiel de croissance, en particulier des startups, PME et projets innovants avec un horizon de sortie de 5 à 10 ans. « Ce mécanisme est conçu pour répondre à un besoin crucial : celui du financement non bancaire des entreprises qui n’ont ni garanties ni historique financier », a souligné Youssef Bouznada, président de la COSOB à la télévision algérienne. Contrairement aux prêts bancaires classiques, ces fonds entrent directement dans le capital des sociétés financées, les accompagnent techniquement et stratégiquement, puis cèdent leurs parts une fois la maturité atteinte, souvent via la cotation en Bourse. Cette approche offre une double opportunité pour stimuler à la fois la croissance économique et l’activité boursière.
Le choix de ce modèle n’est pas fortuit. Le président de la COSOB rappelle que le capital-risque a représenté en 2024 près de 368 milliards de dinars, répartis sur 35 000 opérations de financement à travers le monde. « Ce sont des volumes colossaux qui montrent que cette forme de financement est devenue un pilier essentiel des économies modernes », a-t-il expliqué. Ce potentiel justifie pleinement son intégration dans le paysage financier algérien, d’autant plus que le tissu des startups est en plein essor, mais souffre encore d’un déficit d’accès au financement.
Pour garantir la confiance des investisseurs, la COSOB a mis en place un ensemble de mesures protectrices pour ces fonds. Parmi celles-ci figurent l’exigence d’un capital minimum pour chaque fonds de placement collectif en capital-risque (FPCCR), l’obligation de désigner un dépositaire et un évaluateur externe, un suivi rigoureux des ratios prudentiels, ainsi que la publication semestrielle et annuelle des états financiers. « L’objectif est de rassurer les épargnants comme les entreprises bénéficiaires. L’ensemble du système est contrôlé et piloté par la COSOB », a assuré Youssef Bouznada. Désormais, les investisseurs potentiels, qu’il s’agisse d’entreprises privées ou publiques, de banques ou de compagnies d’assurance, peuvent mobiliser leurs excédents de trésorerie au sein d’une structure régulée, avec l’espoir d’un rendement à moyen terme et d’un impact économique concret.

Ce nouveau cadre réglementaire n’est qu’une pièce d’un vaste puzzle de réformes initié par la COSOB depuis 2023. L’objectif est de moderniser en profondeur le marché financier algérien. Parmi les transformations déjà concrétisées, on compte la réforme du règlement général de la Bourse des valeurs mobilières, l’instauration d’un fonds de garantie pour les opérations boursières, la réglementation du financement participatif, l’établissement d’un nouveau dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent, et l’adoption du vote à distance pour les actionnaires des sociétés cotées. « L’objectif est de construire un marché financier crédible, fluide et aligné sur les standards internationaux. La transparence, la gouvernance et la diversité des outils de financement sont les piliers de cette stratégie », a affirmé son président.
Parallèlement, la COSOB a lancé une réforme du dispositif d’information financière applicable aux sociétés cotées. Désormais, les entreprises seront tenues de communiquer chaque trimestre un rapport synthétique d’activité, en plus des bilans semestriels et annuels. « L’information financière n’est pas un luxe, c’est un droit pour les investisseurs. Plus une entreprise est transparente, plus elle attire la confiance », a insisté Youssef Bouznada. Cette évolution vise à renforcer la culture boursière, attirer les investisseurs étrangers et crédibiliser davantage la place d’Alger, encore timide en termes de volume et de liquidité. À travers ces réformes, la COSOB entend ouvrir des voies de financement alternatives, renforcer la diversification économique voulue par les autorités et encourager l’entrepreneuriat. Le président de la République, a rappelé Youssef Bouznada, « accorde une importance capitale au développement des startups et de la micro-entreprise », considérées comme moteurs du renouvellement du tissu productif.
Par Mourad A.