Valorisation de la recherche, création de la richesse, innovation… L’université, locomotive de l’économie nationale
Depuis l’indépendance, l’université algérienne occupe un rôle central dans la formation et l’accompagnement des étudiants. Placée au cœur des priorités nationales par le président de la République, elle se veut aujourd’hui un levier stratégique du développement économique. La valorisation des résultats de la recherche s’accélère, à l’image de la conception de la première puce électronique algérienne réalisée par les chercheurs du Centre de développement des technologies avancées (CDTA). Cette avancée illustre une réorientation vers une recherche scientifique utile, créatrice de valeur ajoutée et de notoriété pour les établissements universitaires. Dès lors, une question s’impose : où en est l’université algérienne aujourd’hui, et quel rôle peut-elle jouer dans la transformation économique du pays ?
Depuis 1962, le nombre d’étudiants a été multiplié par 3 400, atteignant aujourd’hui près de 1 800 000. L’Algérie poursuit ainsi la démocratisation de son enseignement supérieur, avec l’ambition de former un citoyen éclairé, émancipé par le savoir. Miser sur la science, parier sur l’intelligence et investir dans la jeunesse sont les mots d’ordre qui résument l’intervention du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, sur les ondes de la « Chaîne III » de la radio nationale. Il y décrit une université en pleine mutation, désormais placée au cœur du projet de transformation économique national.« Le président de la République a placé l’université au cœur des préoccupations de l’Algérie », a-t-il rappelé, insistant sur une stratégie ambitieuse : faire de l’université un acteur économique à part entière, capable de produire de la richesse par la recherche, l’innovation et l’entrepreneuriat.
Le véritable tournant de cette dynamique réside dans l’orientation de la recherche vers des résultats concrets et exploitables. Selon le ministre, depuis deux ans, la recherche scientifique algérienne s’inscrit dans une logique de valorisation économique, avec un impact direct sur le quotidien du citoyen.« Nous avons lancé la première puce électronique algérienne, une puce de 1 mm² intégrant plus de 42 000 composants, conçue par nos chercheurs », a-t-il déclaré fièrement. Cette innovation, loin d’être isolée, marque l’émergence d’une recherche appliquée, génératrice de spin-off, de filières économiques et de transfert technologique. « L’objectif est clair : commercialiser ces produits de recherche et transformer les idées innovantes en produits industrialisables », a-t-il insisté.Pour accompagner cette vision, l’État a considérablement accru les moyens alloués à la recherche. Le budget y a été multiplié par 107 depuis 2020, permettant aux établissements d’avoir les ressources nécessaires pour concrétiser leurs ambitions, renforcer leur autonomie financière et développer des partenariats, notamment à travers la création d’entreprises universitaires.
Aujourd’hui, l’université algérienne ne se contente plus de transmettre le savoir : elle crée de la valeur et répond aux besoins du marché. « L’université doit jouer son rôle en tant que locomotive de l’économie nationale », a affirmé le ministre, qui mise sur des filières stratégiques telles que l’intelligence artificielle, la microélectronique, la programmation, ainsi que les sciences agricoles et médicales.Pour répondre aux évolutions du monde du travail, la carte des formations fait l’objet d’une révision continue afin de mieux s’aligner sur les priorités économiques nationales. L’une des initiatives les plus emblématiques est celle des « doctorats exceptionnels », ciblant des domaines cruciaux comme l’autosuffisance en céréales, la reproduction animale ou encore l’IA. « Ces formations visent des résultats concrets, rapidement transférables vers le marché. L’objectif est clair : faire de l’Algérie un pays émergent à l’horizon 2027 », a-t-il précisé. Conscient du potentiel de la communauté scientifique algérienne à l’étranger, le ministère renforce ses liens avec la diaspora. « Il existe une véritable forme de partenariat avec plusieurs membres de notre communauté à l’étranger », a souligné M. Baddari, citant notamment le professeur Karim Zaghib et le Conseil scientifique de l’intelligence artificielle, composé de chercheurs algériens établis à l’international.
Vers une université connectée au monde
Cette dynamique de modernisation touche également la pédagogie. L’université algérienne entame une transformation en profondeur avec la numérisation des outils d’apprentissage, l’introduction du « data mining » pour une orientation plus pertinente des bacheliers, et le renforcement de l’enseignement de l’anglais. « Plus de 59 000 enseignants ont déjà atteint un niveau B2 ou plus, ce qui permettra de renforcer l’enseignement en anglais dès la prochaine rentrée », a précisé le ministre.
Dans une logique d’ouverture, l’initiative « Study in Algeria » vise à attirer des étudiants étrangers, notamment dans les filières de pointe très demandées. Cette stratégie de rayonnement international s’accompagne d’une amélioration des conditions de vie étudiante : numérisation des services, reconnaissance du statut d’étudiant sportif, et développement d’activités culturelles et pédagogiques.« Le sport universitaire, le théâtre, la culture… tout cela contribue à former un bon citoyen, un étudiant entrepreneur, fidèle à son université et attaché à son pays »,a-t-il affirmé.
L’université algérienne se positionne désormais comme un moteur central de la prospérité nationale. « L’université a atteint tous les objectifs fixés lors du premier mandat du président de la République. Aujourd’hui, elle est appelée à jouer un rôle crucial pour faire de l’Algérie un pays émergent à l’horizon 2027 », a conclu le ministre, affirmant ainsi l’ambition d’un enseignement supérieur tourné vers l’avenir, l’innovation et l’excellence.
Par Mourad A.