Vingt ans de présence norvégienne en Algérie: Quel bilan industriel et économique ?
Depuis plus de deux décennies, la Norvège s’est solidement implantée en Algérie à travers des partenariats industriels, maritimes et énergétiques. Cette présence, qui s’est affirmée au fil du temps, traduit une volonté d’inscrire la coopération algéro-norvégienne dans la durée et d’en élargir le champ, au moment où les deux pays partagent une place stratégique dans le marché mondial du gaz.

L’un des exemples les plus emblématiques est celui du groupe Jotun, leader mondial de la peinture, qui possède une usine en Algérie depuis plus de 20 ans. L’entreprise produit pour le marché local, mais nourrit également des ambitions à l’export. « Nous avons des gros groupes mondiaux avec des sièges sociaux en Norvège, comme Jotun, qui investissent pleinement en Algérie », a souligné Mme Therese Løken Gheziel, ambassadeur de la Norvège en Algérie et en Tunisie lors de son passage dans l’émission « One 2 One » de la chaîne télé One TV.
Le secteur maritime constitue un autre pilier de cette coopération. L’armateur Wilhelmsen, acteur incontournable du transport et des services maritimes, est présent dans tous les ports algériens, offrant des solutions logistiques aux navires accostant sur les côtes du pays. « Il y a entre l’Algérie et la Norvège une histoire et une identité maritime commune, et Wilhelmsen en est un acteur essentiel », a ajouté l’ambassadrice.
Mais c’est sans doute dans le domaine de l’énergie que les relations sont les plus structurantes. Le partenariat entre Sonatrach et Equinor (anciennement Statoil), dont 67 % du capital est détenu par l’État norvégien, illustre cette coopération. Présente en Algérie depuis de longues années, la compagnie Equinor s’est engagée non seulement dans le pétrole et le gaz, mais aussi dans les énergies renouvelables. Un accord important a également été signé en 2024 à Oran entre Sonatrach et ICA Finance pour développer des projets énergétiques respectueux de l’environnement et réduire les émissions de gaz à effet de serre. « Nous sommes deux pays signataires de l’Accord de Paris, et nous avons pris des engagements pour limiter la détérioration du climat. Cette transition verte est importante pour des producteurs et exportateurs de gaz comme l’Algérie et la Norvège », a rappelé Mme Løken Gheziel. Les deux pays figurent parmi les principaux fournisseurs de gaz naturel de l’Europe. « La Norvège et l’Algérie sont numéro un et deux exportateurs de gaz naturel vers le continent européen. Cela nous impose des responsabilités, notamment celle de fournir un produit le plus propre possible », a insisté l’ambassadrice. Elle a d’ailleurs salué « le véritable engagement des autorités algériennes et des opérateurs locaux à respecter les nouvelles exigences environnementales des importateurs ».
Si 80 à 90 % de la production norvégienne est destinée aux pays de l’Union européenne et à la Grande-Bretagne, l’Algérie, par sa proximité géographique et son rôle stratégique, attire de plus en plus d’investisseurs norvégiens. Les opportunités s’élargissent au-delà du pétrole et du gaz, notamment dans le maritime, l’industrie et les services liés à la transition énergétique. La présence norvégienne en Algérie s’inscrit dans un contexte plus vaste de rapprochement entre l’Afrique et les pays nordiques. Après la 20e réunion des ministres des Affaires étrangères africains et nordiques tenue à Alger en 2023, puis la rencontre de Copenhague en 2024 consacrée au commerce, les perspectives de coopération sont appelées à se renforcer. La Norvège soutient également la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), un projet jugé essentiel pour stimuler les échanges intra-africains.
Après vingt ans de présence, le bilan de la Norvège en Algérie est largement positif. Des usines tournent, des ports sont modernisés, des projets énergétiques voient le jour. Mais des défis persistent : diversification des investissements, amélioration du climat des affaires et adaptation aux exigences de la transition énergétique. « L’Algérie est un marché juste à côté de l’Europe, intéressant pour beaucoup d’acteurs économiques norvégiens », a conclu Mme Løken Gheziel, confiante dans l’avenir de ce partenariat.
Par Mourad A.