18/09/2025
CHRONIQUECHRONIQUE/EDITO

Chronique Eco; Le Ramadan et les subventions : une alliance contre nature.

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Le Ramadan s’installe avec ses comportements dépensiers et ses gaspillages héroïques. La consommation s’emballe et les spéculateurs s’ingénient à tirer le maximum de profit d’in mois béni. Les Imams parlent peu de ces comportements irrationnels et illicites et préfèrent discourir sur les pratiques cultuels et les règles de la pratique religieuse ; pourtant l’Islam considère que la religion est d’abord des comportements, des relations et des attitudes de modération dans tous les actes quotidiens, y compris dans la consommation. 

Revenons à notre sujet : la relation entre le ramadan et les subventions. Dans une économie de marché, les prix sont le facteur principal de discipline du consommateur. Les prix sont le résultat de la rencontre entre une demande et une offre d’un bien ou d’un service. Si les prix sont fixés hors de cette relation, les comportements du consommateur deviennent irrationnels. Surtout si ces prix sont inférieurs à leurs coûts de production. Dans ces cas, le consommateur aura tendance à surconsommer, à stocker et même à gaspiller. La demande s’emballe et l’offre doit suivre si l’on veut maintenir un certain équilibre sur le marché. Sinon c’est le commerce informel qui vient assurer la régulation et ainsi absorber l’excédent de la demande par une offre spéculative dont les prix vont imposer la discipline du consommateur. Dans une économie semi administrée, avec deux systèmes de prix, l’un libre et l’autre fixé, les relations sont très complexes. Un troisième système, celui des prix parallèles, s’introduit pour équilibrer les deux premiers. L’Etat intervient par deux instruments, l’un administratif par la fixation des prix de manière autoritaire, l’autre dit de régulation par l’importation de grandes quantités pour augmenter l’offre et ainsi réguler les prix sur le marché. Les deux instruments sont très coûteux pour le budget public. Nous nous retrouvons ainsi avec plusieurs marchés pour un même produit : marché libre, marché subventionné mais régulé et marché totalement administré : c’est le cas du lait, des viandes, des huiles, de la semoule, de la farine, du pain……et même parfois des légumes secs, lorsqu’un opérateur public est chargé de vendre aux détaillants de produits importés.  Le consommateur jongle entre ces trois marchés pour optimiser ses achats monétaires, mais pas ses consommations réelles. Comment, dans un tel contexte pluri formes et pluri acteurs, peut jouer la concurrence, facteur clé de l’efficacité d’une économie de marché ; il ne peut y avoir que des positions rentières ici et là, des surprofits et des pénuries récurrentes. Le trésor est déplumé, le consommateur, tantôt gagnant, tantôt perdant, en fonction de sa position au moment de l’achat : il achète le matin le sachet de lait à 25 DA (50% de son coût de production), il achète à midi la viande à 1200 DA (s’il est présent au bon endroit) sinon il la paie à 2500 DA chez son boucher du quartier et il finit sa journée en achetant des pâtisseries à prix fort, pourtant fabriqués avec des intrants subventionnés (sucre, farine ou semoule, huile…). Dans l’ensemble de ce système, les subventions sont transformées en surprofits et la recherche d’une justice sociale par les subventions produit de nouvelles injustices. La subvention profite à tout le monde, mais il y a ceux qui profitent plus que les autres (carburants, énergie de manière générale) et il y a ceux qui tirent des bénéfices monétaires par leur génie en passant d’un marché à un autre et d’un statut à un autre. Dans ce système, seul le Trésor peut compter les sous qu’il a mis dans les subventions, les autres ne tiennent pas de comptabilité et plus encore ne paient pas les impôts sur les surprofits réalisés grâce à ces vases communicant : prix fixés, prix libres et transformations des premiers en prix surélevés. Encore une fois, le Trésor ne reçoit pas de contrepartie en terme d’impôts, souvent le formel et l’informel se confondent, ils ont d’ailleurs les mêmes objectifs et surtout les mêmes intérêts.

Dans un tel système de prix et de marchés, il n’est point attendu ni une efficacité économique, ni une innovation, ni encore moins une compétitivité. La sortie de ce système pour une rationalisation de la dépense publique et des comportements, ne peut se faire que par l’unification des marchés. Les subventions ne doivent pas créer des distorsions sur le marché. Elles devraient être données en monnaie à ceux qui sont dans le besoin et à eux et à eux seuls de gérer leur budget monétaire face à un marché réel. 

ANOUAR EL ANDALOUSSI

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